Le "roi du pétrole" brésilien a perdu 29,1 milliards de dollars... en 18 mois

Par latribune.fr  |   |  605  mots
Eike Batista était encore l'homme le plus riche du Brésil et la 7e fortune mondiale l'an dernier. (Photo Reuters)
Eike Batista voulait devenir l’homme le plus riche du monde. Après avoir approché de son but, le milliardaire brésilien a effectué un plongeon inédit dans l'histoire des fortunes mondiales.

Il se rêvait plus riche que Bill Gates ou Carlos Slim. L'an dernier, Eike Batista, "roi" du pétrole brésilien, frôlait son but du bout de ses milliards, avec sa 7e place au classement mondial des plus grosses fortunes établi par Forbes. Aujourd'hui, il ne figure même plus dans le top 100. En un an et demi, la fortune de l'homme d'affaires est passé de 30 milliards de dollars, à 900 millions. Une somme encore rondelette certes, mais qui pourrait encore décroître car elle repose en grande partie sur des entreprises cotées qui n'ont pas encore réalisé de profits, note le site américain Forbes. 

Les déboires d'OGX

Les causes d'un tel plongeon?  Des paris boursiers en passe de mal tourner. Ils concernent surtout l'une des filiales de son empire pétrolier et minier (EBX), OGX, qui connaît depuis plusieurs un mois de sérieux revers. En juillet, après l'annonce de l'abandon d'un puits de forage et de la construction d'un autre, la chute s'est accélérée. La semaine dernière, le titre perdait pas moins de 63% de sa valeur, après un plongeon de 40% le vendredi 29 août.

L'ardoise d'OGX, de près de 5 milliards de dollars, risque de pousser l'entreprise vers l'une des faillites les plus graves de l'histoire du pays. Le groupe espère par ailleurs conclure un accord passé avec le malaisien Petronas qui partagerait l'exploitation d'un champ pétrolier à hauteur de 40%. Mais la compagnie pétrolière conditionne le versement des 850 millions de dollars concédés lors du compromis surle règlement des dettes du groupe. 

De son côté, Eike Batista dit assumer la situation. "Je ne laisserai pas le moindre centime impayé pour chacune de mes dettes", a-t-il ainsi affirmé en juillet dans un article publié dans le journal brésilien Valor Economico. "Personne n'a perdu autant que moi, c'est normal qu'il en soit ainsi (...) Plus que quiconque, je me suis demandé : quelle a été mon erreur ? Qu'aurais-je dû faire différemment ?", s'interroge-t-il dans cet article. 

De la mine d'or au dîner à 7 millions avec Madonna

Pourtant, jusque là, l'homme de 56 ans avait connu une ascension sans accident majeur. Fils d'un ancien ministre des Mines et patron du groupe Vale, aujourd'hui l'un des géants mondiaux du secteur minier, il a été élevé par une mère allemande et est titulaire d'un diplôme d'ingénieur. De retour au Brésil après ses études en Europe, ce polyglotte se lance à 23 ans dans l'industrie aurifère en Amazonie. 

Avec les 6 millions de dollars qu'il a en poche, il reprend une mine d'or qu'il développe et sur laquelle il fonde son groupe. Dans les années 1990, il défraie la chronique mondaine en épousant une danseuse et "playmate", reine du Carnaval de Rio avec lequel il a deux enfants. Au passage, le magnat décroche aussi plusieurs titres de champion de motonautisme, dont un mondial. Il aime, enfin, à se montrer en philanthrope, comme lorsqu'il offre 7 millions de dollars à la chanteuse Madonna lors d'un dîner en 2009, pour financer un projet caritatif au Malawi. 

Monsieur "X"

En 2011, au faîte de sa carrière, "l'homme le plus riche du Brésil" publie un livre dont le titre "O X da questão" reprend sa lettre fétiche, le "X", qui figure dans les noms de ses sociétés et qui symboliserait la multiplication. Aujourd'hui, c'est plutôt de division dont il est question. Dans sa confession publiée en juillet, il pointe un regret: "Aujourd'hui si je pouvais remonter le temps, je ne choisirais pas le marché boursier".