Obama au Japon : les poignées de mains abondent mais les négociations piétinent

Le Président Barack Obama et le Premier ministre japonais Shinzo Abe se sont rencontrés mercredi à Tokyo. Il s'agit de la première visite d'état américaine au Japon depuis près de 20 ans. Au cœur de la réunion, le partenariat Trans-Pacifique (TPP), un projet de zone de libre échange entre 12 pays des deux rives de l'océan.
Malgré les sourires affichés, Barack Obama et Shinzo Abe ne sont pas parvenus à boucler l'accord sur les enjeux commerciaux du partenariat Trans-Pacifique. Reuters

La réunion avait bien commencé hier soir autour d'un plat de sushis. Mais elle s'est achevée dans la nuit sur de faibles avancées en ce qui concerne le partenariat Trans-Pacifique, qui stagne à l'état de projet depuis maintenant près d'une décennie.

Déjà en octobre dernier, l'absence de Barack Obama - bloqué aux Etats-Unis pour cause de "shut down" - au sommet de Bali avait encore retardé la conclusion de ce traité, alors que le président américain souhaitait le voir paraphé à la fin 2013. 

"Les ministres vont poursuivre les négociations"

Ce matin, les dirigeants des Etats-Unis et du Japon ont reconnu avoir échoué à boucler l'accord sur les enjeux commerciaux à l'issue de leur rencontre, bien que leurs équipes échangent jour et nuit depuis des semaines. 

"Les ministres vont poursuivre les négociations", a déclaré jeudi le chef du gouvernement japonais, Shinzo Abe, lors d'une conférence de presse conjointe avec son invité Barack Obama. Les deux hommes n'ont pas réussi à s'entendre sur certains sujets, notamment l'épineuse question de l'accès aux marchés nippons.

Obama estime le temps du protectionnisme révolu

Tout comme l'Europe, les Etats-Unis se plaignent en effet de ne pas pouvoir suffisamment proposer leurs produits aux Japonais, à cause de mesures protectionnistes qui ne disent pas toujours leur nom, selon Barack Obama :  

"Je pense qu'il est juste de dire que l'accès au marché de certains secteurs de l'économie japonaise, comme ceux de l'agriculture ou de l'automobile, reste historiquement fermé comparé à l'accès dont bénéficie le Japon auprès des consommateurs américains. Ce sont des problèmes connus de tous et qui à un moment donné doivent être résolus. Je pense que ce moment, c'est maintenant".

Le Président américain a ainsi continué de mettre la pression sur son interlocuteur qui a fait de la réforme et de la dérégulation tous azimuts une des clefs de sa politique économique surnommée "Abenomics".

L'un des grands chevaux de bataille de Washington est de faire lâcher Tokyo sur ses cinq "vaches sacrées": sucre, riz, blé et dérivés à base de céréales, viande de boeuf et porc, produits laitiers.

Un partenariat qui représenterait 26% du commerce mondial

Les Etats-Unis misent beaucoup sur cette vaste zone de libre-échange, qui représenterait  40% du Produit intérieur brut (PIB) et 26 % du commerce mondial. Elle devrait réunir à terme les Etats-Unis, le Japon, l'Australie, le Brunei, le Canada, le Chili, la Malaisie, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, le Pérou, Singapour et le Vietnam.Cette vaste zone de libre-échange devrait, à terme, réunir douze pays des deux rives du Pacifique. Le TPP couvre tous les domaines, des services aux matières premières, sans oublier les droits de la propriété intellectuelle. 

La question épineuse des îles Senkaku

Barack Obama a estimé jeudi que le traité de sécurité entre les Etats-Unis et le Japon englobait les îles Senkaku au cœur d'un contentieux entre Tokyo et la Chine, qui en revendiquent tous deux la propriété.

Le président américain a toutefois précisé qu'il ne traçait pas de nouvelle "ligne rouge" concernant ces îles, insistant sur la nécessité de résoudre de manière pacifique le différend maritime qui oppose le Japon et la Chine. Cité par le Wall Street Journal, il a précisé que ces îles étaient "historiquement administrées par le Japon".

La journaliste de la télévision japonaise NHK, Aiko Doden, soulignait sur Twitter la nécessité de résoudre ce litige de manière "pacifique" :

 

En parallèle, les Etats-Unis multiplient leurs efforts pour accélérer les négociations avec l'Union européenne dans le cadre de l'accord de libre-échange transatlantique. Les discussions pourraient aboutir sur la plus importante zone de libre échange de l'Histoire, en couvrant 46% du PIB mondial. Un accord contesté par une partie des professionnels de l'agroalimentaire  et craint par beaucoup d'écologistes. Le Monde Diplomatique publiait en novembre 2013 un article alertant sur la possibilité qu'auraient, avec ce traité, les multinationales pour attaquer en justice "tout Etat qui ne se plierait pas aux normes du libéralisme".

Commentaires 2
à écrit le 24/04/2014 à 14:53
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Washington se positionne dans le différend sur les îles Senkaku-Diaoyu. D'accord.... et puis quelle est sa position par rapport aux Iles Malvines ?

à écrit le 24/04/2014 à 13:50
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Si les sionistes américains n'arrivent pas à dominer le Japon de gré, ils le feront par la force comme pour la Russie...

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