Les agriculteurs courtisés par les candidats aux européennes

Alors que les producteurs de lait se préparent à une nouvelle "journée blanche", des représentants de l'UMP, du PS, d'Europe-écologie et du MoDem sont revenus sur les attentes des agriculteurs vis a vis de l'UE. Avec 800 000 actifs en France, l'agriculture est un enjeu crucial pour les candidats.

L'assemblée permanente des chambres d'agriculture (APCA) a réuni, mercredi 20 mai à Paris, quatre représentants des principaux partis politiques, à trois semaines des élections européennes, pour évoquer "l'agriculture au c?ur de l'ambition européenne".

Les députés du prochain Parlement européen auront en effet à se pencher sur l'épineuse question de la réforme de la Politique agricole commune (PAC), qui entrera en vigueur après 2013. L'agriculture constituera même l'un de leurs premiers dossiers, avec l'examen du budget communautaire, qui devrait commencer dès l'automne 2009. "Dès sa mise en ?uvre, le traité de Lisbonne constituera une révolution essentielle pour l'agriculture", a souligné Alain Lamassoure, député européen UMP (PPE-DE) et candidat dans le Sud-Ouest.

Cette rencontre a été l'occasion pour l'APCA d'avancer ses revendications pour la prochaine échéance électorale. L'organisme professionnel demande au Parlement européen d'être non seulement "ambitieux" sur la PAC post-2013, mais également sur "les politiques de santé animale" et sur le "budget agricole".

Alain Lamassoure, mais aussi le président du MoDem François Bayrou, Stéphane Le Foll (PS) et Bernard Péré (Europe-écologie) sont d'ailleurs tous d'accord sur un point: il faut conserver une PAC au moins aussi forte qu'aujourd'hui, nourricière et en accord avec les exigences écologiques.

Evolution majeure

François Bayrou a estimé indispensable de "remettre en cause le principe selon lequel l'agriculture vit de subventions". "Cette idée nous conduit dans une impasse", a-t-il ajouté, en demandant que les "principes fondateurs de la PAC" soient revisités.

A sa droite, Alain Lamassoure a défendu l'idée du président Nicolas Sarkozy, qui avait proposé la mise en place d'un groupe d'experts pour réfléchir aux marchés agricoles des dix prochaines années. Dénonçant une FAO (Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture) "complètement dépassée", le candidat UMP a défendu la conception française de l'agriculture, c'est-à-dire constituée de petites exploitations familiales.

"80 millions de personnes souffrent de malnutrition en Europe", a affirmé Stéphane Le Foll (PS, PSE), député européen sortant membre de la commission Agriculture et numéro 2 sur la liste socialiste de la région Ouest. Il s'est également dit hostile à une prime unique indifférenciée à l'hectare et complètement découplée, solution sérieusement envisagée à Bruxelles dans le cadre de la réforme de la PAC.

Le candidat de la liste Europe Ecologie pour la région Sud-Ouest, Bernard Péré, a fustigé une PAC "productiviste", évoquant la "concentration des élevages", la "rupture de l'équilibre écologique", la "monoculture" et la "grande consommation d'énergie du secteur agricole". Il a insisté sur l'importance de la "souveraineté alimentaire" et a plaidé pour une "relocalisation" de la production agricole et pour un renforcement de l'agriculture biologique.

Mais la profession se prépare à une évolution majeure. A partir de 2013, pour la première fois, la France apportera au budget communautaire agricole plus qu'elle ne reçoit. "A partir de ce moment là, Bercy verra la PAC d'un autre ?il, car elle considérera que cette politique pèse sur le budget français", explique Alain Lamassoure en aparté. D'où la nécessité de créer rapidement de nouvelles sources de revenus pour le budget communautaire, estime l'eurodéputé.

Alors une fois élu, comment faire en sorte que soit maintenu le budget européen dédié à la PAC? Si François Bayrou botte en touche, estimant que "le budget n'est pas la seule clé", le socialiste Stéphane Le Foll répond: "Ca va être très dur." "Comment convaincre des États qui ont tous un déficit budgétaire de l'utilité de cette politique communautaire", s'interroge-t-il.

Le site d'EurActiv.fr

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