Italie : le fisc établit la géographie de l'évasion fiscale du pays

L'administration fiscale a réparti les départements du pays en huit groupes, en fonction de leur "dangerosité fiscale". L'objectif : se servir du plan pour améliorer la lutte contre la fraude, en diversifiant l'action sur le territoire.
Giulietta Gamberini
11,2 millions d'Italiens vivent dans des départements à haut risque de fraude fiscale. (Photo: Reuters)
"Dis-moi où tu habites, je te dirai si tu paies tes "impôts" : ainsi pourrait-on résumer le sens du nouveau plan de l'Italie dessiné par le fisc du pays. En fonction de leur niveau de "dangérosité (d'évasion) fiscale", les départements de la péninsule ont été divisés en huit groupes aux noms suggéstifs : de celui dénommé "Grand danger" à celui appelé "Tout le monde va bien", en passant par les zones baptisées "Rien à déclarer" ou "Nous ne sommes pas des anges".
 
36 variables ont été analysées par l'administration fiscale pour élaborer cette topographie inédite qui, au-delà de la "dangérosité fiscale" et de la taille du bassin de référence, prend en compte cinq autres dimensions : la dangérosité sociale, le train de vie, la structure productive, l'accès aux services et la présence d'infrastructures.

Un paysage varié

Le but : améliorer la lutte contre l'évasion fiscale, notamment en termes d'argent récupéré, en diversifisant l'action sur le territoire national. L'efficacité de chaque direction départementale du fisc sera en effet désormais rapportée à celle des autres appartenant au même groupe, précise l'étude.
 
La carte du pays qui en ressort est en effet hétérogène. Si 11,2 millions d'Italiens vivent dans des départements à haut risque d'évasion, 23,3 millions habitent dans des zone où ce danger est limité, peut-on remarquer en croisant la carte avec les données de l'Institut national des statistiques (Istat) en matière de résidents. 9,4 milioni de personnes vivent dans des lieux où la probabilité d'évasion est moyennement élevée, notamment dans les villes et les banlieues de Rome et de Milan.

Le risque est plus élevé dans les métroples et au Sud

Rome et Milan (qui constituent l'aire appelée "Métropolis"), avec la zone dénommée "Rien à déclarer" (comprenant onze départements du Sud), sont en effet responsables de la plus grosse partie des 90 milliards d'impôts évadés aux frais du fisc de l'Etat. Un énorme trou que l'administration fiscale n'arrive pas à combler : en 2013 elle n'a réussi à récupérer "que" 13,1 milliards d'euros.

Les département les plus honnêtes en termes d'impôts sont en revanche ceux qui font partie des groupes "Industriel" et "Tout le monde va bien" : essentiellement des petites et moyennes villes du Nord.

                  La carte d'italie selon le risque d'évasion :

Les zones, dans l'ordre de présentation: "Rien à déclarer", "Tout le monde va bien", "Les équilibristes", "Dangereuses habitudes", "Risque total", "Nous ne sommes pas des anges", "L'industrielle", "Métropolis".

Giulietta Gamberini
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