Le gouverneur de la Banque du Japon écourte son mandat

Prenant tout le monde de court, Masaaki Shirakawa a annoncé mardi son intention de quitter ses fonctions trois semaines plus tôt que prévu. Il va laisser sa place à une direction nouvelle, plus en phase avec les attentes du Premier ministre Shinzo Abe.
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Il avait été nommé le 9 avril 2008 pour une durée de cinq ans, soit jusqu'au 8 avril prochain. Toutefois, Masaaki Shirakawa, le gouverneur de la Banque du Japon (BoJ) a confié mardi au Premier ministre Shinzo Abe son souhait de renoncer à ses fonctions dès le 19 mars, à l'échéance de la fin de contrat de ses deux adjoints. "Cela permettra la mise en place d'une direction nouvelle", a-t-il justifié. Masaaki Shirakawa assure avoir pris cette décision "seul". "Je souhaite que cela soit favorable à l'économie du Japon", a-t-il poursuivi, alors que d'aucuns soupçonnent des pressions gouvernementales pour accélérer le calendrier.

Défense de la politique monétaire à l'international

Son remplaçant sera choisi par le Premier ministre. Il devra être confirmé par le Parlement. Shinzo Abe a d'ores et déjà précisé qu'il voulait un homme en accord avec ses idées et capable de défendre sa politique monétaire sur la scène internationale. Le chef du Parti Libéral-Démocrate (PLD, droite) n'aura pas de mal à faire valider son choix à la chambre basse, où sa formation est majoritaire. Toutefois, il devra trouver un homme qui reçoive aussi l'approbation de tout ou partie de l'opposition au Sénat où le PLD ne détient pas le nombre de sièges requis. En 2008, plusieurs candidats proposés avaient été retoqués. Et le fauteuil était resté vide plusieurs semaines. Des discussions sont déjà ouvertes pour le choix du successeur. Plusieurs noms circulent, dont celui de Heizo Takenaka qui fut un des ministres les plus en vue durant la Primature du libéral Junichiro Koizumi entre 2001 et 2006.

Reste que la BoJ, statutairement indépendante, a subi de fortes pressions de la part de Shinzo Abe. Et ce, même avant la victoire du PLD au scrutin législatif anticipé du 16 décembre. Redevenu Premier ministre dix jours plus tard, Shinzo Abe est parvenu à obtenir depuis du comité de politique monétaire de la BoJ qu'il accepte de viser un objectif d'inflation de 2%, chiffre dont ne démord pas le chef du gouvernement.

>> La Banque du Japon prend parti contre la déflation

Son but: débarrasser au plus vite le Japon de la déflation qui bride son activité économique depuis maintenant quinze ans, en dépit d'une période de rémission entre 2006 et 2009. Or Masaaki Shirakawa était plus que réticent à ce changement. Selon lui, cette politique risque d'entraîner une inflation excessive sans la nécessaire hausse des salaires qui devrait aller de pair, ce qui serait encore pire. Le comité de la BoJ a néanmoins approuvé cet objectif le 22 janvier. De surcroît, il a consenti aussi à élargir d'autres dispositions pour faire couler encore davantage de liquidités dans les circuits financiers, en espérant que le tout incite les entreprises à investir plus et les particuliers à consommer davantage.

Résultat: le gouvernement Abe a eu ce qu'il voulait, à rebours de l'orthodoxie prônée ailleurs, mais avec déjà des conséquences positives pour le Japon sur le marché. Alors qu'il avait pulvérisé des records et causé des migraines aux entrepreneurs nippon, le yen est retombé face à l'euro et au dollar et l'indice boursier Nikkei 225 est remonté à un niveau inédit depuis près de trois ans.

Commentaires 2
à écrit le 06/02/2013 à 15:11
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L'objectif de 2% d'inflation est l'objectif qui fait consensus au niveau mondial pour les politiques monétaires. Bienvenue à la Banque du Japon pour entrer dans le club. Mais il semble que les japonnais aient choisi la croissance intérieure restreint...

à écrit le 06/02/2013 à 10:25
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Il devrait prendre Trichet , ce qui éviterait de le retrouver à la tête d'un E.A.D.S. quelconque.

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