Le Japon redevient exportateur de matériel militaire

Par latribune.fr  |   |  448  mots
Selon les nouvelles règles, approuvées par Washington, le Japon s'interdit toutefois les exportations d'armes qui pourraient représenter une menace pour la paix et la sécurité mondiales, et le gouvernement s'assurera au préalable contre tout risque de ré-exportation vers un pays tiers.
Pour la première fois depuis 1967, le Japon va vendre des armements à l'étranger, comme l'a décidé le Premier ministre conservateur Shinzo Abe, qui a également autorisé l'armée du pays à participer à des manœuvres avec des contingents étrangers.

Le Japon s'apprête à donner le feu vert à ses premières exportations d'armement, avec la vente de capteurs aux Etats-Unis, après avoir assoupli les règles qui lui interdisaient de vendre à l'étranger des équipements militaires, a indiqué dimanche la presse nippone.

Mitsubishi Heavy Industries veut exporter ces capteurs à haute performance qui seront utilisés par les Etats-Unis dans son système de missiles de défense, le PAC-2, destiné à être vendu au Qatar, a précisé le quotidien des affaires Nikkei, sans citer de source.

Interdiction levée en avril

Le Japon avait levé début avril l'interdiction de vendre des armes à l'étranger qu'il s'était imposé en 1967. Le pays peut ainsi se joindre à des programmes conjoints de développement dans l'armement et renforcer son industrie de la défense.

Tokyo peut désormais exporter du matériel militaire à des pays qui se situent le long de voies maritimes par lesquelles transitent les indispensables et vitales importations de pétrole et de gaz du Japon.

Selon les nouvelles règles, approuvées par Washington, il s'interdit toutefois les exportations d'armes qui pourraient représenter une menace pour la paix et la sécurité mondiales, et le gouvernement s'assurera au préalable contre tout risque de ré-exportation vers un pays tiers.

Un système de missiles de défense pour le Qatar

Le Japon estime que le système de missiles de défense destiné au Qatar ne risque pas d'envenimer un conflit en cours, a ajouté le Nikkei, qui précise que la décision devrait être annoncée d'ici la fin du mois.

Après avoir autorisé les exportations militaires, le gouvernement a pris le 1er juillet la décision historique d'autoriser les forces armées nippones à participer à des opérations militaires extérieures afin d'aider des alliés, une première depuis l'instauration en 1947 d'une Constitution pacifiste.

La menace chinoise

Pour justifier ses choix, le Premier ministre conservateur Shinzo Abe invoque depuis des mois les menaces croissantes pour le Japon et ses habitants, dans une allusion claire aux ambitions régionales de la Chine, dont l'augmentation du budget militaire est chaque année à deux chiffres.

Cette évolution approuvée par Washington constitue un tournant majeur dans l'histoire du pays depuis la fin de la dernière guerre, car derrière la formulation de "droit à l'auto-défense collective" se cache en fait la possibilité d'engager les soldats nippons dans des opérations militaires extérieures afin d'aider des alliés, au premier rang desquels les États-Unis.

Concrètement, des soldats japonais pourront secourir des forces d'un pays allié attaquées et ce même si le Japon n'est pas directement attaqué lui-même.