Vers une nouvelle baisse des taux de la BCE jeudi ?

Par Isabelle Croizard  |   |  512  mots
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La marche vers une union budgétaire en zone euro pourrait rendre la BCE plus offensive

L'électrochoc administré par les six banques centrales les plus puissantes du monde mercredi, unissant leurs forces pour tenter d'éviter l'assèchement des crédits en dollars et en devises étrangères du système bancaire de la zone euro, a permis à la monnaie unique d'interrompre une dérive qui menaçait de l'entraîner à son plus bas niveau de l'année face au billet vert. Après avoir menacé d'enfoncer le seuil de 1,32 dollar, pour la première fois depuis huit semaines, on retrouvait l'euro brièvement remonté jusqu'à 1,3550, avant de conclure la semaine autour de 1,339. Et ce, malgré les statistiques de l'emploi très encourageantes aux États-Unis en novembre, qui se sont soldées par la création de 120.000 nouveaux postes de travail et une chute du taux de chômage de 9 % à 8,6 %, son plus bas niveau depuis mars 2009. Car sur le marché de dupes dans lequel nous vivons actuellement, les bonnes nouvelles, en diminuant l'aversion au risque, redonnent de l'attrait aux actifs exposés.

Mais c'est aussi et surtout à un regain de confiance dans l'issue prochaine de la crise la plus grave qu'ait connue l'Europe depuis la guerre, comme aiment à le rappeler les dirigeants de part et d'autre du Rhin, que l'euro parvient à affronter sereinement la baisse potentielle de ses rendements qui se dessine. Si lors du sommet des 8 et 9 décembre, l'Europe réussit à créer, ou tout du moins à poser les jalons de l'union budgétaire que la chancelière allemande Angela Merkel appelait de ses voeux encore vendredi, la Banque centrale européenne pourrait, à défaut de sortir le bazooka des achats illimités de dette des États en difficulté, passer à une tactique plus offensive. C'est ainsi qu'ont été interprêtés les propos tenus par son président, Mario Draghi jeudi, lors de sa première intervention devant le Parlement européen.

Même pas en rêve

Devant les avancées qui semblent se dessiner, Mario Draghi et les « sages » du Conseil des gouverneurs de la BCE, qui se réunit ce jeudi, pourraient annoncer la deuxième baisse des taux en tout juste un peu plus d'un mois. Ce qui ramènerait le taux de refinancement de 1,25 % à 1 %, alors qu'il se situait à 1,5 % lors de la passation des pouvoirs de Jean-Claude Trichet au président italien le 1e novembre. Le « refi » retomberait alors sur ce qui fut son plancher historique de mai 2009 à avril 2011 et qu'il n'aurait sans doute pas quitté, si l'on avait pu prévoir la dégradation de la crise de la dette. Aussi hérétique que cela puisse paraître, il pourrait bien tomber jusqu'à 0,5 % au cours des prochains mois, le nouveau plancher que lui assigne un nombre croissant d'économistes. Non pas que Draghi se démarquerait de Trichet, dont il partage l'orthodoxie, mais parce que les pères fondateurs de l'Union monétaire, qui avaient donné à la BCE la responsabilité première d'être la gardienne de la stabilité des prix, se trouvent aujourd'hui confrontés à une situation qu'ils n'auraient jamais osé imaginer. Même pas en rêve...