Poutine contente les investisseurs avec des promesses

Au Forum économique international de Saint-Pétersbourg, le président russe assure que les étrangers auront accès aux privatisations et qu'il reste le seul garant de la stabilité économique et politique.
Le président Vladimir Poutine lors de son discours tenu jeudi au Forum économique de Saint-Pétersbourg /Copyright AFP

Avec 40 minutes de retard sur l'horaire prévu, Vladimir Poutine s'est adressé jeudi à un parterre d'hommes d'affaires et d'officiels russes et étrangers pour tenter de restaurer la confiance dans l'économie de son pays. Un discours très attendu par la communauté d'affaires inquiète des effets de la crise sur une économie accrochée au prix du pétrole.

Ton conciliant

Ouvrant le principal débat du Forum économique international de Saint-Pétersbourg - le « Davos russe » - le président russe a d'abord adopté un ton conciliant, assurant que le programme de privatisations suit son cours, qu'il n'y aura pas de « formation de monopoles privés ». Et surtout, il a invité les grands investisseurs étrangers à y participer, notant au passage que si la Russie était ouverte aux investissements étrangers « y compris dans les secteurs stratégiques », il n'en était pas de même pour les investissements russes à l'étranger, qui ne se voient pas toujours traités sur un pied d'égalité.

Décrivant les problèmes économiques de l'eurozone, il a observé qu'en « parallèle des déficits financiers et budgétaires, nous observons malheureusement un déficit d'actions décisives ». Il a souligné que la Russie maintient une proportion constante d'euros dans la corbeille de réserves de la banque centrale et ne prend aucune décision qui puisse faire empirer la situation en Europe. « La Russie soutient ses partenaires européens » assure-t-il, notant que son pays est l'un des trois membres du G20 sans déficit budgétaire.

Création d'un poste de "médiateur"

La seule décision concrète annoncée par le président a été la création d'un poste de « médiateur » entre le gouvernement et les entrepreneurs. Boris Titov, jusqu'ici président d'un syndicat d'hommes d'affaires, endossera un rôle régulièrement « recréé » par le Kremlin pour faire l'interface avec une communauté d'affaires frustrée par la difficulté à entrer en contact avec les hauts fonctionnaires.

La vague de manifestations qui secoue la vie politique russe depuis décembre dernier a forcé Vladimir Poutine à aborder le sujet de l'opposition. « L'Etat se doit d'aller au devant de la société et doit être ouvert au dialogue », a affirmé le président. « C'est la condition de la confiance réciproque et du développement stable ». Le dialogue se limite en fait à des interrogatoires quasi quotidiens menés par la police, qui procède en outre à des descentes aux domiciles des principaux opposants.

Vers un "Modèle national de démocratie"

Poutine, qui ne prononce jamais leurs noms en public (ce en quoi il est imité par la télévision d'Etat), a aussi énoncé une nouvelle formule, dite du « Modèle national de démocratie » pour résumer le futur développement de la vie politique russe. « Le pouvoir doit protéger les intérêts de la majorité, tout en protégeant de manière raisonnable les minorités ». Les habitants de Saint-Pétersbourg ont pu vérifier dans les faits : le fonctionnement de l'aéroport Pulkovo a été paralysé pendant plusieurs heures à cause de l'arrivée de l'avion présidentiel.

300 Mercedes noires et neuves venant de Moscou transportant l'élite politique et économique ont bloqué la circulation dans tout le centre-ville, provoquant le mécontentement général dans les rues. Dans leur ensemble, les investisseurs étrangers en Russie s'accordent cependant à dire qu'ils craignent davantage les effets de la crise que la vague de mécontentement. Personne ne croit à un changement imminent de la structure politique actuelle.

Gel de l'augmentation des taxes pour les cinq prochaines années

Le discours que les investisseurs avaient envie d'entendre est traditionnellement venu du ministre des Finances. Anton Silouanov a annoncé jeudi matin la constitution de « règles budgétaires » limitant les dépenses en fonction du prix du pétrole, ainsi qu'un gel de l'augmentation des taxes pour les cinq prochaines années. Durant sa campagne présidentielle, Vladimir Poutine avait effrayé les investisseurs en promettant des dépenses sociales et militaires pharaoniques.

Des projections réalisées par Sberbank et Citibank ont montré que ces dépenses provoqueront un déficit budgétaire considérable à moins que baril se maintienne au-dessus de 130, voire 150 dollars selon les calculs. Or le baril de Brent est tombé à 90,7 dollars jeudi. Un dollar en moins sur le prix du baril de pétrole équivaut à 1,4 milliard d'euros de recettes en moins pour le budget russe.

Commentaires 4
à écrit le 22/06/2012 à 10:12
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Mettez-vous à la place de Mr Poutine ! Croyez-vous qu'après avoir entendu et lu toutes les âneries qui ont été sorties par nos minables politiciens et médias à son encontre (allant même jusqu'à souhaiter sa mort: Mc Cain sénateur US), qu'il va nous f...

à écrit le 21/06/2012 à 19:41
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Poutine prend une dimension de partenaire fiable, la Russie en a besoin.

le 21/06/2012 à 22:09
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@Coros: je crois que la Russie, qui a pris plusieurs fois la porte de l'Europe dans la tronche, se tourne plutôt vers la Chine pour son commerce.

le 22/06/2012 à 7:41
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La Russie se tourne en effet vers la Chine et l'Inde, surtout avec son nouveau grand marché unique (Russie, Kazakhstan, Bielorussie)

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