Ces scandales de corruption qui plombent Pékin

Des soupçons qui pèsent sur la fortune de 2,7 milliards de dollars de la famille du Premier ministre Wen Jiabao, à l'inculpation de l'ex-étoile montante du parti Bo Xilai, les scandales de corruption mouillant les élites se multiplient en Chine. La Tribune fait le point sur les grandes affaires récentes.
Copyright Reuters

En 2010, fort d?un PIB de près de 5.900 milliards de dollars, la Chine damait le pion au Japon, et devenait la deuxième économie mondiale. En revanche, selon le baromètre de la perception de la corruption de l?ONG Transparency International, Pékin se traîne à une piètre 75e place. De fait, la corruption, qui est allée crescendo ces dernières années, est devenue l'un des principaux boulets du pays. Dessous de table et pots de vins sont devenus monnaie courante, et gangrènent la vie politique et économique à tous les niveaux. Les élites sont de plus en plus nombreuses à se retrouver mouillées dans des scandales de corruption. En témoignent les 660.000 cadres que Pékin affirme avoir sanctionné pour cela en cinq ans.

Wen Jiabao, le Premier ministre aux 2,7 milliards

Si pour l?heure, Wen Jiabao n?est pas inquiété. Des soupçons, légitimes, se font jour sur la manière dont lui et sa famille ont amassé la bagatelle de 2,7 milliards de dollars. Le New York Times, qui a révélé ce chiffre dans une enquête récente, montre surtout la façon dont le clan du Premier ministre est passé maître dans l?art de nouer des partenariats, et signer des contrats mirobolants avec des magnats du continent ou de grandes entreprises. Des sociétés sur lesquelles il dispose d?une influence évidente de part sa fonction.

Délit d?initié?

Le quotidien américain cite notamment China Mobile, un des principaux opérateurs téléphoniques du pays. La Famille de Wen Jiabao disposerait également de participations dans la très puissante Ping Yang Insurance. Or en 2004, le Conseil d?Etat présidé par le Premier ministre lui a permis de lever après de 2 milliards de dollars lors de son introduction à la Bourse de Hong Kong. Une opération qui s?est avérée très profitable pour les proches de Wen Jiabao.

Xi Jinping, un très riche bras droit

Autre dirigeant qui pourrait se retrouver dans l??il du cyclone : Xi Jinping. Vice-président du pays, celui-ci est appelé à prendre prochainement les rênes du pays. Mais le futur président du pays n?est pas non plus épargné par les soupçons. Il a notamment fait l?objet d?une enquête de l?agence de presse financière américaine Bloomberg, qui a estimé sa fortune personnelle à plusieurs centaines de millions de dollars.

Bo Xilai, la relève brisée

Le cas Bo Xilai est, pour l?heure, bien plus préoccupant. Cet ancien cador du parti a récemment perdu son immunité parlementaire fin octobre, après son exclusion de l?Assemblée nationale populaire (ANP). Il a dans la foulée été accusé de corruption "massive", et de relations sexuelles "inappropriées" avec plusieurs femmes. Or Bo Xilai n?est pas n?importe qui. C?est l?ancien chef du parti de Chongqing. Il était jusqu?alors considéré comme la relève du PCC. Il est soupçonné de s?être adonné au trafic d?influence et à la corruption depuis 1985. Son épouse, l?avocate internationale Gu Kailai a été condamnée à mort avec sursis en août dernier pour le meurtre par empoisonnement d?un homme d?affaires britannique. C?est son mari, épaulé par un responsable de la police aujourd?hui derrière les barreaux, qui aurait couvert cet homicide.

Liu Zhijun, la corruption à grande vitesse

En février 2011, un autre gros poisson est tombé. Il s?agissait de Liu Zhijun, ex-ministre des chemins de fer. Celui-ci a été relevé de ses fonctions pour corruption. Ou plus précisément "violation sévère de la discipline". L?affaire avait fait grand bruit car Liu Zhijun chapeautait notamment le développement du train à grande vitesse en Chine. Un projet emblématique de l?essor économique du pays.

Zheng Xiaogu, condamné à mort

Parmi les autres affaires qui ont chamboulé les hautes sphères de Pékin, celle de Zheng Xiaogu figure en bonne place. Cet ancien directeur de l?agence chinoise de réglementation des médicaments et des produits alimentaires a été condamné à mort en mai 2007 et exécuté pour "corruption et manquement à son devoir". Il était accusé d?avoir touché près de 6,4 millions de yuans (620.000 euros) de pots de vins d?entreprises pharmaceutiques. Ces dessous de table devaient permettre de faciliter les autorisations de commercialiser des médicaments controversés. Le Kongliyuan Group, qui aurait décroché ainsi le feu vert pour 277 produits, dont des antibiotiques très rémunérateurs. Ceux-ci qui auraient tué au moins dix patients en 2006.

Cai Bin et ses 21 propriétés

A côté de ces dignitaires, de hauts responsables sont régulièrement mis en cause. A l?instar de Cai Bin, un cadre travaillant pour la gestion urbaine de la métropole de Canton, dans le sud du pays. Celui-ci est sous le coup d?une enquête pour avoir omis de déclarer son patrimoine personnel. Pourtant, la justice le soupçonne de posséder quelques 21 propriétés immobilières, dont la valeur totale avoisinerait les 40 millions de yuans (5 millions d?euros), d?après l?agence Chine Nouvelle. Il n?en fallait pas plus aux autorités pour y voir les conséquences d?une possible affaire louche.

Des réformes en "eaux profondes"

En clair, le chemin apparaît long pour que la Chine se débarrasse de la corruption. Ou, dans l?immédiat, parviennent à faire en sorte que le phénomène se stabilise. Plume célèbre de la presse chinoise, la journaliste Hu Shuli affiche son pessimisme. Dans les colonnes du magazine Caixin Wang elle jugeait il y a quelques jours que "les réformes, en Chine, sont entrées dans une zone d?eaux profondes, et la recherche de rentes de situation de la part des agents de l?Etat ne cesse de prendre de l?ampleur".

Commentaires 5
à écrit le 09/11/2012 à 17:03
Signaler
En 2009 Kang Rixin (officiel chinois en charge du nucléaire) a fini en prison pour avoir notamment touché 180 millions d'Areva dans le cadre de la vente de 2 EPR pour 3,3 milliards.

à écrit le 09/11/2012 à 16:51
Signaler
2,7 milliards de dollars ? Pour le 1er ministre d'un pays communiste, pas mal ! En parallèle de son travail de 1er ministre, il avait une société ?

à écrit le 09/11/2012 à 15:14
Signaler
les communistes (chinois) sont "censés" être exemplaires !!!.......

à écrit le 08/11/2012 à 18:32
Signaler
Economiquement, la corruption financière ne plombe rien. Elle constitue un formidable dynamisme. Amorale mais dynamique. Assez des faux prétextes socialistes.

le 12/11/2012 à 14:23
Signaler
tiens voila 5 jiao le parti te remercie pour ton soutien immuable, camarade !

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.