Ça barde entre Washington et Berlin. Après l'affaire des écoutes téléphoniques, le dernier rapport du Trésor américain sur les taux de change publié le 30 octobre met de l'huile sur le feu en taclant l'économie allemande.
L'Allemagne exporte trop
Son modèle de croissance fondé sur la puissance des exportations est considéré comme l'une des causes majeure de la faible résilience de la zone euro. Le Trésor constate ainsi :
"L'Allemagne a conservé un large excédent commercial tout à long de la crise financière, et en 2012, [son] son excédent nominal courant était plus important que celui de la Chine. Le rythme anémique de croissance de sa demande intérieure et sa dépendance aux exportations ont entravé le rééquilibrage à un moment où de nombreux autres pays de la zone euro ont subit une pression sévère pour réduire la demande et compresser les importations".
Les Allemands doivent consommer plus
En clair, Washington reproche à Berlin d'avoir inondé l'Europe de ses produits et services alors, qu'en pleine crise de la dette, ses partenaires commerciaux étaient contraints de pratiquer des politiques de rigueur qui ont pesé sur leur propre croissance.
Pour le Trésor américain, cette situation a eu pour conséquence de provoquer une déflation dans la zone euro et dans le reste du monde. Aussi presse-t-il la coalition au pouvoir en Allemagne - toujours en cours de formation - de soutenir davantage la croissance de sa consommation intérieure.
Ces critiques formulées par l'administration américaine ne sont pas tout à fait neuves : au mois d'avril, le précédent rapport sur les changes avait donné lieu à des observations du même ordre mais avec une intensité bien moindre. Les Pays-Bas étaient alors également désignés comme étant l'un de ces pays européens qui fondent trop leur croissance sur les échanges internationaux et pas assez sur la demande intérieure. Cette fois, le Trésor se montre beaucoup plus clair et sévère à l'égard de son partenaire commercial.