L'Allemagne s'oppose à l'achat d'obligations souveraines par la BCE

L'Allemagne s'oppose à des achats d'obligations souveraines à grande échelle par la banque centrale européenne (BCE). Le président de la BCE, Mario Draghi, se tient prêt "à faire ce qu'il faudra pour préserver l'euro".
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Le ministre de l'Economie allemand, Philipp Rössler, s'est déclaré opposé à des achats d'obligations souveraines à grande échelle par la Banque centrale européenne (BCE) alors que les intervenants s'attendent justement à ce que la BCE intervienne sur des titres de dette italiens et espagnols. Philipp Rössler, également vice-Chancelier allemand et leader des libéraux du FDP, membres de la coalition au pouvoir, souligne dans un entretien publié samedi par le "Neue Osnabrücker Zeitung" que la BCE doit rester indépendante. "Préserver la stabilité des prix doit rester le rôle principal de la BCE, pas le financement de la dette des Etats. Acheter des obligations souveraines ne peut être une solution permanente", dit-il. "Nous ne pourrons établir une confiance renouvelée dans la zone euro que si la rigueur budgétaire est strictement maintenue et si les réformes structurelles sont mises en oeuvre."

Philipp Rössler s'exprime ainsi quelque jours après que le président de la BCE, Mario Draghi, a marqué les esprits, en déclarant jeudi que la BCE est "prête à faire tout ce qu'il faudra pour préserver l'euro". La BCE se réunira jeudi et les dernières déclarations de Mario Draghi nourrissent les anticipations de mesures décisives pour enrayer la contagion de la crise de la dette dans la zone euro. Alors que la semaine dernière avait été mal engagée, les Bourses mondiales l'ont terminée sur une note euphorique dans l'espoir d'une action de la BCE. En outre, certains pensent que la Réserve fédérale américaine s'engagera de son côté dans un nouveau cycle d'achats obligations sur le marché pour soutenir l'activité et le crédit après des données montrant un ralentissement de la croissance aux Etats-Unis.

Faire baisser les rendements

Cela fait des semaines, voire des mois que la BCE a mis en sommeil son "programme pour le marché de titres", dans le cadre duquel elle a acheté 211,5 milliards d'euros d'obligations souveraines depuis mai 2011 dans le but d'en faire baisser les rendements. Mais, selon certains analystes, au vu de la fébrilité des intervenants sur le marché, la BCE pourrait être contrainte de mettre en place de nouvelles mesures pour que les coûts de financement supportés par l'Etat baissent de manière durable. Après avoir atteint en début de semaine dernière, un record de 7,78 % - ce qui avait conduit bon nombre d'investisseurs à anticiper une demande d'aide internationale imminente - le rendement des obligations espagnoles à 10 ans est revenu vendredi 6,77 % dans la foulée des déclarations de Mario Draghi.

La Grèce, l'Irlande et le Portugal avaient dû se tourner vers une aide internationale après que le rendement de leurs emprunts d'Etat est resté durablement au-dessus de la barre de 7 %. Par comparaison, le rendement des Bunds à 10 allemands, référence du marché, était de 1,398 % à la clôture de vendredi. La BCE envisage d'acheter des obligations d'Etat espagnoles à des institutions financières et à d'autres investisseurs afin de stimuler la demande pour la dette souveraine émise par Madrid et réduire ainsi son coût, rapporte samedi le quotidien allemand "Süddeutsche Zeitung". Le ministre des Finances allemand, Wolfgang Schaüble, déclare de son côté que l'Espagne n'est nullement sur le point de demander une aide internationale, estimant qu'il ne faut pas céder tout de suite à la panique lorsque les coûts de financement s'envolent.

Espagne : une aide de 300 milliards d'euros ?

Un responsable européen a dit vendredi à Reuters que l'Espagne avait admis qu'elle pourrait avoir besoin d'une aide de 300 milliards d'euros si ses coûts de financement restaient à un niveau insoutenable. "Les besoins de financement à court terme de l'Espagne ne sont pas tellement importants. Il est douloureux de devoir supporter des aux d'intérêt élevés, cela crée beaucoup d'incertitude, mais s'il faut payer quelques points de pourcentage supplémentaires pendant l'une ou l'autre adjudication, ce n'est pas la fin du monde", estime Wolfgang Schäuble.

Prié de dire, dans un entretien publié par "Welt am Sonntag", s'il était vrai que l'Espagne allait bientôt demander une aide au fonds d'urgence européen, il a répondu : "Non, il n'y a aucun fondement à ces spéculations". "L'Espagne recevra 100 milliards d'euros pour recapitaliser ses banques. Sur cette somme, 30 milliards provenant du Fonds européen de stabilité financière (FESF) sont immédiatement disponibles", poursuit Wolfgang Schäuble, en référence au plan d'aide européen arrêté fin juin pour les banques espagnoles.

Commentaires 17
à écrit le 02/08/2012 à 11:03
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la voix de Rösler - vice chancelier allemand - c´est non seulement la voix de tous les responsables politiques allemands mais aussi celle du peuple. Il n´y aura ni Eurobonds ni licence de bancaire pour l´ ESM ni mutualisation de la dette po...

à écrit le 30/07/2012 à 0:01
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S'il continue sur cette voix, Hollande fera monter les enchères jusqu'à ce qu'une Europe totalement centralisée soit mise en place, les dettes socialisées et l'ensemble sous la domination des banquiers centraux dont aujourd'hui la majorité sont des e...

à écrit le 29/07/2012 à 22:05
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@Bastien. l'UMP? la gauche est au pouvoir depuis 2 mois donc tout ce qui va se passer n'est pas la faute de la droite. Vous répétez sans réfléchir tout ce que disent Monsieur Hollande et son gouvernement. Correction: elle frappera tous ceux qui ont v...

le 29/07/2012 à 22:25
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Parce que la crise de la dette grecque et de l'euro remontent à deux mois ? Vous êtes rafraichissant.

à écrit le 29/07/2012 à 21:58
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Ne rêvez pas d'Eurobonds ou similaire, les statuts de la BCE l'interdisent, et les Allemands ne cèderont pas. Il n'y a qu'une solution : à chacun sa dette, et son remboursement. C'est vrai pour tous les pays Picfigs, chacun doit s'y préparer pour évi...

le 29/07/2012 à 23:29
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On ne peut pas rembourser un surendettement sans croissance...surtout quand la croissance se fait à Crédit, comme en Europe par exemple. Il y aura donc défaut.

le 30/07/2012 à 7:19
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Si on peut rembourser sans croissance, en vendant tous les biens.

le 30/07/2012 à 22:25
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avec une bonne dose d'inflation...dans ce cas on s'fait presque tous plumer

à écrit le 29/07/2012 à 20:52
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J'aimerais bien savoir vers quoi on nous mène exactement ; ils ont toujours fini par donner le fric demandé , alors d'où sort-il ??? pourquoi nous disent-ils que les caisses sont vides quand ils donnent encore et encore de l'argent pour les autres ...

le 29/07/2012 à 21:25
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Un acquis financé par l'argent d'autrui n'est jamais acquis pour très longtemps. Immanquablement vient le jour où l'argent des autres finit par manquer.

le 30/07/2012 à 5:29
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@ DES QUESTIONS ET PAS DES REPONSE : d'où l'argent sort-il ?? mais de la planche à billet : c'est de l'argent créé à partir d'une photocopieuse, donc de la fausse monnaie puisqu'elle n'est basée sur rien de tangible !! l'argent est, soit basé sur l'...

le 02/08/2012 à 10:27
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Raisonnement 100 % exact !! Mais la majorité en particulier les fonctionnaires certes utiles (en partie) mais improductifs ne veulent ps le comprendre.

à écrit le 29/07/2012 à 20:35
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Il semblerait que les allemands soient à peu près les seuls a comprendre ce qui se passe... C'est vrai qu'ils ont en mémoire (historique) les effets d'une crise financière! Ce qui se passe actuellement est un hold up inimaginable de nombreux pays par...

à écrit le 29/07/2012 à 19:25
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Quand je lis que la France va vendre son or pour payer la dette grecque, je me dis que les français ont vraiment le président qu'ils méritent. Ils auront également la souffrance qui va avec ; malheureusement, elle frappera aussi ceux qui n'ont pas vo...

le 29/07/2012 à 21:37
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On peut espérer qu'ils n'iront pas jusque là : les élus auront trop peur de recevoir du plomb. Parce que là, sinon, ils y courrent.

le 29/07/2012 à 22:16
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Recevoir du plomb ... à la fronde alors

le 29/07/2012 à 23:06
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M'enfin on a deja vendu une grosse partie de notre or ... quand l'or ne valait rien comparé à maintenant et qu'on en avait pas besoin ... Et c'était notre bonne vieille droite qui avait organisé cette fabuleuse affaire ...

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