Le premier ministre algérien accuse la mafia de chercher à contrôler l'économie du pays

Le premier ministre algérien Ahmed Ouyahia reconnaît l'influence de la mafia de l'argent dans l'économie algérienne. Sans les nommer, il accuse les importateurs d'être à l'origine des échecs économiques du pays, ce qui annonce un durcissement des conditions d'importation.
Ahmed Ouyahia, premier ministre algérien. Copyright AFP

L?Algérie est gouvernée en partie par la mafia. Le premier ministre Ahmed Ouyahia vient de reconnaitre en effet que son gouvernement avait échoué « devant les puissances de l?argent ». « L?argent commande en Algérie. Il commence à gouverner et à devenir mafieux », a dit Ahmed Ouyahia samedi dernier au cours d?une conférence de presse à Alger, accusant des cercles mafieux de chercher à contrôler l?économie nationale. Le premier ministre, qui est aux commandes du gouvernement depuis 2008, a fait un autre aveu : « l?échec est collectif », en parlant de la politique économique du pays. Sans les nommer, Ahmed Ouyahia vise les importateurs privés qui inondent le marché local en différents produits, ne payent pas d?impôts et transfèrent illégalement des devises. Mais aussi les tenants du marché de la distribution de gros qui échappent totalement au contrôle de l?Etat.

Reculades gouvernementales


En 2011, des émeutes meurtrières avaient endeuillé le pays, après une hausse soudaine et spectaculaire des prix du sucre et de l?huile.
Cette hausse avait été décidée par les grossistes en représailles à une décision du gouvernement visant à imposer le chèque dans les transactions commerciales de plus de 5000 euros. Cette obligation avait été ensuite annulée et reportée sine-die par le président Abdelaziz Bouteflika, officiellement pour calmer le front social. Cette reculade illustre la puissance des tenants de l?économie informelle qui représente plus de 40% de l?activité économique du pays, selon les chiffres du patronat. La majorité des importateurs et des grossistes achètent et vendent sans factures et refusent ainsi de payer les taxes à l?Etat. « En Algérie, les importateurs vendent sans factures aux grossistes qui de leur côté refusent d?établir des factures aux détaillants. Toutes les transactions se font en cash. Le chèque est banni dans ce milieu. Les autres moyens de payement électroniques sont inexistants », explique un responsable des finances dans une entreprise de production de produits alimentaires.

Corruption généralisée


Rien n?est difficile pour les nouveaux milliardaires algériens qui ont fait fortune grâce à la redistribution d?une partie de la rente pétrolière qui s?est traduite par une hausse de la facture des importations de biens et services. Grâce à l'argent qu?ils gagnent dans l?importation, ils peuvent corrompre les agents de la douane, ceux des impôts et de hauts responsables de l?Etat. Les autorités les accusent d?être influents jusqu?à bloquer des investissements stratégiques dans la production de médicaments et de voitures. Pour Ahmed Ouyahia, les importateurs et l?informel représentent une grande menace pour l?économie algérienne. « A l?allure où nous allons, vous disparaîtrez », avait-il lancé lors d?une réunion avec le Forum des chefs d?entreprises (FCE) le 9 avril dernier. Les patrons algériens se plaignent souvent de la concurrence des produits importés et l?étendue inquiétante de l?économie informelle. L?Algérie, qui ne produit presque rien, importe l?essentiel de ses besoins de l?étranger, grâce à la rente pétrolière.
 

Commentaires 13
à écrit le 24/12/2012 à 3:13
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RECUL OU AVANCE EN ARRIÈRE? Il n?y a pas que le marché de la devise qui est informel en Algérie, non, tout est informel et tout le monde dit que c?est normal. Le mot ??nooormal?? est devenu le pain quotidien des algériens. Tout est normal bien qu...

à écrit le 24/12/2012 à 3:11
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RECUL OU AVANCE EN ARRIÈRE? Il n?y a pas que le marché de la devise qui est informel en Algérie, non, tout est informel et tout le monde dit que c?est normal. Le mot ??nooormal?? est devenu le pain quotidien des algériens. Tout est normal bien qu...

à écrit le 13/07/2012 à 8:00
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Sonelgaz éclaboussée par les scandales Les scandales liés à la corruption se suivent et se ressemblent. La Société nationale de production et de distribution de l?électricité et du gaz, Sonelgaz, probablement la plus importante compagnie publique du...

à écrit le 18/06/2012 à 16:40
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si le chef du gouvernement se plaind des importateurs d'etre le mal du pays pourquoi alors on leur avait accordé l'agrément la question est posée en profondeur et il n'y a pas que ça

à écrit le 16/06/2012 à 16:31
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Par Mokdad Sifi Réagissant à des déclarations faites aux médias par des responsables du ministère du Commerce selon lesquelles on devrait voir à l'avenir l'installation du Conseil de la concurrence, M. Mokdad Sifi remet les pendules à l'heure. L'ex-c...

à écrit le 05/06/2012 à 12:13
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Je crois que le Premier Ministre ne dit pas tout, car il y a gros à parier que les "mafieux" dont il parle font partie de cette camarilla qui a mis le pays en coupe régléee, et a littéralement "pompé" ses richesses à son profit exclusifdepuis son acc...

le 17/10/2012 à 12:27
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quand il parle de corruption il est le premier a utilise la corruption

à écrit le 05/06/2012 à 10:57
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corruption publique et comportements inciviques vont souvent de pair... L'Algérie doit faire le ménage dans ses fonctionnaires et représentants publics!

le 05/06/2012 à 15:15
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il n'est pas crédible dans le rôle de M.Propre. l'algérie a besoin de nouveaux dirigeants pour se réinventer. impossible avec ces apparatchiks octogénaires.

le 23/01/2013 à 19:46
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C'est un détail qui a son importance, mais M.Ahmed Ouyahia n'est plus premier ministre... Il a été remplacé en début d'année par M. Abdelmalek Sellal. Le journaliste semble également l'ignorer

à écrit le 05/06/2012 à 10:15
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Très bonne annalyse... les milieux d'affaires ainsi qu le peuple algérien sont prêt à entrer pleinement dans cette mondialisation, à condition que l'Etat algérien soit un appuie et non une contrainte. La jeunesse algérienne est au minimum bilingue vo...

à écrit le 05/06/2012 à 0:14
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Allons donc ! serais ce la guerre des gangs entre le gouvernement et la mafia ?

à écrit le 04/06/2012 à 18:59
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Ce réquisitoire est inquiétant, d'autant qu'il ne propose pas de solutions ... Toutefois et aussi complexe que soit la situation, les conflits d'intérêts se pose cette question cruciale : qu'attend donc ce grand pays, tête de pont entre l'occident et...

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