La Chine prête à booster sa croissance, mais pas à n'importe quel prix

Confronté à un ralentissement plus important que prévu de son activité économique, le gouvernement de la République Populaire va lancer des mesures de soutien à l'économie. Mais ce programme sera plus modeste qu'en 2008 car Pékin, tirant les enseignements des investissements passés, veut être plus sélectif sur l'allocation de ses ressources.
Le secteur sidérurgique va bénéficier d'aides de l'Etat, comme cette aciérie de Hefei, dans la province de Anhui, dans l'est de la Chine / Copyright AFP

La Chine, contrairement aux Etats-Unis et à une partie de l?Europe aiguillonnée par le nouveau président français François Hollande, entend se montrer plus sélective quant à l?ampleur de son plan de soutien à sa croissance économique. "La Commission de la réforme et du développement (NDRC, l'agence de planification chinoise) a démenti s?apprêter à lancer la version 2.0 du plan de relance de 4.000 milliards de yuans" (quelque 500 milliards d'euros) mis en oeuvre après la crise financière de 2008 », indique un message posté mardi sur deux microblogs de l'agence officielle chinoise Chine nouvelle (Xinhua).

Une croissance de 8,4% attendue cette année

Le recours à cette communication inhabituelle traduirait le débat en cours au sein du pouvoir sur les mesures à prendre pour relancer une économie qui a manifesté plusieurs signes de ralentissement ces derniers temps, sous l?effet de la politique monétaire restrictive menée depuis 2011 conjuguée au recul des achats des clients internationaux, au premier rang desquels ceux de l?Union européenne.

Mais l?affichage au premier trimestre d?une croissance moindre que prévu, à + 8,1% tout de même, soit la plus faible progression sur trois mois depuis 2009, fait craindre que le pilotage de Pékin soit moins maîtrisé que prévu. Après + 9,2% en 2011, la croissance devrait être de 8,4% selon les analystes.

Soutien à la consommation des ménages

C?est la raison pour laquelle nombre d?investisseurs avaient interprété les propos tenus par le Premier ministre, Wen Jiabao, la semaine dernière, sur la nécessité de prendre des mesures de soutien à l?activité, comme la préparation d?une action similaire à celle prise dans la foulée de la crise financière de 2008. La Chine, à l?époque fragilisée, avait réalisé combien elle était étroitement dépendante des exportations et de ses investissements publics qui alimentaient le moteur à deux chiffes de sa croissance.

Les informations qui filtrent depuis mardi dans la presse officielle sont donc venues préciser les propos de Wen Jiabao. Celui-ci avait plaidé pour faciliter les prêts aux grands projets d?infrastructures, baisser les coûts de financement, réduire les impôts et assouplir les conditions de crédit pour les petites et moyennes entreprises. Il avait également ajouté que les pouvoirs publics adopteraient des programmes de soutien à la consommation des ménages sous la forme d?achats subventionnés d?appareils électroménagers et d?achats de petits modèles d?automobile.
 

Les ventes d'automobiles ont baissé de 1,3% au cours des quatre premiers mois de 2012

"Les paysans qui mettent à la casse un triporteur pour acheter un véhicule commercial léger ou une voiture de tourisme de moins de 1,3 litre de cylindrée pourront bénéficier d'une subvention gouvernementale" de 10% du prix d'achat si ce dernier est inférieur à 50.000 yuans (6.300 euros)", détaillait en début de semaine la presse chinoise. Indicateur phare de la consommation, les ventes d?automobiles ont baissé de 1,3% au cours des quatre premiers mois de 2012, par rapport à celle réalisées durant la même période de 2011.

« Le gouvernement a fait pression pour lancer de grands projets dans les secteurs des chemins de fer, de la conservation de l'énergie et de la protection de l'environnement, des infrastructures ainsi que des établissements scolaires et de santé dans les régions rurales et occidentales du pays, et a encouragé les capitaux privés à entrer dans ces secteurs », indique l?agence Chine nouvelle.

100 projets approuvés en un jour

Pour la seule journée du 21 mai, l'agence de planification, la NRDC, avait approuvé plus de 100 projets, selon le Quotidien du Peuple. Et le 25, la NDRC donnait son feu vert à 3 projets dans la sidérurgie, dont deux complexes géants sur la côte sud du pays, à Fangchenggang et à Zhanjiang, pour respectivement 64 milliards et 70 milliards de yuans (8,1 milliards et 8,8 mds d'euros).

Les marges de man?uvres s?avèrent en effet plus étroites que par le passé. « Nous ne pensons pas que les autorités pourront compenser le ralentissement des exportations par une accélération de la croissance de la demande domestique  avec un endettement total de 230% du PIB.  Le gouvernement est très conscient des pressions s?exerçant sur le système financier du fait de la hausse de l?endettement de 30 points de pourcentage depuis 2008. », assure Maarten-Jan Bakkum , stratégiste chez ING Investment Managment.

Bonne allocation du capital

De fait, le gouvernement chinois est en train d?apprendre la nouvelle grammaire de l?efficience de l?allocation du capital. Par le passé, trop d?argent ont été investis dans des projets qui se sont révélés peu rentables, voire déifcitaires. Pékin veut se montrer désormais plus sélectif, en orientant notamment ses investissements dans les secteurs de pointe, les énergies renouvelables et l?éducation dans un contexte international incertain, notamment en raison de la crise de la dette européenne. En cela, la Chine ne dit pas autre chose que ce que l?on entend des deux côtés de l?Atlantique ces dernières semaines.

Commentaires 3
à écrit le 31/05/2012 à 1:07
Signaler
ilq ont une croissance saine importante. À ce stade leur dette ne pose aucun problème ceci d'autant que l'inflation est importante

à écrit le 30/05/2012 à 23:56
Signaler
"...avec un endettement total de 230% du PIB." Je ne comprends pas, cela signifie que la chine est endetté à 230% de leur PIB? Je pense que quelque chose m'échappe parce que cela est littéralement énorme. Quelqu'un peut il m'éclairer sur le sujet? ...

le 31/05/2012 à 12:40
Signaler
Je pense qu'ils parlent de l'endettement privé, entreprises et ménages confondus.La dette publique est très faible en Asie d'une manière générale, entre 20 et 40%, comme en Russie d'ailleurs.Seul le Japon fait exception avec plus de 200% du PIB. La f...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.