Quand un prof de Harvard contredit Keynes sur la base de... son orientation sexuelle

Par M.T.  |   |  398  mots
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Pour Niall Ferguson, professeur d'histoire de la finance à Harvard, Keynes n'avait pas de vision de l'avenir parce qu'il était gay et n'avait pas d'enfant. Des propos pour lesquels il s'est excusé.

Même les chercheurs les plus éminents peuvent parfois se tromper lourdement. Pour quelques mots lancés à la volée, l'un d'entre eux a même provoqué un tollé chez les économistes anglo-saxons. De quoi le pousser à s'excuser platement sur son blog. Niall Ferguson, historien écossais de 44 ans et professeur à Harvard s'exprimait le 2 mai en Californie devant des analystes financiers. Invité à commenter la célèbre expression de l'économiste britannique John Maynard Keynes "à long terme nous sommes tous morts", Niall Ferguson a proposé une explication toute personnelle...

"Ce sont les idées économiques de Keynes qui nous ont conduits aux problèmes que nous connaissons aujourd'hui"

"Keynes était homosexuel et n'avait aucune intention d'avoir des enfants. Nous ne disparaissons pas vraiment, nos enfants sont notre descendance. Ce sont les idées économiques de Keynes qui nous ont conduit aux problèmes que nous connaissons aujourd'hui", a-t-il répliqué, comme le rapport le site spécialisé dans l'information financière StreetLive Talk. Niall Ferguson a même mentionné le fait que Keynes était marié à une danseuse mais il a précisé qu'avec elle "il préférait plutôt parler de poésie que de procréer". Des propos qui n'ont pas manqué de créer une vive polémique, relayée notamment sur Twitter.

Les plates excuses du professeur

Niall Ferguson a rapidement répondu pour s'excuser. Sur son blog, l'auteur de "l'ascension de la monnaie, une histoire financière du monde" (2008) s'explique: "Ce que je voulais dire c'est qu'à long terme nos enfants, petits enfants et arrière petits-enfants, eux, seront vivants et devront payer les conséquences de nos actions économiques". Il regrette donc d'avoir affirmé que John Maynard Keynes ne se préoccupait pas de l'avenir à cause de son orientation sexuelle et parce qu'il n'avait pas d'enfant. "Il est évident que les gens qui n'ont pas d'enfants se soucient aussi des générations futures. Ensuite, j'avais oublé que Lydia, la femme de Keynes avait fait une fausse couche", écrit-il. L'historien termine son acte de contrition en affirmant que ses collègues, élèves et amis - hétérosexuels ou gays - ont tous les droits d'être déçus". Avant de parler, l'historien aurait sans doute mieux fait de relire ses classiques. Car, comme le prouve ce texte, l'avenir des générations qui lui ont succédé, Keynes s'en préoccupait!