Libertas et Debout la République tentent de courtiser les "nonistes" de 2005

Debout la République et les partis représentant Libertas en France ont fêté les quatre ans du non au référendum sur le projet de Constitution européenne le 29 mai dernier. Sans grand succès.

Quatre ans après, "nous souhaitons jouer le match retour du référendum." La nouvelle trouvaille rhétorique de Frédéric Nihous, président de Chasse pêche nature et traditions (CPNT), qui mène la liste Libertas dans le Nord-Ouest, résume les intentions qui présidaient au rassemblement organisé devant les grilles de l?Assemblée nationale, vendredi 29 mai.

Dans le sillage du 29 mai 2005, date du rejet du projet de traité constitutionnel par référendum en France, Frédéric Nihous et Philippe de Villiers, tête de liste du Mouvement pour la France (MPF) dans l?Ouest, ont fait tréteaux commun pour raviver le brasier du "non".

L?opération était bien orchestrée : alors que les deux candidats longent d?un pas synchronisé le bus de campagne décoré à leur effigie, les militants hissent une bannière bleue érigée pour l?anniversaire du non. "Le 7 juin, faites respecter votre non, votez Villiers-Nihous", indique la banderole. Le ton est donné et les attaques contre l?Europe pleuvent : "Bruxelles pousse les entreprises à la délocalisation [?] et casse l?outil de travail des Français", clame le candidat vendéen.

Des propos peu crédibles, à en croire Jean-Charles Leygues, conseiller spécial auprès de Danuta Hübner, commissaire à la politique régionale. "Les délocalisations internes à l?UE ne représentent que 3% des délocalisations totales, explique-t-il. De plus, toute entreprise française qui perçoit une aide au titre des fonds structurels et qui délocalise son activité par la suite devra rembourser les subventions en question."

Parmi les condamnations sans appel de Villiers et Nihous à l'égard de "l?élite bruxelloise" se glissent quelques propositions de réforme. Comme la suppression des fonds de cohésion que Philippe de Villiers appelle de ses v?ux : "pas ceux qui servent à construire des routes ou des infrastructures, précise-t-il, mais ceux qui permettent aux pays de l?Est de faire du dumping fiscal."

Là encore, l?argument sonne creux : "en matière de fiscalité, seule la TVA a pu être harmonisée, explique le Jean-Charles Leygues. Pour le système d?imposition, l?UE n?a aucune compétence." Quant à imaginer que les pays de l?Est auraient pu recevoir des aides pour développer des zones franches par exemple, le conseiller affirme que «c?est techniquement impossible". Les Etats en question "n?ont pas les ressources financières et humaines disponibles pour lancer de tels projets. En revanche, la France en a des zones franches !"

Attroupés un peu plus tôt dans la matinée au pied de la représentation de la Commission européenne à Paris, à quelques pas de l'Assemblée nationale, "un lieu qui symbolise l?échec de l?Europe", selon Jean-Pierre Enjalbert, tête de liste en Ile-de-France, les candidats de Debout La République sont également venus fêter l'anniversaire du non au référendum. Et ils en profitent pour annoncer la délocalisation prochaine en Inde de l'exécutif européen.

Le ton est bon enfant et le protocole moins formel qu?à Libertas. Mais les arguments avancés se font étrangement écho. Par ici on s?émeut sur les délocalisations, par là on cloue au pilori le Traité de Lisbonne : "l?article 63 interdit toute régulation financière [?], comment le PS et l?UMP peuvent soutenir un traité qui interdit la régulation alors qu?ils veulent l?Europe sociale ?", ironise Nicolas Dupont-Aignant.

Les solutions préconisées par Debout la République relèvent du "bon sens", explique un jeune sympathisant. "Nous souhaitons supprimer la Commission européenne", lance le chef du parti, qui appelle à une Europe de "coopérations à la carte."

Le quatrième anniversaire du non au référendum aura, tous comptes faits, attiré les journalistes en plus grand nombre que les nonistes pourtant courtisés par les candidats. Le plaidoyer eurosceptique s?épuiserait-il ? Il ne progresserait pas en tout cas.

Frédéric Allemand, chercheur à la Fondation pour l?innovation politique, rappelle que "les sondages créditent Libertas de 6% des voix, un score équivalent à celui qu?avait obtenu le Mouvement pour la France en 2004. De plus, au-delà de la Vendée, des Pays de la Loire et de quelques départements du sud, l?influence du MPF reste marginale. C?est donc une bonne occasion pour ce parti de se mettre en avant." Sans compter que la présence de programmes doublons ne pourra qu?affaiblir davantage la cohérence des stratégies mises en ?uvre par les partisans de l?Europe des nations.

 

 

Site d'EurActiv.fr

Commentaire 1
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Au sujet de l'influence de Libertas vous dîte n'importe quoi. En 2004 Le Mpf a fait plus de 7% en Ile de France et Paul Marie Couteaux avait été élu.

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