Kiev prend un crédit chinois pour se libérer de la tutelle russe

La Chine marque des points chez l'ancien vassal de Moscou, en apportant son aide financière et ses technologies. En échange, Pékin espère sécuriser davantage de denrées alimentaires venant du « grenier de l'URSS » pour sa population croissante.
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Embourbé dans ses dettes envers Gazprom et le Fonds Monétaire International, Kiev cède aux sirènes chinoises. De passage hier dans la capitale ukrainienne, le vice président de China Development Bank Li Jiping s?est entendu avec le premier ministre ukrainien Mykola Azarov pour lui verser un crédit de 3,66 milliards de dollars. Mykola Azarov a indiqué que l?objectif de l?emprunt était d?obtenir des technologies permettant à son pays de réduire les importations de gaz russe qui pèsent de manière croissante sur le budget national. Les technologies doivent permettre à l?Ukraine de remplacer le gaz utilisé pour produire de l?électricité par du charbon. Lequel, mélangé avec de l?eau, sera converti en « gaz synthétique » utilisé pour produire de l?électricité.

Trois milliards de dollars supplémentaires prévus

L?intensification des transferts technologiques sera le principal thème de la visite du président ukrainien Viktor Ianoukovitch à Pékin en novembre prochain. Le prêt accordé porte d?ores et déjà sur la construction de trois usines de « gazéification du charbon ». Il y a deux ans, Pékin avait déjà signé un mémorandum d?accord pour un investissement d'un milliard de dollars dans la modernisation de sept mines de charbon ukrainiennes. En outre, la banque chinoise Eximbank s?apprête à prêter jusqu?à trois milliards de dollars, sur 15 ans à un taux annuel de 6%, pour moderniser l?agriculture ukrainienne avec des équipements et des pesticides chinois et exporter davantage de denrées alimentaires ukrainiennes vers la Chine.

Kiev de plus en plus loin de Moscou

Le rapprochement avec Pékin démontre que l?Ukraine ne table pas sur un rapprochement prochain avec son ancien suzerain. « La substitution du gaz importé onéreux par du gaz produit en Ulraine a une portée stratégique pour nous » a souligné le premier ministre. Kiev est ulcéré d?avoir à payer son gaz russe au tarif de 425 dollars les mille m3 (un prix analogue, voire supérieur, à celui payé par l?Allemange). L?Ukraine a déjà brutalement réduit le volume de ses importations, passant de 40 à 27 millions de m3 en l?espace d?un an.

L'arrestation de Timochenko est liée au gaz russe

La question du gaz russe est à ce point épineuse en Ukraine qu?elle a servit de prétexte aux autorités pour jeter en prison Ioulia Timochenko, principale leader de l?opposition, il y a un an exactement. L?accord signé en 2009 par cette dernière avec Vladimir Poutine (tous deux étaient alors premier ministres de leurs pays respectifs) est considéré par la justice ukrainienne comme un abus de pouvoir. Cette incarcération a ulcéré à la fois l?Europe (comme atteinte aux principes démocratiques) et la Russie, car Vladimir Poutine interprète le geste comme un affront personnel.

Le problème épineux de la dette ukrainienne

L?Ukraine peine à rembourser sa dette extérieure, alors que Gazprom faut pression pour obtenir une part de 50% dans son réseau de gazoduc, considéré par Kiev comme stratégique. Le FMI est très mécontent du refus répété de Mykola Azarov de réduire les déficits publics via l?augmentation des tarifs du gaz pour la population. Avec des élections parlementaires délicates prévues pour octobre, le gouvernement ukrainien se trouve, une fois de plus, dos au mur.

Commentaires 4
à écrit le 13/08/2012 à 22:28
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De Charybde en Scylla, ainsi va l'Ukraine!

à écrit le 11/08/2012 à 15:47
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Etes vous sur qu'elle soit en prison que pour ça? Vous avez du oublier un épisode de la série des "Tribulations incroyables de Iulia aux tresses d'or"

à écrit le 11/08/2012 à 0:33
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Il ne sont quand même pas bêtes ces chinois. Je vois clair dans leur jeu, leur but à long terme et de faire chanter les russes afin de mieux fraterniser avec, le temps venu, contre l'ennemi commun. Le petit poisson fera rappliquer le gros.

à écrit le 10/08/2012 à 21:38
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Bien joué de la part des chinois, mais c'est aux européens que devrait revenir ce rôle. Si l'Europe était plus intégrée, les chinois ne seraient pas venus faire la loi aux frontières de chez nous. Car maintenant, il ne faudra pas s'étonner que les uk...

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