L'Argentine souhaite rembourser sa dette mais refuse de payer les fonds vautours

L'Argentine rejette le jugement américain qui l'oblige à rembourser sa dette aux fonds vautours, qui pourrait l'exposer à hauteur de 15 milliards de dollars. Mais elle insiste aussi sur sa volonté de rembourser ses créanciers "coopératifs".
La présidente argentine Cristina Kirchner a qualifié de tentative "d'extorsion" les pratiques des fonds vautours. /Reuters

L'Argentine veut honorer ses dettes, mais se refuse à appliquer sous sa forme actuelle un jugement américain la contraignant à payer plus d'un milliard de dollars à deux fonds spéculatifs, ce qui pourrait provoquer à terme un nouveau défaut de paiement.

15 milliards de dollars potentiels à rembourser

Le gouvernement de la présidente de centre-gauche Cristina Kirchner a en effet annoncé mardi qu'elle entendait négocier avec Thomas Griesa, le juge qui a prononcé l'arrêt de la Cour d'appel de New York, confirmé lundi par la Cour suprême des Etats-Unis.

"Nous allons envoyer nos avocats pour parler avec le juge Griesa", a déclaré le ministre argentin de l'Economie Axel Kicillof. Car, "si le jugement s'applique, l'Argentine se verrait obligée de payer aux fonds vautours non pas 1 milliard de dollars mais 15 milliards, et cela conduirait l'Argentine au défaut de paiement. Mais soyez tranquilles, nous n'arriverons pas à ce stade", a-t-il ajouté.

Certes, le jugement condamne l'Argentine à ne verser que 1,4 milliard de dollars à NML Capital et à Aurelius Management. Mais ce jugement a créé un précédent, et les autres fonds qui ont refusé les restructurations de la dette argentine pourraient exiger le même traitement. Comme le dit Axel Kicillof, Buenos Aires pourrait alors avoir à verser quelque 15 milliards de dollars.

Or, un remboursement aussi important serait impossible à l'heure où la banque centrale d'Argentine ne dispose que de 28,5 milliards de réserves en dollars, sur fond de déficit énergétique et d'amorce de récession économique.

"Mettre au tapis la restructuration de la dette argentine"

Depuis la faillite de 2001, Buenos Aires rembourse progressivement sa dette envers 93% des créanciers privés qui ont consenti en 2005 et 2010 une remise de dette d'environ 70%. Mais les 7% restant, des fonds spéculatifs, ont refusé cet accord et activé l'option judiciaire pour réclamer 100% de la valeur nominale de bons qu'ils avaient achetés à bas prix.

"Ils veulent mettre au tapis la restructuration de la dette argentine (...) Une clause dans les bons et dans la législation argentine dit que nous ne pouvons pas faire une meilleure offre à un autre créancier", a mis en avant le ministre argentin.

"Si une sentence nous dit 'suicidez-vous', on ne peut pas l'accepter", a lancé le ministre, un proche de Mme Kirchner.

Il a ensuite souligné que les deux fonds spéculatifs victorieux de leur combat judiciaire contre l'Argentine n'avaient jamais prêté d'argent à l'Argentine. "Ils ont racheté des titres pour 48,7 millions de dollars et un juge des Etats-Unis leur dit qu'il doivent encaisser 832 millions", dénonce-t-il.

Buenos Aires n'emprunte plus sur les marchés de capitaux

Surfant depuis 2002 sur d'importants revenus tirés des exportations agricoles dopées par la flambée du prix des matières premières, l'Argentine a soldé sa dette avec le FMI en 2006 et conclu le mois dernier un accord avec le Club de Paris.

Depuis 2001, Buenos Aires a renoncé à lever des fonds sur les marchés internationaux de capitaux. Lundi soir, la présidente de centre gauche s'est adressée aux 41 millions d'Argentins, et s'est élevée contre les fonds vautours coupables selon elle d'"extorsion". Mais elle a réaffirmé sa volonté de rembourser les créanciers "coopératifs". Pour gagner du temps, elle peut notamment  demander à la Cour suprême des Etats-Unis une révision du jugement.

S&P dégrade, le FMI s'inquiète

L'agence de notation financière Standard and Poor's a abaissé mardi de deux crans la note de la dette de l'Argentine, soulignant que le jugement américain "augmente les risques" d'un défaut de paiement argentin.

S&P établit toutefois une stricte délimitation: selon elle, l'Argentine ne sera considérée en défaut que dans la seule hypothèse où elle ne parviendrait pas à payer ses créanciers coopératifs. Le non-remboursement des deux fonds "vautours" ne suffira en revanche pas à lui attribuer ce statut redouté par les pays et les investisseurs, précise l'agence.

Selon les experts, le litige autour de la dette argentine pourrait menacer les futures restructurations de dette publique en incitant les créanciers à refuser tout compromis avec les États. Mardi, le FMI s'est notamment dit "inquiet de potentielles implications plus vastes pour l'ensemble du système", estimant que le jugement pourrait menacer dans le monde les futures restructurations de dette publique.

Commentaires 26
à écrit le 15/03/2019 à 12:05
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Je peux savoir la différence entre la crise de 2001 et celle de 2014 ?

à écrit le 30/07/2014 à 14:10
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Intéressante sémantique témoignant du glissement actuel des valeurs dans notre société. Un créancier exigeant le paiement de son dû devient un "vautour" pratiquant "l'extorsion" auprès d'un pays évidemment de bonne foi puisqu'il compte rembourser les...

à écrit le 19/06/2014 à 19:28
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Quand on emprunte, on doit rembourser ! Les fonds "vautours" sont immoraux mais ils sont dans leur droit. L' Argentine doit respecter ses engagements !

le 28/06/2014 à 18:02
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Quand on emprunte il faut rembourser Certes mais dans tout contrat il y a une obligation de bonne foi. Des fonds qui achète une dette d'Etats qu'ils savent en difficulté sont-ils de bonne foi ? Je ne crois pas.

à écrit le 19/06/2014 à 7:24
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L'Argentine qui dépense plus qu'elle ne gagne, signe sans aucune contrainte un contrat de prêt, avec une clause attributive de compétence aux juridictions américaines et une clause autorisant la cession du contrat par le prèteur. Le prêteur cède le c...

le 19/06/2014 à 9:33
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Vous mélangez un peu tout là,les clauses entre un état et les collectivités sont bien différentes.Il faut vérifier les clauses des divers contrats,avant d'émettre un jugement aussi tranché.Vous citez Dexia à juste titre comme enfumage elle se pose là...

à écrit le 18/06/2014 à 18:24
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Les fonds vautours, comprendre une inflexion directe et indirecte qui aboutit au financement d'intérêts qui ensuite ont financé Israël. La guerre coûte cher. La "crise" argentine est en effet un vol ouvert organisé par le monde occidental dont ce pay...

le 19/06/2014 à 10:40
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D'accord mais ne sera pas à La Tribune qu'on aura les infos de ce dossier en profondeur .

à écrit le 18/06/2014 à 17:02
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Certains pensent-ils réellement que la France va rembourser un jour ses 2000 milliards d'euros de dette ? que les états-unis vont faire de même ? La France ne rembourse pas sa dette, elle proroge sa dette en en contractant de nouvelles, c'est pour c...

à écrit le 18/06/2014 à 15:02
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Il faut soutenir l'argentine

à écrit le 18/06/2014 à 13:38
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Bravo ! La peur des US c'"est qu'ils arrivent à prouver qu'ils ne servent à rien. La même raison qui INTERDIT de sortir de l'Euro (n'importe quoi) ! Encore Bravo et qu'ils tiennent bon, et si les excités pro tout ce qui passe me parlent de misère et ...

à écrit le 18/06/2014 à 11:27
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Elle a raison il ne faut pas rembourser cette escroquerie et d'autres pays le feront également !

à écrit le 18/06/2014 à 11:19
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Si l'Argentine n'avait pas lié sa monnaie au $ ils n'en seraient peut-être pas là. Cette mésaventure doit aussi servir d'avertissement aux pseudo économistes qui prônent le défaut de paiement comme solution aux problèmes de dette souveraine. N'oublio...

le 18/06/2014 à 11:35
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Vous pourrez tourner le problème dans tous les sens: "il faut, il faut pas "payer la dette, le défaut de paiement sera inévitable vu les sommes astronomiques dues par les Etats.

à écrit le 18/06/2014 à 11:14
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48,7 millions achat encaisser 832 millions" ,OUI SE SONT DES EN KU LAID POINT BARRE

à écrit le 18/06/2014 à 10:54
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C'est marrant, c'est dernier temps, il est difficile de contester le fait que les USA sont impérialistes. Ils feraient mieux de ne s'occuper que de leurs affaires et de laisser les autres un peu tranquille. De quel droit divin un juge américain pour...

le 18/06/2014 à 12:54
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Pas de droit divin... les opérations de la BNP sont compensées sur le sol américain, à New-York. Dite moi au nom de quoi la France demande à la Suisse d'appliquer notre législation...

le 18/06/2014 à 14:07
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Pour la dette Argentine, je suppose qu'elle était simplement émise sous droit américain (ou en nommant un tribunal américain comme arbitre en cas de litige).

le 18/06/2014 à 14:48
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Une monnaie est d'un état souverain, elle lui appartient. Le dollar relève du gouvernement de l'Union Américaine comme le yuan du gouvernement Chinois, l'Euro des états de L'Union Européenne. Si on veut pas avoir affaire à cette état, on utilise pas ...

à écrit le 18/06/2014 à 10:48
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Qui osent s'opposer au racket américain; quel contraste avec la servilité des courtisans européens;

à écrit le 18/06/2014 à 10:46
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Et qu'a fait-elle l'agence de notation du Département d'Etat US Standard and Poor's ? elle a immédiatement abaissé de deux crans la note de la dette de l'Argentine. Et nous en France (les prochaines victimes) nous l'applaudissons !

à écrit le 18/06/2014 à 10:28
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un peu facile et vieux comme le monde: ce n'est pas la faute des emprunteurs mais des vilains usuriers .

le 18/06/2014 à 11:07
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48millions emprunté et 832 millions réclamés...si ce n'est pas des "vilains usuriers" qu'est ce donc ?????!!! Chez moi, on dit "les escrocs" "Arnaqueurs" "Voleurs" etc..... De toutes façon ce jugement ne sert à rien , l'Argentine est un état de dro...

le 18/06/2014 à 14:06
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L'emprunt est bien de 832 millions; que l'emprunteur initial ait cédé sa charge à un autre pour moins que cela ne change rien dans le fond. Si vous voulez, l'emprunteur initial aurait très bien pu garder la dette et charger un cabinet d'avocats d'eng...

le 18/06/2014 à 14:10
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L'Argentine peut décider de ne pas respecter ses engagements, mais alors qu'elle ne réclame pas l'aide internationale que d'autres pays plus pauvres n'obtiennent pas

le 18/06/2014 à 14:30
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"C'est comme l emprunt Russe............. " Ca promet pour le niveau de vie des Argentins, alors !

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