Connecter davantage les femmes : un levier pour doper le PIB des pays émergents

Selon une étude, dans les pays en développement, les femmes ne sont que 600 millions parmi les 1,4 milliard d'internautes. Or leur intégration pourrait permettre d'augmenter le PIB de 13 à 18 milliards dans 144 pays sur trois ans. Explications.
Une Afghane surfe sur Youtube dans un cybercafé de Kaboul, au mois de septembre dernier. Copyright Reuters

Dans les pays en voie de développement, les femmes sont les grandes oubliées de la révolution numérique. D'après une étude publiée jeudi par Intel avec le concours du département d'Etat américain et l'agence ONU femmes, elles ne seraient que 600 millions sur les 1,4 milliards d'internautes évalués. Si globalement les femmes sont 23% moins nombreuses que les hommes à avoir accès au réseau, la différence atteint près de 45% en Afrique subsaharienne. Pour inciter les pays concernés à en faire davantage pour résorber cette inégalité, Renee Wittemyer, directrice "Impact social" chez Intel abat un argument d'autorité : l'intégration des femmes pourrait s'avérer particulièrement profitable, puisque qu'elle permettrait d'augmenter le PIB "de 13 à 18 milliards dans 144 pays sur trois ans".

Ambassadrice itinérante des Etats-Unis en charge des problèmes rencontrés par les femmes dans le monde, Melanne Verveer assure ainsi qu'un accès plus difficile des femmes à la Toile est synonyme de problèmes "pour atteindre leur plein potentiel". Ce qui signifie, d'après elle, "la perte de contributions sociales et économiques importantes" pour leur famille et leur communauté. Mais qu'en est-il concrètement? Chercheuse à l'Université de Genève et spécialiste de l'apprentissage des technologies , Isabelle Collet abonde en ce sens. D'après elle, si les femmes étaient davantage connectées, il y aurait notamment un impact fort sur la santé, et plus de "lien social", au sens large, aux importantes retombées économiques.

Désenclaver les communautés

Pour illustrer son propos, cette chercheuse cite des villages marocains qu'elle a visités l'année dernière. Dans ces communautés rurales "particulièrement enclavées" et loin de tout, l'arrivée d'internet a, dans une certaine mesure, changé la donne. "En accédant à la Toile, des femmes ont bénéficié de connaissances en matière de santé, concernant la purification de l'eau, ou la détection de maladies infantiles". Or ces dernières, faute d'être soignées correctement, causent souvent la mort des enfants. En outre, l'ordre établi a dans une certaine mesure été bousculé. Dans des villages où l'on ignore souvent tout des études supérieures, et où celles-ci sont généralement la chasse gardée des seuls fils aînés, "internet a permis aux femmes d'envisager elles-aussi cette perspective", poursuit Isabelle Collet. Dans ce type de cas, les femmes participent ainsi pleinement à désenclaver la communauté.

Comme l'explique notre chercheuse, l'accès des femmes à Internet est limité par deux facteurs : "La possibilité de se connecter et les habitudes culturelles." De fait, disposer d'une connexion internet familiale constitue un luxe dans bon nombre de pays émergents. Les infrastructures de télécommunication sont souvent peu développées, et les populations rurales en bénéficient rarement. Au Cambodge par exemple - où le salaire moyen avoisine les 60 dollars mensuels-, il faut débourser 120 dollars pour un abonnement illimité de 1Mo, sans compter l'achat d'un ordinateur... Des cafés internet proposent ainsi de surfer à raison de 1.000 riels l'heure (0,25 dollars) dans les grandes villes. Au Cambodge comme ailleurs, non seulement ces lieux demeurent chers, mais ils sont surtout "essentiellement masculins", souligne Isabelle Collet. D'après elle, seul le développement de l'internet à domicile pourra permettre un jour de mettre un terme à cette inégalité entre les hommes et les femmes.

Favoriser l'accès à l'éducation

Si ces importantes difficultés devaient disparaître, reste un problème majeur : l'alphabétisation et l'accès à l'éducation des femmes, condition sine qua non à toute navigation. Même si des progrès ont été faits ces dernières décennies - selon l'ONU, le taux d'alphabétisation de la gent féminine n'était que de 36% en 1970 -, un gros cinquième d'entre-elles ne savent toujours pas lire et écrire aujourd'hui.

Commentaire 1
à écrit le 16/01/2013 à 15:53
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connecter les femmes, un projet existe, il s'appelle Digital Subscriber Key

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