
Pourquoi François Hollande se rend-il en visite d'Etat à Istanbul ?
Je pense que c'est une visite de routine. On peut y voir l'ambition de maintenir, au minimum, les positions françaises en Turquie. La plupart des entreprises du CAC40 sont présentes dans le pays, des banques, beaucoup de nos fleurons industriels ou hôteliers. Mais c'est avant tout une visite de reprise de contact entre les deux pays. On est dans une situation de standby, il s'agit de prendre la température d'un chef d'État un peu affaibli après des manifestations et des accusations de corruption. Peut-être que François Hollande peut envoyer un signal positif à la Turquie, mais de là à ce que ça devienne un symbole, je n'en suis pas convaincu à l'heure d'aujourd'hui.
Les entreprises françaises ont-elles souffert de la position ferme de Nicolas Sarkozy contre l'adhésion de la Turquie à l'Europe ?
Il y a toujours un décalage entre le discours politique et la réalité économique. Mais, en termes de business, de part de marché, je pense que le rejet du projet d'adhésion a été plutôt négatif pour les entreprises françaises et européennes. Elles étaient d'ailleurs plutôt favorables à un rapprochement entre la Turquie et l'Union européenne. Les Turcs, de leur côté, se sont sentis trahis par l'Union européenne, et les relations, dans un contexte européen lui-même peu favorable, risquent d'être encore plombées pendant quelques années.
Qu'est-ce que François Hollande pourrait apporter à la Turquie ?
La Turquie a deux problèmes structurels : d'une part, celui du chômage. Le pays ne crée pas assez d'emplois pour absorber les nouveaux demandeurs, alors qu'il scolarise de plus en plus de jeunes, les filles notamment. Son deuxième problème, c'est le déficit courant. Bon an, mal an, il oscille autour de 10% du PIB. Le pays doit donc attirer des capitaux et des investissements extérieurs. Peut-être qu'un contrat peut essayer de recoller les morceaux ?
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