Comment le Quai d'Orsay protège ses expatriés en temps de crise

Alors que des otages ont été tués en Algérie, en réaction à l'action française menée au Mali, La Tribune revient sur la sécurité des ressortissants français dans ces zones où plane en permanence la menace terroriste.
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Alors qu'en Algérie, théâtre d'une prise d'otages sur le site gazier de Tigantourine qui a tourné au carnage, un Français aurait été tué, on ignore si d'autres ressortissants sont retenus en otage. Mais sur quelque 1,5 million d'expatriés français, plus d'un millier travaillerait dans des zones dangereuses, parmi lesquelles figurent notamment le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Nigeria. Comment font les entreprises et le Ministère des Affaires étrangères pour gérer la sécurité des ressortissants français dans ces zones sensibles en période de crise? 

Des sociétés spécialisées dans la sécurité

Les entreprises françaises présentes dans ces zones à risque font souvent appel à des sociétés spécialisées pour assurer la sécurité de leurs employés. Parmi les mesures prises: renforcement du gardiennage et de la télésurveillance, actualisation des plans d'évacuation, et surtout des escortes plus fournies lors des déplacements quand les expatriés sont "les plus vulnérables". Des dépenses coûteuses, mais "la sécurité est de plus en plus un pôle de dépense obligé", souligne Frédéric Gallois, ex-chef du GIGN et directeur général de la société Gallice. "Elles vont toujours viser à répondre juste aux risques du moment, mais ce qui est délicat, c'est d'anticiper un changement de niveau de risque". "Tout notre travail consiste à trouver des partenaires locaux, à les contrôler et à s'appuyer sur eux, mais aussi savoir si on peut leur faire confiance", précise-t-il.

Plusieurs grandes entreprises présentes au Sahel, en proie à la menace des groupes islamistes armés, ont confirmé à l'AFP être passées "à l'échelon supérieur" en matière de sécurité. Pour rappel, les quatre Français qui avaient été enlevés en 2010 à la mine d'uranium d'Arlit exploitée par Areva au Niger, sont toujours détenus. Dans ce pays, Areva a mis en place un plan de protection renforcée "validé par les autorités françaises", dont le détail ne peut être communiqué pour des raisons de sécurité.

Un champ d'action limité en Algérie

Au Nigeria, l'un des pays les plus riches en pétrole, les salariés de Total sont très protégés par exemple. Après une journée de travail, les salariés sont emmenés en car dans un "camp retranché" sous haute surveillance. Un mur d'enceinte et deux grillages de plus de trois mètres de haut entourent cette base ultra-sécurisée, où les salariés ne peuvent pas sortir entre 18h30 et 7 heures du matin.

Mais en Algérie, "aucune société étrangère n'a le droit d'avoir du personnel armé et les déplacements en dehors des grandes villes se font sous protection armée de la police ou de la gendarmerie. Il n'y a que les forces de sécurité algériennes qui ont le droit d'être armées à l'extérieur" des entreprises, souligne le directeur des opérations de la société de sécurité Scutum Security First (SSF), le général Pierre Rebeyron. Le champ d'action est donc limité à l'intérieur de l'entreprise.

Un système d'information par îlots

Dans ces pays à risque, l'information circule grâce à un système de communication pyramidal, explique-t-on au ministère des Affaires étrangères. Au Quai d'Orsay, un "centre de crise" qui emploie quelques dizaines de personnes récolte les informations 24 heures sur 24. Ce dispositif d'urgence est mis en place en temps de crise climatique ou politique, comme actuellement. Chaque pays est découpé en "îlots" géographiques. Chacun d'entre eux est piloté par un responsable chargé de faire passer l'information à l'interlocuteur désigné de l'ambassade en cas de problème ou d'évacuation à organiser, grâce à des moyens techniques modernes, des "téléphones satellitaires". 

Le site France Diplomatie actualise ses informations en temps réel, relayées sur le réseau de micro-blogging Twitter :

   

     

Et des recommandations spéciales sont envoyées aux expatriés.

Des mails et des sms, "un bon système"

"L'information circule par mail et surtout par sms en période chaude", confirme une ressortissante française au Burkina Faso, pays limitrophe du Mali. Des messages tels que: "manifestations en ville, ne pas sortir", ou "ils rentrent dans les maisons, donc garez vos véhicules et éteignez vos lumières. N'ouvrez pas!", précise cette expatriée. "En cas de crise très grave, les réseaux sont coupés, mais cela reste rare, donc c'est plutôt un bon système", ajoute cette ressortissante. Pour l'heure, aucune alerte n'a été donnée au Burkina Faso. Mais une réunion de sécurité présidée par l'ambassadeur est toutefois prévue ce vendredi soir. 

Commentaires 10
à écrit le 20/01/2013 à 11:36
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Requin chagrin

à écrit le 20/01/2013 à 11:34
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La France a t'elle encore les moyens de s'occuper des expatriés ? C'est un choix de vie, alors qu'ils assument.

à écrit le 18/01/2013 à 20:00
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Moi qui suis expatrié depuis fort longtemps et dans plusieurs pays, dont la Libye, je confirme que les autorités françaises n'en ont rien à foutre des expatriés et ne sont présentes que quand il s'agit de nous harceler administrativement, comme si el...

à écrit le 18/01/2013 à 13:30
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nous sommes incorrigibles . La France n' a rien à faire en Afrique et réciproquement ! Hollande n' est qu' un énarque aventurier qui se laisse embarqur pour notre plus grand malheur .

à écrit le 18/01/2013 à 12:40
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Je suis inquiet...Quand est il ? de la masse des exilés fiscaux ,tous les jours un peu plus nombreux..?

le 18/01/2013 à 15:33
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La Belgique ne peut pas accueillir toute la richesse du monde!

le 18/01/2013 à 20:02
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@stop;exil: exact et c'est pour cela que je conseille aux riches de transférer leur argent dans mon compte :-)

le 20/01/2013 à 11:35
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QUID des expatriés aux Mali ?

à écrit le 18/01/2013 à 12:30
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Ils ne vous protegent pas. D'experience, quand un probleme majeur survient, un conseil: ne comptez que sur vous meme et votre reseau. Le reste n'est que communication et propagande.

le 18/01/2013 à 17:34
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Sage conseil... En règle générale, le Quai s'occupe en priorité de son personnel. Et quand il intervient -heureusement c'est rare- le résultat est souvent calamiteux.

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