Pour les patrons allemands, "la France est devenue un facteur de risque à prendre très au sérieux"

Le nouveau plan d'économies présenté par la France fait débat outre-Rhin. Alors que le gouvernement allemand en fait spontanément l'éloge, les entrepreneurs ne sont pas forcément du même avis.
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"Ces mesures ne vont pas suffire: la France a un gros problème de croissance, de productivité et je ne la vois pas les résoudre en peu de temps avec ce plan", indiquait mercredi à Berlin le président de la Fédération des exportateurs allemands (BGA), Anton Börner, devant l'Association de la presse étrangère (VAP). "Je ne crois pas qu'un président français puisse s'attaquer aux privilèges comme le nécessiterait l'économie or les marchés financiers sont devenus impatients: pour eux la France est devenue un facteur de risque à prendre très au sérieux", estime ce représentant d'entreprises réalisant au total quelque 1200 milliards d'euros de chiffre d'affaires annuel à l'export.

"Jusqu'ici le lien entre Angela Merkel et Nicolas Sarkozy a tenu mais une fois Sarkozy réélu cela va se rompre et dès l'été prochain nous aurons une situation encore plus grave qu'aujourd'hui, la France étant le prochain domino alors que nous n'aurons pas même résolu le cas italien", prédit, pessimiste, Anton Börner

Selon lui le rapprochement entre Paris et Berlin est tout simplement impossible. "La mentalité des Français est beaucoup plus proche de celle des Italiens que de celle des Allemands", explique-t-il.

Un éclatement de la zone euro

S'attendant à terme à un éclatement de la zone euro, Anton Börner ne s'en alarme pas outre mesure, un "bloc monétaire avec l'Allemagne, les Pays-Bas, l'Autriche, la Finlande, peut-être le Danemark" devant s'y substituer.

"L'euro est important pour nous les exportateurs mais pas tant que cela (...) si nous exportons tant dans la zone euro cela n'a rien à voir avec le fait d'avoir une monnaie commune mais plutôt, dans le marché intérieur européen, avec l'absence de droits de douane".

A l'inverse, selon "le gouvernement fédéral allemand, la France a donné avec son train de mesures un bon exemple d'un comportement responsable (...) ce sont des annonces auxquelles on peut se fier avec une perspective concrète de mise en œuvre, ce qui permet à un pays de regagner la confiance sur les marchés", a loué mercredi le porte-parole d'Angela Merkel, Steffen Seibert.

Interrogé par La Tribune, si le candidat François Hollande devait lui aussi faire sienn le plan de mesures présenté par François Fillon, il a souligné que "les choses [du plan français] sont justes". Angela Merkel n'a apparemment, cependant, pas l'intention d'en parler avec François Hollande lui-même : "je ne connais aucun projet de rencontre de la chancelière avec François Hollande", a précisé son porte-parole.

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