Pourquoi le Brésil s'enflamme

Depuis le week-end dernier, le Brésil est touché par de grandes manifestations ayant attiré dans les rues plus de 200 000 personnes. Lundi, des échauffourées ont éclaté à Rio entre les manifestants et la police. Les Brésiliens protestent contre l'augmentation du prix des tickets de transports en commun et le coût de l'organisation de la Coupe du monde de football, qui se déroulera dans le pays en 2014. Si le Brésil affiche encore des taux de chômage extrêmement bas, la croissance de la septième puissance économique mondiale faiblit depuis trois ans.
Quelques 200 000 personnes ont manifesté, lundi, au Brésil pour dénoncer l'augmentation des transports en commun et le coût de la Coupe du monde de football qui sera organisée dans le pays en 2014 / Reuters

Des images des rues de Rio Janeiro en flammes, des policiers aspergeant les manifestants avec des bombes lacrymogènes, des casseurs s'attaquant aux forces de l'ordre... Le Brésil est sorti de son calme. Lundi, plus de 200 000 personnes sont descendues dans les rues de ce pays où les manifestations restent encore rares. La fronde, débutée le week-end dernier, s'est radicalisée. Des échauffourées ont éclaté à Rio faisant une trentaine de blessés.

Depuis samedi, les Brésiliens protestent contre la hausse du prix des tickets des transports en commun. En pleine Coupe des fédérations de football, ils ont également voulu dénoncer le coût des dépenses publiques engrangées pour financer l'organisation de la Coupe du monde de football, qui aura lieu dans le pays en 2014.

Devant l'ampleur des manifestations, le ministre des Sports a répliqué : "Nous ne permettrons pas que des manifestations perturbent les événements que nous nous sommes engagés à réaliser". Quelques heures plus tard, la président Dilma Rousseff (Parti des travailleurs) a préféré jouer la carte de l'apaisement : "Les manifestations pacifiques sont légitimes et propres à la démocratie". Surnommée la "révolte du vinaigre" sur les réseaux sociaux, le mouvement devait se poursuivre aujourd'hui. Alors pourquoi les jeunes brésiliens sont-ils donc descendus dans la rue ?

  • Les jeunes veulent profiter de la croissance

Rio, São Paulo, Brasilia... Les manifestations ont touché les métropoles abritant les grands pôles universitaires. Des milliers d'étudiants se sont mobilisés suite aux multiples appels à manifester lancés sur les réseaux sociaux. "Ce sont les jeunes de la classe moyenne éduquée qui sont descendus dans la rue. Ils veulent enfin profiter de la croissance ", décrit Julien Vercueil, spécialiste de l'économie des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) et auteur de Pays émergents: Brésil, Russie, Inde, Chine... Mutations économiques et nouveaux défis. La croissance ? Elle ne représentait pourtant que 0,9% du PIB en 2012, bien loin des chiffres affichés par la Chine (7,8%) ou l'Inde (4%). "En Asie, la productivité horaire est plus compétitive. Il ne faut pas se focaliser sur ce taux de croissance. Le pays reste en bonne santé économique, notamment grâce à ses exportations de matières premières. Mais la jeunesse n'a pas l'impression d'en profiter", résume Julien Vercueil. La croissance connaît tout de même une forte baisse puisqu'elle s'élevait à 2,7% du PIB en 2011 et 7,5% en 2010.

  • La menace de l'inflation

Le Brésil dispose d'une monnaie très forte comparée aux autres pays émergeants (1 real équivaut environs à 0,34 euros). "Leur monnaie est surévaluée à l'échelle mondiale", estime Julien Vercueil. La Banque centrale brésilienne est donc intervenue pour faire baisser le real de 40% face au dollar et redonner ainsi de la compétitivité à l'industrie. Une tactique qui a augmenté les exportations, mais aussi le prix des produits importés.

L'an passé, l'inflation a progressé de 5,84%. Les prix ont été tirés à la hausse par les médicaments (+0,9%), les vêtements (+0,8%) et le logement (+0,7%). Le 30 mai, la Banque centrale du Brésil a relevé son taux d'intérêt directeur de 0,5 point à 8%, pour tenter de freiner l'inflation. Reste à savoir si et quand les effets se feront ressentir.

  • De l'argent pour la santé et l'éducation

Les manifestations ont débuté samedi à São Paulo, une ville de 11 millions d'habitants où le réseau de transports en commun est vétuste et restreint. Le 2 juin dernier, le prix des tickets de métro et de bus y a augmenté de 20 centimes de reals, passant ainsi de 3 à 3,20 reals. "La somme peut paraître modique, mais cette augmentation est l'élement déclencheur d'un mécontentement de plus en plus prégnant chez les classes moyennes. Elles ne comprennent pas que l'argent public serve à construire des grands stades de football, qui seront peu rentables au final. Elles souhaiteraient plutôt qu'on améliore enfin leurs conditions de vie, notamment dans les secteurs de la santé et de l'éducation", note Julien Vercueil.

Si le chômage est relativement bas (5,5%), le Brésil reste un des pays les plus inégalitaires au monde et la corruption des classes politiques très élevée. Le coût de la Coupe du monde évalué à 15 milliards de dollars sera en partie financé par les 200 millions d'habitants du plus grand pays d'Amérique latine. Les Brésiliens comptent parmi les contribuables payant le plus d'impôts au monde.

 

 

Commentaires 17
à écrit le 19/06/2013 à 18:12
Signaler
Les manifestants veulent l'argent du mondial pour la santé et l'éducation et refuse l'augmentation des transports (un billet c'est presque 1 euro) ce qui est énorme pour un budget brésilien comparé aux salaires!!! De plus, le pays subit une inflation...

à écrit le 19/06/2013 à 16:47
Signaler
Corruption, protectionnisme, un appareil politique, bureaucratique et administratif digne de l'URSS, une guerre civile aussi pire qu'en Syrie, mais là ce ne sont pas pour des motifs religieux mais pour 50 reais ( 20 euros ), un système de transport, ...

à écrit le 19/06/2013 à 15:16
Signaler
c'est ce qui arrive dans tout pays dirigé par la gauche

à écrit le 19/06/2013 à 14:20
Signaler
Quelque chose me dit qu'ils ont marre de manger du foot matin, midi et soir. Le deni de realite a touche a sa fin. Le prochain sera la France.

à écrit le 19/06/2013 à 14:06
Signaler
Le Brésil semble devenir et vouloir devenir le successeur de la France sur la scène internationale, la France entrée dans l'OTAN est morte et désosse son armée et son influence par sa faillite, le Brésil, pays bigarré, qui a souvent eu historiquement...

le 23/06/2013 à 20:16
Signaler
Une belle flotte, coûteuse, et pour faire quoi? des ronds dans l'eau? Le Brésil n'est menacé par personne, et, à ma connaissance, n'a pas de réelles revendications sur des territoires extérieures. Donc de l'argent gaspillé, que la jeunesse réclame dé...

à écrit le 19/06/2013 à 12:56
Signaler
Le Bresil c'est comme la France : une fiscalite chaotique, un code du travail kafkaien, une croissance basee sur la consommation a credit et plein de fonctionnaires . La seule difference : exportation de matieres premières vers la Chine. Comme l'expo...

le 19/06/2013 à 13:45
Signaler
Ahahaha. Il faut bien ne rien connaître à la misère pour s'imaginer des stupidités pareilles

le 19/06/2013 à 14:17
Signaler
@ paulux Ce sont les jeunes eduques pas les jeunes des favelas qui sont dans les rues alors ne parlez pas de misere. Cependant on peut les comprendre le transport est un poste de depense tres important dans toute l'amerique latine.

le 19/06/2013 à 14:38
Signaler
@ celui qui pratique les effets de masse Vous êtes sur place pour observer le visage des contestataires ?La jeunesse de Sao Paulo, certainement quant à elle éduquée, vit dans des conditions de misère, comme donc les jeunes éduqués en France en proven...

le 19/06/2013 à 14:42
Signaler
Mais si , mais si Polux, transport public gratuit. Le droit au transport. On connait, non ? Droit au logement, droit de ci, droit de ça. On voit ou ça nous mene : http://www.correiocidadania.com.br/index.php?option=com_content&view=article&id=8484:s...

à écrit le 19/06/2013 à 11:51
Signaler
La vente du Rafale au Brésil est aussi mal partie. Avant même ces manifestations, l'achat d'avions de combat n'était plus une priorité pour la présidente du Brésil, Dilma Roussef. Alors maintenant!

le 19/06/2013 à 12:38
Signaler
Et pourtant ce sont dans les périodes d'agitations que les armes se vendent le mieux. Il suffit d'observer l'état des relations commerciales entre la Syrie et la Russie pour s'en convaincre. Les dictatures n'ont aucun scrupule à acheter des armes pou...

à écrit le 19/06/2013 à 11:15
Signaler
ah le miracle bresilien , le foot , c'est bien le foot ? , cela coute cher ces raouts internationaux a bâtir du stade a tout va et qui après ne servent a rien , en plus provoque de la dette publique , en prime des couts de fonctionnements de stades ,...

le 19/06/2013 à 11:28
Signaler
Les JO de Grece ont aussi plombés la dette de ce pays. Le sport est devenu un luxe, j'oserai dire d'inutile, en tant que des dépenses dont l'utilité resta à prouver dans le temps. D'accord avec Nalzac

à écrit le 19/06/2013 à 11:09
Signaler
C'est dû aux augmentations de prix, à l'inflation, et au fait que les "gros" sont privilégiés par rapport aux petits, le tout à cause des politiques des banques centrales : tout faire pour aider les banques en baissant les taux à mort et en leur attr...

à écrit le 19/06/2013 à 11:03
Signaler
"Le coût de la Coupe du monde évalué à 15 milliards de dollars sera en partie financé par les 200 millions d'habitants". Certains principes ne changent jamais : Privatiser les gains et les bénéfices, nationaliser les pertes et les dettes ....

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.