Relancer l'investissement productif pour assurer une croissance durable. C'est l'enjeu auquel la Chine tente de faire face. Pour cela, l'Autorité chinoise de régulation bancaire a annoncé mardi qu'elle allait tester la possibilité pour des sociétés privées de créer leur propre établissement bancaire.
Une annonce qui fait écho à celle de novembre, lorsque Pékin promettait d'ouvrir aux investisseurs privés un secteur bancaire encore étroitement contrôlé par l'État.
Création de cinq banques privées
"Nous avons sélectionné une poignée (d'investisseurs) à capitaux privés pour participer de concert à un programme d'essai visant à créer cinq banques dans un premier temps", a expliqué Shang Fulin, président de l'Autorité chinoise de régulation bancaire.
Aucun calendrier n'a été fourni, mais le régulateur a pris soin de préciser que cela se ferait "de façon prudente". "Le feu vert" ne sera donné à chacune d'entre elle que lorsque tout sera prêt. Pour que le processus soit validé par les autorités, les investisseurs à capitaux privés devront au moins être deux, et les nouvelles banques opéreront "de façon indépendante", promet l'Autorité de régulation.
Pour l'heure, neuf entreprises privées ont été choisies par Pékin pour cette phase de test. Parmi elles, on compte Alibaba, le numéro un du commerce en ligne en Chine, le groupe Tecent, connu pour ses réseaux sociaux et services de messagerie instantanée, le conglomérat Fosun et l'équipementier automobile Wangxiang.
Financer le secteur privé
La mission de ces cinq futures banques est claire : financer les petites et micro-entreprises qui peinent à accéder au crédit dans le système actuel. Cette phase de test participe en ce sens à la restructuration de l'économie chinoise voulue par Pékin.
Le système financier chinois est en effet dominé par des banques publiques qui financent essentiellement les grandes entreprises d'État et les gouvernements locaux. Lors de la crise qui a suivi la chute de Lehman Brothers en 2008, ces deux derniers avaient été le réceptacle de la politique monétaire expansionniste de la People Bank of China (PBOC), la banque centrale chinoise, afin de maintenir la croissance et les créations d'emplois qui vont avec.
Mais les investissements des entreprises publiques et des gouvernement locaux, consistant essentiellement en des grands travaux, s'étaient faits au détriment de l'investissement productif.
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Un enjeu pour la croissance
Depuis l'an dernier, la PBOC tente de restreindre la forte expansion du crédit qui a suivi la crise de 2008. Les autorités chinoises tentent par ailleurs d'endiguer une finance dérégulée, le shadow banking ou finance de l'ombre, qui s'est mise en place d'elle-même pour palier aux faiblesses des banques publiques pour financer les entreprises privées.
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Résultat, la liquidité dans l'économie chinoise diminue et fait craindre un coup de frein trop prononcé de la croissance chinoise. En 2014, elle devrait plafonner à 7,5% selon les estimations officielles. Son niveau le plus faible depuis 13 ans. A cela s'ajoutent des indicateurs décevants ces dernières semaines.
Pékin voit dans le développement d'un système bancaire non public un moyen de doper l'investissement privé, l'une des composantes de la demande intérieure avec la consommation. L'objectif final étant le rééquilibrage de la croissance vers plus de demande intérieure pour réduire la dépendance aux exportations.
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