La protection des données, poil à gratter de la recherche en sécurité

Chercheurs et industriels se sont réunis, lundi 29 et mardi 30 septembre à Paris, pour la troisième conférence européenne de recherche en sécurité. Au programme: les dernières avancées dans ce domaine, mais aussi les questions éthiques, comme la sauvegarde des sources.

Thalès, EADS, le Commissariat de l'énergie atomique (CEA), ... Deux jours durant, chercheurs et industriels (mille personnes en tout) représentants des dizaines d'entreprises ont discuté de technologies aussi variées que la biométrie, la détection et l'identification de personnes à distances, ou la neutralisation de navires-kamikazes dans les ports. De quoi faire frémir certains défenseurs de la protection des données et plus généralement des droits de l'homme.

Invité à inaugurer la conférence de Paris, le commissaire européen en charge de la Justice, la liberté et la sécurité (JLS), Jacques Barrot, a posé les termes de l'alternative: «Il y a incontestablement un dilemme entre le renseignement et la protection des données, a-t-il dit. En politiques et professionnels responsables, à nous de trouver des solutions efficaces, flexibles, abordables et acceptables par les citoyens.»

A ses côtés, la ministre française chargée de l'Enseignement supérieur et de la recherche, Valérie Pécresse, a souligné son «attachement aux libertés fondamentales». «Nous ne pouvons exercer une emprise illimitée sur la liberté de chacun», a-t-elle poursuivi. Du même coup, elle a affirmé que la recherche en sécurité doit s'accorder aux exigences éthiques, suggérant que «des philosophes et des sociologues participent à la réflexion».
 

Le défenseur européen de la protection des données, Peter Hustinx, a encouragé quant à lui les chercheurs à prendre en compte cet élément essentiel dès la conception des machines. «N'outrepassez pas ces questions. Elles sont majeures. Il ne s'agit pas d'un chapitre purement formel à relayer en bas de page», a-t-il lancé au cours d'une des tables rondes de la conférence.

Les industriels sont pourtant loin d'ignorer ce phénomène. Tout au long des deux jours, ils n'ont cessé de souligner la nécessité de faire accepter (l'«acceptabilité», disent-ils) les nouvelles technologies par l'opinion publique. «Les technologies développées sont trop complexes pour être expliquée au grand public, note un observateur. Du coup, les industriels doivent communiquer sur la protection des données.»

En juin dernier, lors de la présentation de son rapport, le coordinateur anti-terroriste de l'Union européenne, Gilles de Kerchove, avait proposé de définir une limite à ne pas dépasser en ce qui concerne la protection des données. Une proposition qu'il a défendu devant le parterre de décideurs réunis pour la conférence de Paris. «Ce travail doit être mené en concertation par le Conseil et les députés européens, mais aussi par la Commission», juge Gilles de Kerchove.

Une fois adoptée, cette limite devrait permettre, selon le coordinateur anti-terroriste, d'évacuer le débat de la protection des données en procurant à l'ensemble des acteurs impliqués une «vision d'ensemble» dans ce domaine. «Il faudra alors aller très vite dans la recherche en matière de sécurité, tout en restant en-deçà de la limite fixée auparavant. Une action très rapide est en effet nécessaire. Car le temps presse», souligne-t-il.

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