Si vous n'avez rien suivi de la situation de l'Argentine et de son peso...

Dévaluation, inflation, attaque spéculative... Le peso argentin a souffert sur les marchés, perdant 14% en deux jours. Opération mesurée par le gouvernement ou attaque spéculative ?
Le cours du peso argentin est l'objet de toutes les attentions depuis deux jours. (Reuters/Enrique Marcarian)

Que se passe-t-il en Argentine ? Les informations pouvant sembler contradictoires sont arrivées toute la journée de Buenos Aires, jetant le doute sur l'avenir de la monnaie d'un pays en difficulté.

  • Le peso perd 14% en deux jours

Jeudi, la monnaie argentine atteint des niveaux bas alarmants, se dépréciant face au dollar de 13,9% en deux jours, du jamais vu depuis la crise économique de 2001. La raison : une nouvelle stratégie du gouvernement, qui a décidé de laisser filer le cours de sa monnaie. L'objectif est alors d'envoyer des signaux de confiance aux marchés.

Le taux de change finit par franchir la barre des 8 pesos pour un dollar (8,01), après avoir dépassé la veille la barrière symbolique des 7 pesos, un choc pour les Argentins, habitués dans les années 1990 à la parité peso-dollar.

>> Lire : Le peso argentin perd près de 19% en trois semaines

  • Le gouvernement satisfait du niveau atteint

Vendredi, le chef du gouvernement argentin Jorge Capitanich se veut rassurant en indiquant avoir atteint l'objectif de dévaluation du peso argentin, confirmant par là qu'il s'agissait d'une stratégie du gouvernement :

Dans le cadre de la politique monétaire de flottement administrée du taux de change, le gouvernement considère que le prix du dollar a atteint un niveau de convergence acceptable, conforme aux objectifs de la politique économique.

Auparavant, une incertitude subsistait sur le caractère voulu, ou subi, de la dévaluation. En parallèle, des restrictions sur l'achat de dollars ont été levées : "nous avons décidé d'autoriser l'achat de dollars pour les personnes physiques en fonction de leurs revenus déclarés", a indiqué Jorge Capitanich.

>> Lire : Le gouvernement argentin se dit satisfait de la dévaluation du peso

  • Le dollar "bleu"

Échaudés par la crise de 2001, les Argentins ont perdu confiance en leur monnaie, et épargnent surtout en dollars américains. Mais pour freiner la fuite des devises, le gouvernement a strictement encadré l'achat de devises étrangères en 2011... Précipitant les Argentins sur le marché parallèle, où ils se fournissent en "dollar blue" (dollar bleu).

Tiré par l'évolution du taux de change officiel, le cours du "blue" a lui aussi atteint des sommets, propulsé à plus de 12,5 pesos par dollar avant que les opérations soient temporairement suspendues, faute de visibilité.

  • Des réserves qui fondent à vue d'oeil

Si la levée de restrictions va soulager les Argentins, leur permettant notamment de se fournir en devises etrangères avant de partir à l'étranger, elles risquent de continuer à saigner les réserves argentines. La banque centrale va en effet devoir fournir plus d'argent à l'économie, comme l'a expliqué au Wall Street Journal (lien en anglais) l'économiste Luis Secco.

Le gouvernement semble vouloir détendre l'interdiction sur les achats de dollars afin de diminuer la pression sur le peso, et surtout sur les réserves en devises de la banque centrale.

Les réserves monétaires ont en effet chuté de 52 à 29 milliards de dollars depuis début 2011, l'Argentine ayant dû puiser dans ses économies pour régler les achats de carburants à l'étranger et rembourser sa dette. Cette perte suscite des inquiétudes car l'Argentine pourrait faire défaut sur sa dette, ou tomber dans une profonde récession, risquant de ne plus pouvoir acheter les importations dont il a besoin pour maintenir son économie.

  • Dévaluation maîtrisée, ou subie ?

Mais dans la soirée de vendredi, le ministre argentin de l'Economie Axel Kicillof a assuré dans un entretien à Radio Continental que le peso avait en réalité été victime d'une attaque spéculative émanant du pétrolier Shell.

Il y a eu une attaque spéculative très forte (...) Il y a eu une demande d'achat de 3,5 millions de dollars à 8,40 pesos de la part de l'entreprise Shell, qui aurait pu acheter à 7,20 pesos.

  • Shell aurait voulu déstabiliser le gouvernement ?

Le ministre y voit même une tentative de déstabilisation du gouvernement. Il faut dire qu'il existe un passif entre le leader mondial du secteur pétrolier et l'exécutif argentin.

Pendant deux ans, raconte le Wall Street Journal, Shell Argentine et son président Juan Jose Aranguren ont été les boucs émissaires de l'administration Kirchner. Shell avait publiquement critiqué l'expropriation d'YPF, groupe argentin appartenant au pétrolier Repsol, par le gouvernement.

L'objectif pour le pays était alors d'améliorer ses comptes publics, en faisant de l'Argentine un exportateur net d'énergie... Au détriment des intérêts des pétroliers.

  • Le FMI propose son aide

Façon de truquer le bilan d'un pays en difficulté ? En février 2013, le FMI avait menacé l'Argentine d'exclusion après avoir découvert que le pays avait maquillé des chiffres de son bilan financier.

Néanmoins, le Fonds a proposé son aide, par l'entremise de son directeur adjoint, Zhu Min, en marge du Forum économique mondial de Davos.

Le FMI serait "plus qu'heureux d'aider" l'Argentine, dont les réserves de devises faiblissent "mais, comme vous savez, nous n'avons pas de dialogue officiel depuis 2004", a déclaré Zhu Min, ajoutant que le FMI "surveillait très attentivement" la situation.

Commentaires 5
à écrit le 26/01/2014 à 11:00
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bonjour l'inflation galopante .C'est le peuple qui va trinquer ,comme toujours et partout.

à écrit le 25/01/2014 à 14:26
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Tenez bon les Argentins vous êtes sur la bonne voie.

à écrit le 25/01/2014 à 9:22
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Un avant-goût de ce qui va se passer en Europe?

à écrit le 25/01/2014 à 1:59
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Merci à la tribune,vous êtes encore un des seuls médias qui laisse la liberté d'expression aux citoyens dans le respect de la charte, tous les autres médias veulent absolument vous floquer, pourquoi, avant 2012, tous les français se sont défoulés sur...

à écrit le 24/01/2014 à 21:59
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Une "attaque spéculative très forte" ? Avec 3.5 millons de dollar ? C'est crédible ça ?

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