La crise économique gagne du terrain à l'Est de l'Europe

Les gouvernements et les représentants de l'UE peinent à formuler une réponse cohérente à la crise économique et financière qui s'étend désormais vers l'Est du continent. Le réseau EurActiv vous propose un tour d'horizon des situations nationales.

Les dirigeants des pays d'Europe centrale et orientale membres de l'UE se rencontreront le 1er mars avant le sommet extraordinaire convoqué le même jour.

Le Premier ministre polonais Donald Tusk a invité ses homologues tchèques, slovaques, slovènes, roumains, bulgares, lituaniens, lettons et estoniens à un débat visant à assurer que la réunion des 27 portant sur la crise financière n'est pas dominée par les intérêts des Etats membres de l'Ouest, a rapporté l'agence Reuters.

Dévalorisation soudaine

Le 18 février, le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires Joaquín Almunia, a exprimé son inquiétude dans un discours sur la dévalorisation soudaine de la monnaie dans un certain nombre de pays d'Europe de l'Est.

Le commissaire a indiqué qu'il était préoccupé par la volatilité des taux de change, faisant référence à la Pologne, la Hongrie, la Roumanie et la République tchèque. La Slovaquie, en revanche, a déjà adopté l'euro. Quant à la Bulgarie, sa monnaie est indexée sur l'euro à un taux fixe et n'a donc pas souffert jusqu'à présent.

Mais les préoccupations de M. Almunia ne sont pas partagées par tous les Etats membres d'Europe de l'Est. Selon le vice-Premier ministre tchèque, Alexandr Vondra, dont le pays occupe actuellement la présidence tournante de l'UE, il n'y a pas de raison d'instaurer des mesures supplémentaires pour lutter contre la récession. La République tchèque, selon M. Vondra, n'a pas été touchée par la débâcle financière, parce que les Tchèques sont un «peuple de conservateurs», qui a donc peu recours aux emprunts.

En effet, la République tchèque s'en sort bien jusqu'à présent, et sa monnaie, la couronne, est plutôt stable, s'échangeant à environ 29 couronnes pour 1 euro. Miroslav Singer, gouverneur adjoint de la Banque nationale tchèque, a indiqué mercredi que la couronne pourrait même gagner de la valeur par rapport à l'euro dans un avenir proche. Toutefois, le Premier ministre tchèque, Mirek Topolánek, a averti que son pays pourrait ne pas respecter les critères de Maastricht sur le déficit, un pré-requis pour l'adoption de l'euro.

Le gouvernement polonais a récemment proposé que les pays d'Europe de l'Est se voient accorder l'autorisation de prendre un raccourci vers l'adoption de l'euro aux mêmes conditions que les membres actuels de l'eurozone. Ces derniers avaient en effet été autorisés à s'éloigner des règles du pacte de stabilité et de croissance.

Zbigniew Chlebowski, représentant polonais et membre de la plate-forme civique (PO) au pouvoir, a déclaré que son pays accélérait actuellement son adhésion au mécanisme de change, qui est une des conditions à l'adoption de l'euro. Cette étape serait réalisée sans les modifications constitutionnelles que réclame le principal parti de l'opposition, Droit et justice. L'année dernière, Varsovie a dévoilé un plan d'adhésion à la zone euro en 2012.

Un grand nombre d'observateurs considèrent toutefois que ces objectifs sont beaucoup trop ambitieux. La monnaie polonaise, le zloty, dont le taux était stable -3 zlotys pour 1 euro-, s'échange maintenant à près de 5 zlotys pour 1 euro.

Le Roumanie cherche 4 à 6 milliards d'euros

En Hongrie, le taux de change a baissé, mais dans une moindre mesure. Avant la crise, le taux était stable : 250-260 florins pour 1 euro. Aujourd'hui, il est passé à 306 florins pour 1 euro, chiffre qui ne cesse d'augmenter.

Le Premier ministre hongrois, Ferenc Gyurcsány, s'est également exprimé sur l'adhésion de son pays à l'eurozone qui, selon lui, pourrait advenir entre 2012 et 2014 si la Hongrie achève sa réforme du secteur public et maintient un budget équilibré.

En Slovaquie, récent membre de la zone euro (EurActiv 05/01/09), la situation économique semble meilleure, bien que le pays, dont le secteur industriel est important, a vu la demande extérieure chuter fortement.

Zdenko ?tefanides, économiste en chef pour la VUB, une banque slovaque, prévoit une croissance de 3% en 2009. «Mais il y a toujours un risque que la croissance baisse», a-t-il souligné.

En Roumanie, la monnaie nationale, le leu, a perdu près de 20% de sa valeur l'année dernière. La monnaie, qui s'échangeait autour de 3,6 lei pour 1 euro de 2005 à 2008, a chuté en décembre 2008, passant à 3,9 lei pour 1 euro. En janvier 2009, le leu a subi une dépréciation record: 4,3 lei pour 1 euro. Le taux de change se situe maintenant à 4,2 lei pour 1 euro. Le chômage devrait atteindre 5% cette année, selon le gouvernement. Des milliers de licenciements sont en effet attendus dans le secteur de l'automobile ainsi que dans d'autres industries.

Un représentant roumain du secteur bancaire, Mugur Is?rescu, a déclaré le 18 février qu'il envisageait de contracter un emprunt auprès du FMI, ajoutant que le paquet comprendrait un financement européen. Mais il n'a pas précisé le montant que le pays cherchait à obtenir.

Un représentant de la Société Générale en Roumanie a fourni de plus amples détails: la Roumanie aurait besoin de 4 à 6 milliards d'euros dans le cas d'un ajustement et d'une aide financière extérieure. La plus grande partie de ce montant devrait être investi dans la stabilisation du secteur bancaire, selon le vice-économiste en chef Ariel Emirian, cité par l'agence Agerpres.

Quant à la Bulgarie, où un fonds monétaire a été créé en 1997 et où la monnaie nationale, le Lev, a d'abord été indexée sur le mark allemand puis sur l'euro, elle semble mieux résister à la crise que la plupart des Etats d'Europe de l'Est membres de l'UE.

Après avoir conseillé à la Bulgarie de mieux contrôler la nervosité de son marché, M. Almunia a fait l'éloge du pays, l'encourageant, lors d'un discours, à continuer sur la même voie.

Toutefois, comme l'a écrit le quotidien Dnevnik, la Commission a mis Sofia en garde contre l'augmentation des salaires dans le secteur public. Cet avertissement a été formulé quelques heures après que le gouvernement eut rendu ses intentions publiques.


CONTEXTE :

Dans un entretien au Financial Times, le président de la Banque mondiale et ancien secrétaire d'État adjoint des Etats-Unis, Robert Zoellick, a appelé à un soutien mondial coordonné des économies d'Europe centrale et orientale, mené par l'Union européenne.

Le 19 février, par la voix d'un de ses porte-paroles, la Commission a déclaré que l'exécutif européen surveillait très attentivement la situation, grâce aux divers instruments à sa disposition. Elle a ajouté que si un Etat membre connaissait des problèmes financiers, Bruxelles lui accorderait une aide financière, comme elle l'a déjà fait pour la Hongrie et la Lettonie.

«Il y a au total un plafond de 50 milliards d'euros disponibles», a indiqué le porte-parole en précisant qu'à sa connaissance, il n'y avait pas eu de nouvelle demande.

La Commission est, cependant, incapable de confirmer ou démentir les rumeurs selon lesquelles son président, José Manuel Barroso, participerait à une réunion des dirigeants des pays d'Europe de l'Est à la représentation permanente de la Pologne à Bruxelles, avant le sommet européen extraordinaire du 1er mars. La représentation permanente polonaise ne s'est pas non plus prononcée sur cette question, bien qu'elle ait confirmé que le Premier ministre polonais Donald Tusk présidera la réunion.

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