Le Zimbabwe veut réhabiliter ses diamants de Marange

Le Zimbabwe va tenter de réhabiliter ses diamants, jusqu'à présent synonymes de violations des droits de l'homme, meurtres et corruption, en organisant lundi et mardi une conférence internationale devant attirer acheteurs et investisseurs à Victoria Falls (nord-ouest).
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Les pierres extraites des très riches gisements de Marange (dans l'est du Zimbabwe) sont désormais admises dans le circuit officiel, après avoir reçu fin 2011 le feu vert du Processus de Kimberley, le régulateur mondial chargé de lutter contre la commercialisation des "diamants du sang".

Ces mines qui pourraient assurer le quart de la production mondiale avaient été envahies en 2008 par l'armée zimbabwéenne qui a expulsé les milliers de prospecteurs, avant de forcer des civils à travailler à leur place. Selon des groupes de défense des droits de l'homme, près de 200 personnes ont été tuées et d'autres battues ou violées.

La conférence de Victoria Falls, qui doit rassembler environ 300 délégués étrangers, a pour but de "gérer l'image de l'industrie du diamant du Zimbabwe et d'attirer davantage d'investissements", selon le ministère des Mines. "Nous sommes maintenant un pays producteur de diamants, et nous voulons partager l'expérience d'experts qui sont en avance sur nous afin d'améliorer nos systèmes", a précisé Prince Mupazviriho, le secrétaire permanent du ministère des Mines. Parmi les orateurs sont attendus le président du Processus de Kimberley, Gillian Milovanovic, un diplomate américain et des représentants de producteurs de diamants africains.

Mais certains analystes estiment que cette conférence n'aura aucun intérêt si elle ne fait pas pression pour que soit rapidement adoptée une loi forçant les compagnies minières à rendre publics leur chiffres de production et de ventes. "Il y a trop de lacunes" en la matière, explique le politologue Charles Mangongera. "Nous ne savons même pas combien elles produisent, car il n'existe pas de mécanisme indépendant chargé de la vérification. La conférence doit faire pression pour qu'une loi oblige l'Etat et les entreprises diamantifères à rendre des comptes d'une façon qui bénéficie au trésor public et à tous les citoyens."

Shamiso Mtisi, de l'ONG Association des avocats de l'environnement aux Zimbabwe, l'approuve: il faut selon elle une loi pour "faciliter la surveillance des processus tels que l'extraction des diamants, leur évaluation, le tri, la taille, le polissage, les ventes aux enchères et le traitement des documents douaniers". Mais Charles Mangongera estime que la Zanu-PF, le parti du président Robert Mugabe, s'opposera à toute législation contraignante. "Je doute que la ZANU-PF soutienne une telle loi. Les personnages-clés dans le secteur du diamant ont des liens avec la Zanu-PF et, évidemment, le parti bénéficie de ces liens", dit-il, pointant aussi le trouble rôle de compagnies chinoises amies du régime.

De nombreux observateurs estiment que le parti présidentiel, aux méthodes souvent brutales, détourne à son profit une bonne partie des revenus du diamants. Le ministre des Finances Tendai Biti, un opposant à M. Mugabe, a publiquement regretté le manque d'informations. Alors que ses services espéraient retirer 600 millions de dollars des gemmes cette année, ils n'en ont récolté que 46 millions sur les six premiers mois.

 

 

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