Pour les économies émergentes, le danger pourrait venir de la Fed en 2014

Le retour de la croissance dans les pays développés devrait profiter à l'ensemble de l'économie mondiale selon la Banque mondiale. Mais le resserrement progressif de la politique monétaire américaine fait toujours courir des risques importants aux pays émergents.
Les rumeurs du tapering de la Fed avaient fait chuter la roupie indienne l'été dernier. Pour cette année, la Banque mondiale est plus rassurante, mais le risque d'une fuite des capitaux des émergents court existe toujours. (Photo : Reuters)

Le retour de la croissance en Europe et aux Etats-Unis signifie-t-il la fin de la croissance tous azimuts pour les émergents, qui ont profité ces dernières années des largesses de la politique monétaire américaine ? Pas forcément, répond la Banque mondiale dans sa dernière étude biannuelle sur les perspectives de l'économie en 2014.

La croissance en Europe et aux Etats-Unis devrait doper les échanges

"L'accélération dans les pays riches est tout à fait la bienvenue", commente même Andrew Burns, l'économiste de l'institution en charge de l'étude. Selon lui, un deuxième moteur de croissance pour seconder les émergents aura en effet pour résultat de doper les échanges mondiaux. L'étude montre en effet que si le redémarrage se confirme, on pourrait assister à une progression de 5,2% des échanges mondiaux d'ici à 2016, alors que le commerce mondial marquait le pas ces dernières années.

La Banque mondiale se dit confiante dans son étude sur la qualité de la reprise dans les grandes économies qui subissaient jusque là le choc des politiques d'austérité. Selon son scénario le plus optimiste, le simple assouplissement des politiques de réduction des dépenses pourrait faire gagner de l'ordre d'un point de PIB aux Etats-Unis et à l'Union européenne, et 0,5 point de PIB aux économies émergentes et en voie de développement en 2014.

Réduction du quantitative easing sans impact majeur

Le problème, c'est que le retour de la croissance, notamment aux Etats-Unis, signifie aussi un resserrement progressif de la politique monétaire américaine. Les émergents avaient en effet souffert d'une fuite de capitaux suite aux rumeurs d'une réduction de ses achats d'actifs dans le cadre de son programme de quantitative easing par la Fed. On craignait alors que ces fuites de capitaux ne provoquent une hausse des taux néfaste pour les investissements dans les économies émergentes, qui y sont très dépendantes.

Finalement, "l'annonce du tapering en décembre et le début de la réduction effective des rachats d'actifs par la Fed se sont bien passés", explique Andrew Burns. Si bien que la Banque mondiale anticipe un ralentissement progressif des flux de capitaux de 0,6 point, passant d'une hausse de 4,6% en 2013 à 4% en 2014.

Un choc sur les taux est toujours possible

"Mais le risque d'un bond des taux américains existe toujours," selon Andrew Burns. Le débouclage par la Fed de sa politique d'assouplissement quantitatif n'en est en effet qu'à ses prémices, et le doute persiste sur les marchés quant au bon rythme à adopter pour ne pas provoquer de hausse exagérée des taux, suite à des chiffres de l'emploi américain qui laissent perplexes.

Ce que craint la Banque mondiale, c'est la volatilité. Elle pense en effet qu'une hausse de cent points de base du rendement des Treasuries, les titres de dette souveraine américaine rachetés par la Fed, provoquerait une chute de 50% des afflux de capitaux vers les émergents sur une courte période avant de repartir progressivement et de retrouver un rythme de progression normal en 2016. Dans le pire des scénarios, la banque mondiale prévoit même une chute momentanée de 80% des flux de capitaux à destination des émergents en cas de choc trop important provoqué par la Fed.

Des émergents vulnérables

Un tel scénario révèlerait alors, comme l'été dernier, les failles des émergents les plus exposés aux déficits courants, à des pressions inflationnistes ou à une trop forte dépendance aux capitaux extérieurs. Le Brésil, la Turquie, l'Indonésie ou encore l'Inde pourraient alors connaître des problèmes de financement de leurs systèmes bancaires. Encaisser un tel choc coûterait 0,8 point de PIB sur deux ans.

Comme en 2013, les émergents devront garder les yeux rivés sur les yeux de la banque centrale américaine afin d'anticiper au mieux tout risque de choc et ne pas reproduire la panique de l'été dernier.

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.