Jean-Pierre Jouyet appelle à repenser les rapports entre le public et le privé

Le président de l'Autorité des marchés financiers (AMF) estime que les autorités nationales doivent s'articuler autour du G20 et des régulateurs européens.

Qui est responsable de la crise qui secoue l'économie mondiale depuis l'été 2008 ? Les entreprises privées, rendues folles par l'appât du gain, ou le secteur public, qui aurait renoncé à tout contrôle?

Les torts sont partagés, à en croire le président de l'Autorité des marchés financiers (AMF), Jean-Pierre Jouyet. L'ancien secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, qui s'exprimait mercredi 21 octobre dans le cadre d'une journée de travail organisée par l'Ena et KPMG. Selon lui, "il y a bien eu des défauts de régulation qui sont de la responsabilité des autorités publiques". Pour autant, "il y a eu des comportements qui ont fait que l'on n'a pas supporté les risques au sein de l'entrepris", ajoute-t-il. Allusion à certaines règles comptables permettant de sortir certains produits financiers à risque des bilans.

Conclusions du président de l'AMF : "Il faut repenser l'organisation publique et ses rapports avec le privé." Une organisation qui s'esquisse, depuis le début de la crise, lors des réunions du G20 au niveau international, et l'élaboration de nouveaux outils de régulations communautaires.

67 régulateurs en Europe

La création du Comité européen du risque systémique et des trois agences de régulations par l'UE est indéniablement "un progrès", juge Jean-Pierre Jouyet. "Reste à savoir comment les autorités nationales vont s'articuler autour de ces nouveaux outils", ajoute-t-il. La question mérite en effet d'être posée, surtout lorsque l'on sait que l'UE compte à ce jour pas moins de 67 régulateurs. "Est-ce approprié au degré d'intégration économique et financier? Cela correspond-il à notre vision de l'Union économique et monétaire ?", interroge le patron de l'AMF.

Dans cette situation, les partenariats publics-privés (PPP) pourraient être appelés à jouer un rôle certain. "La crise montre qu'il faut actualiser les PPP", estime-t-il, ajoutant que cette forme de partenariat a toujours existé, non seulement en France mais aussi en Allemagne, au Royaume-Uni et en Italie. "Mais la notion de partenariat public privé est en train de changer, poursuit-il. Elle se définit d'avantage en termes de financements qu'auparavant."

"On doit avoir les règles et le courage des règles !", souligne pour sa part le chef économiste du groupe Crédit Agricole, Jean-Paul Betbèze. "Les règles, quand elles ne sont pas bien pensées, sont inégalitaires", explique-t-il, plaidant pour une régulation permettant aux économies de croître de 1,5 à 2%.

Car, sans croissance, c'est un crash annoncé. D'ici quelques années, nombreux sont les Etats dont la dette atteindra 100% du PIB. En Europe, l'Irlande a déjà explosé toutes les prévisions, avec un ratio dette/PIB de 2,7 ! Car ce sont bien les finances publiques qui supportent aujourd'hui le poids de la dette, à la place du secteur privé.

Si peu de faillites d'entreprises privées sont aujourd'hui survenues comparé à l'ampleur de la crise, les risques pèsent aujourd'hui sur le secteur public. "En ce moment, c'est quand même la banque de Suède qui fait les fins de mois des Etats baltes", conclut Jean-Pierre Jouyet.

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