Le patronat israélien rassuré par la perspective d'un gouvernement de centre-droit

Si Benjamin Netanyahu va réussir à se maintenir au pouvoir après le résultat des législatives, il va devoir composer avec la jeune formation centriste de l'ex-journaliste Yaïr Lapid, qui a mis la priorité sur la défense des classe moyennes israéliennes et un meilleur contrôle des finances publiques. Cette perspective est bien accueillie par les milieux d'affaires qui redoutaient un gouvernement prisonnier des revendications des ultra-orthodoxes.
Le score du nouveau parti centriste Yesh Atid (« Il y a un avenir »), dont le leader est l'ancien journaliste YAIR LAPID (photo), est la surprise du scrutin législatif du 23 janvier. Avec ses 19 sièges à la Knesset, il devient le deuxième parti du pays, et Banjamin Nétanyahu va devoir composer avec lui s'il veut gouverner. Sa formation le Likoud, allié au parti Israel Beitenou du nationaliste Avigdor Lieberman, arrive en tête mais n'a plus que 31 sièges contre 42 dans la chambre sortante.Copyrig

La "révolution" centriste des électeurs israéliens rassure les marchés et le patronat. Soucieux de stabilité, ils se sont félicités du maintien au pouvoir de Benjamin Netanyahu, malgré un sévère revers subi par le Likoud-Israël Beiteinou, son parti, qui perdu un quart de ses députés. La percée surprise de Yaïr Lapid, un ex-journaliste de télévision à la tête de Yesh Atid, une nouvelle formation modérée devenue du jour au lendemain le deuxième parti du pays, en se présentant comme le défenseur des classes moyennes, n'a en rien effrayé le monde des affaires. Signe des temps : le TA25, le principal indice de la Bourse de Tel Aviv, a monté de 0,98% alors que les places européennes reculaient tandis que le Shekel, la monnaie israélienne, s'appréciait face au dollar.

La perspective d'un gouvernement de centre-droit applaudie

La perspective d'un gouvernement de centre droit avec Benjamin Netanyahu et Yaïr Lapid comme les deux principaux partenaires a été applaudie. "L'essentiel est que nous n'ayons pas un cabinet extrémiste qui nous isole dans le monde, souligne Tvi Tzepak, un dirigeant d'un fond d'investissements. Selon lui, "il n'y a pas de différences fondamentales entre les conceptions économiques de deux hommes". Yaïr Lapid est par exemple un ardent défenseur des PME et prône une réduction du train de vie de l'Etat en diminuant le nombre de ministères. Ce message a été entendu au point que Benjamin Netanyahu s'est engagé en priorité à imposer une partage équitable des impôts et à adopter des réformes pour rendre le prix des logements abordable, soit deux des principales revendications de Yaïr Lapid.

Reste à savoir si les réformes vont effectivement suivre après la formation du gouvernement qui devrait prendre au moins deux semaines. Seule certitude: le temps presse. Le budget de 2013 n'a pas été voté. Benjamin Netanyahu a avancé de neuf mois la date des élections faute de pouvoir faire passer un plan d'austérité avec son ancienne majorité. La récente annonce d'un déficit budgétaire deux fois plus important que prévu l'an dernier a fait l'effet d'une bombe politique, qui a porté un rude coup à l'image de Benjamin Netanyahu.

Défense des classes moyennes

Quelque soit sa future composition, le prochain gouvernement va devoir procéder à des coupes de 3 milliards d'euros. Les électeurs qui ont choisi Yaïr Lapid espèrent qu'il va permettre de limiter les dégâts. Il a en effet fait campagne sur le thème de la défense des classes moyennes traitées en vaches à lait. L'essentiel pour lui est de parvenir à un "juste partage du fardeau". Yaïr Lapid entend ainsi contraindre des milliers de jeunes juifs ultra-orthodoxes à faire leur service militaire alors qu'ils en sont exemptés pour la plupart. Il souhaite également les pousser dans le monde du travail pour réduire toutes les allocations financées par le contribuables.

La question du logement, une priorité

Le logement constitue également un dossier explosif. L'envolée des prix de l'immobilier, qui frappe pratiquement tous les Israéliens, y compris les familles de cadres. Il constitue le deuxième front pour Yaïr Lapid qui a recueilli les fruits du plus grand mouvement de contestation de l'histoire du pays lorsque des centaines de milliers d'Israéliens durant l'été 2011 étaient descendus dans la rue pour exiger la "justice sociale". "Tout le monde sait que nous allons devoir prendre des mesures qui vont faire mal, ce n'est qu'après que nous pourrons repartir sur des bases économiques plus saines", explique Gilad Altshumer, responsable d'un fond de gestion. Mais savoir si Yaïr Lapid pourra faire passer plus facilement cette pilule amère reste encore une inconnue.

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