La Tunisie menacée d'instabilité sociale et politique

Obsèques nationales et grève générale pour les funérailles de l'opposant assassiné, la situation politique est confuse et l'instabilité pourrait dégrader le climat économique déjà affecté par une transition institutionnelle qui traîne en longueur.
Cortège accompagnant la dépouille du leader de l'opposition Chokri Belaid, à Tunis, vendredi. La foule scande des slogans hostile au parti islamiste au pouvoir. Copyright Reuters

Difficile d'évaluer le nombre de ceux qui ont décidé d'accompagner la dépouille de Chokri Belaid, entre la maison de la culture de ce quartier populaire de la banlieue sud de Tunis et le cimetière, c'est un flot continu de Tunisiens, jeunes et vieux, femmes et hommes, émus et déterminés.

Appel à la grève générale

Tous ne souscrivaient pas aux idées de l'avocat, et leader de gauche, mais comme à l'instar de Sondos, venue accompagnée de sa fille de 16 ans, ils tenaient à lui rendre un dernier hommage. Elle approuve aussi la décision de l'appel à la grève générale décidée jeudi  par la puissante centrale majoritaire UGTT : « C'est une décision difficile, surtout que d'autres opposants auraient reçu des menaces de mort, mais c'est un risque à prendre. »

Dans le cortège, on entand de nombreux slogans contre le pouvoir, certains visent nommément Rached Ghannouchi, chef du parti islamiste Ennahdha, arrivé en tête aux élections et qui dirige la coalition au pouvoir. « Le peuple veut la chute du régime », « Ghannouchi, assassin ». En boucle tourne aussi un slogan de la révolution qu'affectionnent les partis de gauche, « Pain, liberté, dignité nationale!» Des objectifs qui restent à réaliser deux ans après la révolution de jasmin.

Impasse politique

La Tunisie retient son souffle. Cette grève générale, longue d'une journée et décrétée sur l'ensemble du pays est une première depuis 35 ans. Lors de la révolution de 2011, le pays n'avait connu qu'un arrêt de travail de deux heures. Aujourd'hui, beaucoup d'usines ont débrayé, tous les vols au départ et à l'arrivée de Tunis ont été annulés, les magasins ont tiré leurs rideaux de fer. Dans un tel climat, il est presque étonnant de voir circuler les tramways. Les employés qui ne font pas grève, ont eu aussi pour consigne de rester chez eux. Des chars sont postés devant les centres commerciaux.

Politiquement aussi la situation est très floue : la proposition du Premier ministre, Hamadi Jebali, de former un gouvernement de technocrates n'a pas été suivie par la présidence de la République, ni par le mouvement Ennahdha dont il est issu. Pourtant, certains veulent croire que la transition est sur les rails. C'est leca de Slim Besbes, ex-ministre des Finances par interim et secrétaire d'Etat : « On avance, même si ce n'est pas de manière linéaire, c'est le sort de toute révolution : un pas en arrière, deux pas en avant », confie-t-il, optimiste malgré tout.

Entre la violence qui se répand dans les rues de Tunis et une situation politique bloquée, l'économie tunisienne risque de souffrir encore plus. Les autorités se défendent en rappelant que la croissance s'est affichée à 3% en 2012, un chiffre qu'elles espèrent dépasser en 2013... dans l'idéal et en l'absence de troubles majeurs.

Cette semaine, Mustapha Kamal el Nabli, l'ancien directeur de la Banque centrale qui a démissionné l'an dernier, chiffrait les pertes occasionnées par les cahots de la transition à 8% du PIB soit environ 250 euros par an et par Tunisien.

Commentaires 36
à écrit le 11/02/2013 à 14:39
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Croit-on que l?Europe est différente ? Quand on y voit des Papandréou qui font fortune dans l?Etat à faire du travail de cochon, on ne peut qu?être révolté ! Voyez l?explosion du chômage et des finances publiques, c?est qu?on y conduit les peuples à...

à écrit le 11/02/2013 à 9:49
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Vous avez remarqué partout où il y a du merdier ce sont des anciennes colonies de la France, la Tunisie, l'Algérie est encore sous un dictateur comme le Maroc, la Syrie est en guerre civile, le Liban on en discute pas, sans oublier le Mali dont les g...

à écrit le 10/02/2013 à 23:32
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Ou encore pire , et si un journal satirique s étais moque de leur intolérance .... Et n oubliez pas, Parlez à voix basse ... Ou derrière un voile afin que l on ne vous surprenne pas a donner votre opinion ...

à écrit le 10/02/2013 à 23:28
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Entre 50 et 120 € ... Au départ de Marseille et suivant les destinations ... , renseignez vous ... C est une pratique plus que courante par ici ...

à écrit le 10/02/2013 à 14:08
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Les tunisiens ont voté et c est le parti islamique qui a gagné!!alors on voit des gens qui contestent!!mais ceux la, pour la plupart etait pour la democratie et le respect du scrutin!!des intellectuels,des avocats ,des bobos qui pour la plupart vivai...

le 10/02/2013 à 17:48
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Bobo, l'insulte suprême. Et les beaufs de droite dans tout çà ? Et les fins de race qui prient en se moquant pas mal des pauvres ?

à écrit le 10/02/2013 à 10:48
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Font ce qu ils veulent , sont chez eux ... Tant qu ils mendient pas dans un an une intervention armée qui nous coûterait 70 millions ...

à écrit le 10/02/2013 à 10:45
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Di il devait y avoir un embargo aérien vers le Maghreb , on se retrouverait avec une amélioration immédiate du taux des inscrits à l anpe ... Pourraient plus venir pointer et repartir ...

le 10/02/2013 à 17:17
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Payer un billet d'avion pour venir pointer à l'anpe? J'ai rarement entendu plus con. Regardez le prix d'un aller retour...

à écrit le 10/02/2013 à 10:15
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Je me demande que se serait il passe si une manif avait eu lieu en France avec des pancartes " Tunisie dégage " ???

le 10/02/2013 à 11:22
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hou la la la! faut pas ça! même pas l'imaginer !

le 10/02/2013 à 17:20
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Il y a une différence : je n'ai pas entendu un ministre tunisien critiquer la montée populiste en France.

à écrit le 09/02/2013 à 19:20
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doit commencer , fin des islamistes = prospérité pour les peuples arabes, ce serait d'ailleurs possiblement la région qui pourrait être la plus dynamique du monde si ils arrivent à éviter ce piège islamiste...

le 10/02/2013 à 14:20
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Moralité : le peuple est souverain et n imposons pas à la tunisie notre modele!!s ils veulent un etat islamique c est leur probleme!!le reste c est du baratin qui va à l encontre de la democratie

à écrit le 09/02/2013 à 18:45
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moralité ... l'islam est incompatible avec la démocratie !

le 10/02/2013 à 17:22
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Vous avez réfléchi avant d'écrire ou vous êtes pas capable de discernement ?

à écrit le 09/02/2013 à 18:13
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Les tunisiens vivant en France ont voté en majorite pour le parti islamiste tunisien. Alors ils n'ont qu'a assumer leur vote et aller mettre de l'ordre dans leur pays.

le 09/02/2013 à 20:12
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ce soir , aux actualités, ils disaient, en foule massive, qu"ils en avaient marre des Français, et qu'on leur foutent " la paix.............?

le 10/02/2013 à 10:00
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Dans quelques annees ils diront la même chose au Mali : " la france dégage !"

le 11/02/2013 à 11:21
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40 % pour le parti islamiste, 60 % pour des partis démocrates... j'appelle pas ça une majorité !

à écrit le 09/02/2013 à 18:03
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Dur, dur pour le tourisme !!

à écrit le 09/02/2013 à 15:06
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Tunisie, Egypte Mali les vacances sont compromises pour cet été ....dans ces pays où les barbus adorent les occidentaux nous resterons en Europe!!!

le 09/02/2013 à 18:43
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..... n'en déplaise aux compagnies aériennes !

à écrit le 09/02/2013 à 11:56
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une fois de plus les médias Français (ce sont les seuls) fabriquent de nouvelles expressions islamiquement correctes, il n?y a pas de laïcité dans les pays musulmans. Notre scipion l?Africain de Président a la pétoche d?appeler un chameau, un chameau...

le 09/02/2013 à 14:24
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Atamachin, si vous aviez mis un jour les pieds en Tunisie, ce qui m'est encore arrivé avant qu'ils vire leur mafioso local, vous vous seriez rendu compte par vous-même que la Tunisie était un état laïque. Bien sûr, avec quelques marques de religion c...

le 09/02/2013 à 18:37
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rigolo, je suis un ancien du lycee carnot et ai de nombreuses relations avec la Tunisie alors des leçons, j?en ai plus à vous donner qu?à en recevoir et seul un nouveau Bourguiba ou Atatürk pourra redresser ce pays. Quant à votre délire anti américai...

à écrit le 09/02/2013 à 11:06
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Une dictature en remplace une autre ... fin de l'industrie touristique !

à écrit le 09/02/2013 à 9:39
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Première conséquence : le tourisme va être touché de plein fouet donc du chômage. Et par voie de conséquence du grain à moudre pour les Islamistes.

le 09/02/2013 à 15:14
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@Gilles 1: Ce serai exacte si les islamistes n'étaient pas au pouvoir. S'ils étaient encore une force d'opposition pointant les faiblesses du régime en place. Or, au pouvoir, ils le sont, et ils doivent assumer leur responsabilité première dans l'éta...

à écrit le 09/02/2013 à 8:40
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C'est une bonne nouvelle pour l'industrie du tourisme en france moins de touristes au maghreb c'est beaucoup plus de touristes dans le midi ont peut dire merci aux islamistes.

le 09/02/2013 à 9:35
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Dans le midi ? Des restaurants surfaits où l'on nous fait payer de la nourriture banale à un prix démesuré ? J'ai donné merci. J'espère que les gens préféreront la côte atlantique. Là-bas on ne prend pas les touristes pour des pigeons.

le 09/02/2013 à 9:39
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C'est certain mais des dizaines de milliers de réfugiés vont débarquer en Europe via l'Italie.

le 09/02/2013 à 12:40
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@Democratix: Aussi sur la côte atlantique il y a des pièges à touristes, mais beaucoup moins effectivement que dans le midi où beaucoup de restaurants (méritent ils ce nom?), sont ignobles. Mon expérience (pour ce qu'elle vaut) dirait que 90% des re...

à écrit le 09/02/2013 à 8:22
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j'aime beaucoup la Tunisie mais je n'y retournerai jamais avec des islamistes au pouvoir. Manque de sécurité donc pour que l'économie reparte il faut une démocratie en Tunisie et je leur souhaite de tout coeur que ce soit pour bientot c'est a ce prix...

à écrit le 08/02/2013 à 20:35
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Il est clair que quand la Démocratie s'exprime, l' "économie" tremble... Demandons-nous pourquoi.

le 09/02/2013 à 9:37
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Oui, le titre est évocateur. Je vois comme une chance la réaction des tunisiens qui manifestent pour la laïcité. Les éconocrates y voient une instabilité préjudiciable au PIB. A chacun son sens de la vie.

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