Médicaments : un laboratoire américain dénonce la transparence européenne

Le groupe pharmaceutique américain Abbott poursuit le régulateur européen des médicaments devant la Cour de Justice européenne. En toile de fond: la bataille entre d'un côté les partisans d'une plus grande transparence sur les médicaments, et de l'autre, les entreprises qui craignent que leur position concurrentielle ne souffre d'une plus grande ouverture.
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La question de la transparence autour des données sur les médicaments surgit une fois encore. C'est désormais au tour du groupe pharmaceutique américain Abbott de se tourner vers l'Agence européenne des médicaments (EMEA). Selon le "Financial Times", AbbVie - la filiale dédiée à la pharmacie pure et à la recherche du groupe Abbott - a demandé une injonction pour empêcher l'EMEA de divulguer des données détaillées sur les effets observés chez les patients dans le cadre des essais cliniques réalisés pour son médicament Humira contre l'arthrite rhumatoïde.

"Des informations confidentielles et commercialement sensibles"

Ceci a, selon le quotidien britannique, été confirmé par AbbVie, justifiant cette action - devant la Cour de Justice européenne - dans le but de protéger des informations "confidentielles et commercialement sensibles". La société dit approuver "la transparence de la recherche clinique et les informations de sécurité au bénéfice des patients et des professionnels de la santé [mais pas] la divulgation des informations commercialement confidentielles qui ne contribuent pas réellement à l'examen scientifique ou à l'évaluation de nos produits."

Un frein à la recherche et au développement de nouveaux médicaments

Les entreprises craignent que leur position concurrentielle ne souffre d'une plus grande ouverture. Cela pourrait en effet tenter les concurrents qui développent des médicaments génériques ou des entreprises similaires de produire plus vite et moins cher. Or, il s'avère que les premiers intéressés par la divulgation de ces informations ne sont pas les chercheurs indépendants mais plutôt des compagnies pharmaceutiques, des consultants de l'industrie ou encore des avocats. Faut-il y voir un risque d'affaiblir les incitations à investir dans la recherche et le développement de nouveaux médicaments ? Pour les compagnies pharmaceutiques, cela paraît évident, note le Financial Times.

La décision de la Cour de Justice européenne devrait également clarifier l'engagement fait par l'EMA en 2012 sur l'ouverture aux données. A savoir, publier d'ici début 2014 toutes les données sur les médicaments en fonction des demandes qui lui sont soumises, une fois prise la décision d'approuver ou de rejeter la requête pour l'ensemble de l'UE. Du reste, la question risque de refaire surface lors des négociations pour un accord de libre-échange transatlantique.

Commentaire 1
à écrit le 14/03/2013 à 18:06
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pas bien compris: abbot veut avoir l'autorisation de ne pas divulguer tous les effets observés(favorables ou défavorables) de ses medicaments avant la mise sur le marché ou uniquement la stratégie commerciale ? Dans ce dernier cas cela semble légiti...

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