L'Ukraine n'a pas encore son ticket pour l'Europe

Le coup d'envoi de l'Euro-2012 est terni par le maintien en prison de la principale opposante et l'isolation diplomatique croissante. Les Ukrainiens s'interrogent sur les retombées d'une compétition qui plombe le budget national.
Une vue de Kiev Copyright AFP

Les projecteurs sont braqués sur l'Ukraine au moment où les relations diplomatiques entre l'ancienne république soviétique et Bruxelles sont au plus bas. Le gouvernement a dépensé plus de 13 milliards de dollars pour construire et rénover des infrastructures routières, aéroportuaires, ferroviaires, hôtelières et des stades. Beaucoup de ces équipements, comme le terminal D de l'aéroport de Kiev ou le stade de Kiev, ont été achevés dans l'urgence et au dernier moment. Ils passeront l'épreuve du feu avant d'avoir été véritablement testés. Ces efforts cachent mal les graves maux (corruption, népotisme, bureaucratie) dont souffre le pays. Transparency International classe ce pays de 46 millions d'habitants à la 152ème place mondial et estime que 60% des dépenses de l'Etat disparaissent dans les poches de fonctionnaires véreux, soit trois fois plus qu'il y a huit ans.

Régression démocratique

La démocratie régresse tout aussi rapidement. L'administration de Viktor Ianoukovitch a jeté en prison la principale opposante du pays, Ioulia Timochenko, provoquant la colère des Européens et des Russes. Les Européens en raison des liens tissés avec l'Ouest lorsque Timochenko était premier ministre, les Russes parce que le motif de son arrestation a été la signature d'un accord gazier avec Vladimir Poutine. Ce dernier a pris l'affaire comme un affront personnel venant d'un homme qu'il avait pourtant soutenu à bout de bras pendant la révolution orange de 2005.

Une fraude électorale massive avait alors permis à Viktor Ianoukovitch de se faire élire président (seule Moscou avait reconnu la validité du scrutin)... avant que des manifestations massives forcent Kiev à organiser de nouvelles élections, qui avaient portées le camp « pro-occidental » de Ioulia Timochenko au pouvoir. Les capitales européennes ont toutes condamnées l'emprisonnement de l'opposante. François Hollande a d'ores et déjà fait ordonné à l'ensemble de son gouvernement de boycotter l'Euro-2012. Angela Merkel hésite encore, tandis que la presse britannique (The Guardian) appelle David Cameron à ne pas mettre les pieds en Ukraine tant que Timochenko est incarcérée. En revanche, le président de l'UE Hermann Van Rompuy et Vladimir Poutine on rejeté les appels au boycott.

Carotte économique européenne

Bruxelles continue d'agiter une carotte économique en conditionnant l'adoption d'un vaste accord commercial entre l'Union Européenne et l'Ukraine à la libération de Ioulia Timochenko. Le premier ministre ukrainien Mykola Azarov a rétorqué le 28 mai dernier que si Timochenko admet sa culpabilité, son gouvernement cherchera un moyen de sortir de la situation actuelle. Le ministre de l'économie Petro Porochenko a expliqué mercredi être « à 100% certain qu'il n'y aura pas d'accord [avec l'UE] avant les élections » parlementaires d'octobre prochain, car il existe un « consensus en Europe pour exiger des élections libres et honnêtes ».

Choix stratégique de l'Europe

De son côté, Viktor Ianoukovitch réitère à chaque occasion le choix stratégique d'intégration dans l'Union Européenne. Il laisse aussi ouverte la possibilité de se rapprocher de l'union douanière Russie Belarus Kazakhstan, comme pour signaler qu'un rejet par Bruxelles aura pour effet le retour de l'Ukraine dans le giron du Kremlin. Ce que les Européens veulent à tout prix éviter. Le ministre de l'énergie ukrainien Iouri Boïko a relancé le 31 mai dernier l'idée d'un consortium tripartite (Ukraine - Russie - UE) pour gérer le réseau de gazoduc ukrainien, qui transporte plus de 70% du gaz russe consommé en Europe.

Mais Moscou veut complètement autre chose : prendre entièrement le contrôle des gazoducs de son voisin. Vladimir Poutine guette en embuscade : si Kiev refuse de rejoindre son union douanière ou de céder ces gazoducs, l'augmentation des prix du gaz pourrait mettre à genoux l'industrie ukrainienne et créer une vague de mécontentement populaire. Avec pour conséquence une écrasante défaite du parti de Viktor Ianoukovitch en octobre. Il ne reste plus beaucoup de cartes entre les mains du président. Et son équipe nationale ne figure pas parmi les favorites.

Retrouvez notre article sur la Pologne

Commentaires 4
à écrit le 10/06/2012 à 11:49
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Bonjour, Il est clair qu?il y a un déficit démocratique en Ukraine (ce mot en bien faible).il en est de même pour la justice car le procès fantoche de Ioulia Timochenko, nous rappelle l?aire du soviet. Dommage que l?Europe soit si faible et soumis ...

à écrit le 10/06/2012 à 9:23
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"Les capitales européennes ont toutes condamnées ..." Des fautes de grammaire inadmissibles dans un journal qui se veut sérieux. Il faut ré-apprendre les conjugaisons ...

à écrit le 10/06/2012 à 7:28
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Parce que l'union européenne est une démocratie alors qu'elle est dirigée par un commissariat dont aucun des membres n'est élu ? De qui se moque-t-on ?

à écrit le 09/06/2012 à 21:36
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La démocratie régresse en Ukraine? C'est vrai, mais je n'y vois aucune contradiction avec l'application des thèses économique ultra libérales de Bruxelles, vues qu'elles ne souffrent aucun débat?...

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