En Inde, le télégraphe ne répond plus

Après 160 ans de bons et loyaux services, l'agence des télécommunications indiennes a décidé de fermer son service d'envoi de télégraphes, concurrencé par le téléphone et surtout l'Internet. Les Indiens n'ont plus que jusqu'au 14 juillet pour envoyer leurs derniers télégrammes. Le service employait 998 personnes.
De célèbres télégrammes ont marqué l'Histoire dans le monde entier. Sur celui-ci, Robert Kennedy invite Martin Luther King aux funérailles de son frère, John F. Kennedy en 1963 / Reuters

Il fait parti de ces "technologies" dont on oublierait presque qu'elles existent... encore ! Après la Malaisie et l'Australie en 2012, le BSNL (Bharat Sanchar Nigam Limited), l'agence de télécommunications indienne, a décidé de fermer son service d'émissions de télégraphes actif depuis 160 ans. Le 14 juillet prochain, les télégrammes indiens feront désormais partie de l'Histoire comme le rapportait, vendredi, le correspondant en Inde du quotidien américain The Christian Science Monitor.
"Nous affrontons des pertes de 23 millions de dollars par an. Les SMS et les smartphones ont rendu le service redondant", explique dans le journal Shamin Akhta, le directeur général des services de télégraphie du BSNL.

65 millions de télégrammes par an

Durant l'âge d'or des télégrammes indiens, en 1985, 65 millions de missives étaient envoyées chaque année dans les 45 000 bureaux spécialisés gérés par 12 500 salariés. Les télégrammes servaient  alors surtout à annoncer la mort d'un proche. Il n'existe désormais plus que 75 bureaux employant 998 personnes. Elles seront bientôt transférées vers d'autres services du BSNL

Aujourd'hui, la majorité des télégrammes - 65% - proviennent du gouvernement. La population les utilise surtout en cas d'urgence. "Un grand nombre de télégrammes sont envoyés par des couples en fuite, qui se sont mariés secrètement, parce que leurs parents ne les auraient pas autorisé à épouser quelqu'un d'une autre caste, d'une autre classe ou religion", décrit R.D. Ram, un employé du service. "Ces télégrammes leur permettaient d'informer leur famille de leur union, mais également d'alerter la police et la Commission nationale des droits de l'homme", ajoute-t-il. D'autant que les missives peuvent avoir une valeur juridique en cas de procès.


En France, Orange propose encore à ses clients d'envoyer des télégrammes. Les messages sont en fait transmis par courrier et par téléphone à leur destinataire. Sur son site Internet, le groupe vante "un moyen original et marquant"  d'adresser un message à ses proches. Les utilisateurs peuvent les commander par téléphone ou... directement en ligne ! Bien loin de l'ambiance des télégraphes qui crépitent en délivrant leurs célèbres messages codés.
 

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