Christian Lequesne (Ceri) : "le gouvernement français voit les institutions supranationales comme des ennemies"

Après deux semaines de polémiques entre Paris et Bruxelles au sujet des Roms, Christian Lequesne, directeur du Ceri, analyse l'action du gouvernement comme le reflet de la vision intergouvernementale qu'il a de l'Europe.

EurActiv.fr : que pensez-vous des réactions du chef de l'Etat et plus largement de l'UMP sur la polémique entre l'UE et la France au sujet des Roms ?

Christian Lequesne : il est intéressant de voir comment le président de la république, Nicolas Sarkozy, a répondu au sujet du Luxembourg [le 15 septembre, Nicolas Sarkozy a suggéré à Viviane Reding d'accueillir des Roms au Luxembourg, son pays d'origine, NDLR]. D'après les traités, les commissaires représentent les institutions européennes et pas l'intérêt d'un Etat. Or, le président français a répondu à la commissaire à la Justice, Viviane Reding, comme s'il s'adressait à la femme politique luxembourgeoise.

Cette attitude de la France témoigne d'une conception strictement intergouvernementale de ce que doit être l'Europe. En d'autres termes, il ne faut surtout pas d'intervention de la part de la Commission et du parlement.

Après le vote par le parlement européen de la résolution contre les expulsions de Roms au sein de l'UE, le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, Pierre Lellouche, avait fustigé le parlement européen. Ceci montre bien que, selon le gouvernement, ces deux institutions supranationales sont vues comme des ennemies.

Cette crise fait penser à celle de la chaise vide en 1965. Le général de Gaulle fustigeait à l'époque les "technocrates apatrides" de Bruxelles. Selon cette vision, seuls les responsables gouvernementaux sont au fait des politiques publiques. C'est un peu le message actuel de l'UMP.

D'une certaine manière, il ne reste rien de l'héritage gaulliste à l'UMP, sauf le discours sur l'Europe.

Le discours du gouvernement au sujet des Roms doit également être vue dans le contexte des élections présidentielles qui commencent à se préparer en France.

Quelles peuvent être les conséquences de cette crise entre la Commission européenne et la France ?

La relation politique entre la France et la Commission n'est pas bonne, mais cette affaire avec Viviane Reding n'a pas déclenché cette mauvaise relation.

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