En Allemagne, on va recruter jusqu'en Espagne

Par Pauline Houédé, à Berlin  |   |  517  mots
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Pour lutter contre la dépopulation et la pénurie de main-d'œuvre qualifiée dans leurs entreprises, les élus de Wunsiedel sont allés jusqu'à la pointe nord-ouest espagnole pour recruter des travailleurs.

C?est avec des valises pleines de brochures vantant les charmes des montagnes bavaroises que les élus de la commune de Wunsiedel ont débarqué en mars 2012 à Padrón, en Galice dans le nord-ouest de l?Espagne. L?objectif du voyage : convaincre les jeunes Espagnols qualifiés de venir travailler dans les entreprises locales, qui peinent à recruter et, au-delà, maintenir l?activité dans la commune allemande de plus de 9.000 âmes, qui perd une centaine d?habitants par an.

Des contrats appelés à évoluer
Treize Espagnols vivent aujourd?hui à Wunsiedel. Ils sont électriciens, carrossiers ou encore employés d?hôtel, âgés de 27 à 54 ans, et travaillent depuis septembre dans quatre entreprises de taille moyenne de la ville. « Nous ne sommes pas une entreprise de recrutement », souligne Roland Schöffel, le maire adjoint de la commune, à l?origine du projet. Aidés tout au long du processus par un cabinet spécialisé dans le recrutement international, les élus ont pourtant bel et bien e? ec-tué la liaison entre les entreprises locales ? qui avaient établi préa-lablement la liste de leurs besoins en main-d??uvre ? et l?Espagne.
C?est par l?intermédiaire de l?ambassade d?Espagne à Berlin que les Bavarois entrent en relation avec le maire de Padrón, petite ville qui compte également environ 9.000 habitants. Wunsiedel connaît bien cette région espagnole pour avoir déjà accueilli, il y a cinquante ans, les fameux « travailleurs invités » (Gastarbeiter), galiciens venus travailler dans l?industrie locale de la porcelaine.
L?étape suivante, c?est le voyage à Padrón. « Ils étaient près de 200 à assister à la réunion lors d?une première présentation à notre arrivée en Galice. On ne s?y attendait pas », se souvient Roland Schöffel.
Bernd Birke, patron d?une entreprise d?installations électriques, a ainsi embauché quatre Galiciens, et espère en faire venir un cinquième en février. Tous ont signé un contrat à durée déterminée d?un an. « L?objectif, c?est le contrat indéterminé », assure Bernd Birke, qui se déclare satisfait de leur travail. Presque six mois après leur arrivée, « la langue reste aujourd?hui un problème », reconnaît-il, tout en restant optimiste, alors que le groupe suit des cours d?allemand organisés par la commune et le ministère de l?Immigration (Bamf).L?heure n?est pas encore au bilan : « Nous le dresserons d?ici quelques mois, nous verrons si les contrats seront prolongés ou non, explique Roland Schö? el. Il s?agit encore d?une expérience », tient-il à souligner, alors que deux Espagnoles employées dans l?hôtellerie ont récemment quitté leur emploi et en cherchent un autre.
Pour le cabinet munichois Why Consult, qui a assuré tout le travail de recrutement à la demande de Wunsiedel, il s?agit d?une première collaboration avec une commune. Une initiative qui pourrait être reproduite, souligne Begonia Merayo, à la tête du cabinet : « En cas de succès, d?autres communes allemandes et espagnoles seraient intéressées par une telle expérience. »