En plein psychodrame monétaire, le gouvernement japonais va désigner son futur gouverneur de la Bank of Japan (BoJ). Le nom de Haruhiko Kuroda a déjà filtré dans la presse nippone. Sans surprise, l'actuel président de la Banque asiatique de Développement est réputé favorable à la politique monétaire ultra-accomodante souhaitée par le premier ministre Shinzo Abe. L'annonce officielle de la désignation du futur chef de la BoJ devrait intervenir cette semaine et soumise au Parlement d'ici au 19 mars.
Shinzo Abe aux commandes
L'actuel gouverneur de la BoJ Masaaki Shirakawa avait démissionné fin janvier. Il avait cédé à la pression de Shinzo Abe qui souhaitait voir la banque centrale se fixer un objectif d'inflation annuelle de 2%, afin d'en finir au plus vite avec une déflation entravant l'économie nippone par intermittence depuis 15 ans. Pour lui succéder, le premier ministre a prévenu qu'il souhaitait un responsable en accord complet avec cet objectif et désireux d'assouplir encore la politique monétaire de la BoJ, statutairement indépendante du gouvernement.
Un membre du sérail conservateur
Ex-fonctionnaire de 68 ans, Haruhiko Kuroda répond à ce profil et remplit a priori les autres conditions posées par le Premier ministre: expérience dans le domaine de la finance, réseau relationnel étendu et capacité à exposer et défendre la politique monétaire et économique nippone sur la scène internationale. Avant de prendre ses fonctions début 2005 à la Banque asiatique de Développement, M. Kuroda fut conseiller spécial du Premier ministre de droite Junichiro Koizumi de 2003 à 2005.
Il fut vice-ministre des Finances chargé des Affaires internationales de 1999 à 2003, à une période où se succédaient les interventions directes du Japon sur le marché des changes pour stopper la hausse du yen.
Le yen continue de s'affaiblir
Lundi matin, la devise nippone baissait face aux principales devises. Vers 01H20 GMT (10H20 à Tokyo), le dollar grimpait à 94,04 yens contre 93,37 yens vendredi à 22H00 GMT, et l'euro à 124,02 yens contre 123,18 yens également vendredi. Ces dernières semaines, le yen a chuté en raison des nouveaux engagements de la BoJ en terme d'inflation. Des investisseurs tablent sur une poursuite de cette dépréciation si Haruhiko Kuroda devient gouverneur. Conséquence, la Bourse de Tokyo grimpait nettement et l'indice Nikkei des 225 valeurs vedettes gagnait 1,74% un peu plus d'une heure après l'ouverture.
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