La Grèce veut faire preuve de transparence pour ses privatisations

Athènes a relancé le chantier des privatisations, bloqué depuis plusieurs mois. Ce redécoupage économique vise à apporter 19 milliards d'euros au pays d'ici trois ans. "Tapeid", l'agence privée chargée des opérations, se veut exemplaire.
Nombre de Grecs sont opposés aux privatisations, comme par exemple au début du mois d'août où la mise sur le marché de la Poste grecque a entraîné des manifestations (photo). C'est la raison pour laquelle le Dimar, membre de la coalition au pouvoir, souhaite qu'une partie des recettes soit affectée à des projets d'investissements et non intégralement au remboursement de la dette publique. /Copyright Reuters

Les investisseurs chinois convoitent une dizaine de ports grecs. Leurs homologues français, américains ou allemands lorgnent le secteur énergétique. Les groupes indiens, qataris ou encore russes regardent du côté des sites touristiques. Mercredi dernier, la Grèce a réactivé son programme colossal de privatisations. Si l'on connaît la majorité des 28 sites publics mis sur le marché - DEI (électricité), Depa (gaz), Opap (paris sportifs, sites touristiques)... -, les informations concernant les repreneurs sont livrées au compte-goutte par l'agence de privatisations, Tapeid. Une tendance sûre : les intéressés sont majoritairement étrangers.

Les Indiens, les Qataris et les Britanniques lorgnent le site d'Hellenikon

Mercredi dernier, l'agence de privatisations a distillé quelques détails. Quatre candidats, l'indien Elbit Cochin Island, le britannique London and Regional Properties, le grec Lamda Development et le qatari Diar Real Estate, sont présélectionnés pour l'exploitation du site d'Hellenikon (ancien aéroport international), l'une des plus importantes privatisations. Le NCH New Europe Property Fund et NCH Balkan Fund sont eux en lice pour la reprise du terrain de Kassiopi, à Corfou.

Le programme de privatisations n'a dégagé que 1,4 milliard d'euros en 2012, freiné par les troubles politiques du pays. D'ici la fin de l'année, le gouvernement espère finaliser la cession du centre international de presse et la loterie, pour près de 3 milliards d'euros.

Réduire la dette publique qui s'élève à 350 milliards d'euros

D'après une clause du mémorandum, les 19 milliards générés par ces privatisations devront aller au remboursement de la dette grecque (350 milliards d'euros). Toutefois, selon Aris Kallipolitis, membre deDimar (gauche au pouvoir avec Nouvelle Démocratie et Pasok) et du comité exécutif de l'agence de privatisation (Tapeid), son parti proposera prochainement au parlement une loi pour une autre répartition de cet argent. Il confie à La Tribune : « Nous voulons bien sûr que les bénéfices soit utilisés pour le remboursement de la dette, mais à Dimar nous souhaitons qu'une partie, voire la moitié, des bénéfices des privatisations soit utilisée pour investir et financer des projets en Grèce. » En lançant ce débat, il s'agit également de convaincre une partie des Grecs, qui voient dans ces privatisations une forme de «rachat du pays», qu'ils pourraient bénéficier directement de ces apports.

Des privatisations « contrôlées »

Les 28 dossiers sont entre les mains de « Tapeid». L'agence de privatisations, créée il y a un an, emploie 30 personnes, chapeautées par 7 experts et un comité exécutif de 5 membres. « C'est une société privée et indépendante, précise Aris Kallipolitis, elle bénéficie d'une dotation en capital de l'Etat pour fonctionner, mais ses technocrates sont étrangers à la politique. »

Pour sélectionner les meilleures offres des investisseurs, l'agence s'appuie sur un « réseau » de conseil composé de groupes comme Eurobank, Crédit Suisse, Banque Rothschild ou encore des cabinets d'avocats... Selon l'agence, une partie des sociétés, notamment celles qui opèrent dans les secteurs de l'énergie ou des transports, ne seront pas entièrement privatisées. L'Etat gardera une partie des structures et ne cèdera que l'exploitation pour l'électricité et le gaz par exemple. Concernant les ports ou le réseau de chemins de fer, il s'agira de concessions pouvant aller de 30 à 60 ans. A l'image d'une partie du port du Pirée, reprise en 2008 par le groupe chinois Cosco pour une durée de 30 ans.

Des structures de régulation pour « surveiller les abus »

L'agence de privatisation se veut rassurante : tous les investisseurs seront surveillés. Les opposants aux privatisations, à l'image du parti d'opposition Syriza (coalition de gauche radicale), craignent en effet des augmentations de prix, baisses des salaires ou suppressions de postes...Tant de dérives qui, assure l'agence, seront prévenues par des autorités de régulation mises en place par secteur (tourisme, hôtellerie, transports...).

« Si jamais une entreprise veut augmenter ses tarifs, elle devra passer par l'agence, assure Aris Kallipolitis. En cas d'abus, il pourra y avoir sanction. »Toutefois, d'après le parti Syriza, des entraves au droit du travail sont déjà dénoncées au sein du port du Pirée, sous l'égide du chinois Cosco.

Commentaires 2
à écrit le 17/09/2012 à 20:08
Signaler
Rien n'est crédible en Grèce. C'est toujours la même histoire. Les riches ne souffrent guère. Je l'ai encore constaté récemment. En revanche, la pauvreté avance. On se demande bien ce que cela rapportera... Et le parc olympique, dans une telle décrép...

à écrit le 17/09/2012 à 17:06
Signaler
ils vont ' relancer' un chantier pas encore ouvert; si ca c'est pas se foutre du monde....

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.