Athènes et ses créanciers ne parviennent pas à s'entendre

Par Mathias Thépot  |   |  525  mots
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L'Institut de la finance internationale a interrompu les négociations devant aboutir à l'abandon de 50 % de la dette grecque.

Pendant ce temps-là, en Grèce, la situation se complique. Les négociations qui doivent théoriquement aboutir à l'abandon par les banques de 50 % de la dette grecque qu'elles possèdent, soit 103 milliards d'euros au total, ont été suspendues par les créanciers privés vendredi.

L'Institut de la finance internationale (IIF) - qui regroupe 450 banques, assureurs et fonds d'investissement - s'est fendu d'un communiqué alarmant. Il y indique que, « en dépit des efforts des dirigeants grecs », la proposition d'abandonner 50 % de la dette de l'État « n'a pas abouti à une réponse ferme et constructive de la part de toutes les parties ». « Dans ces conditions, les discussions avec la Grèce sont suspendues pour permettre une réflexion sur les bénéfices d'une approche volontaire », indique le communiqué publié au nom de l'Américain Charles Dallara, directeur général de l'IIF, et du Français Jean Lemierre, conseiller du président de BNP Paribas.

Les deux hommes sortaient d'une rencontre avec le Premier ministre grec, Lucas Papademos, accompagné de son ministre des Finances, Evangélos Venizélos. Les quatre hommes s'étaient déjà entretenus durant deux heures jeudi.

Selon le quotidien grec « Kathimerini », l'objet de la discorde résiderait dans les conditions de souscription des nouvelles obligations que les créanciers privés de la Grèce recevront en échange de leurs anciens titres.

En effet, dans le cadre du plan de sauvetage de la Grèce conclu par Bruxelles le 27 octobre, les créanciers privés avaient accepté de renoncer à 50 % de leur créance de 206 milliards d'euros sur l'État grec. Le solde de 103 milliards d'euros devant être échangé contre de nouvelles obligations souveraines.

Pour ces nouvelles obligations grecques, les banques réclament un taux d'intérêt d'environ 5 %, alors que la Grèce ne consent pour sa part qu'à une rémunération d'environ 4 %.

Taux d'intérêt

Le sujet est très sensible car un taux d'intérêt trop faible équivaudrait pour les créanciers privés à perdre plus de 50 % de leur créance sur l'État grec.

« Nous espérons vraiment, pour le bien de la Grèce et de la zone euro, que la première, avec le soutien de la seconde, sera en mesure de renouer le dialogue de manière constructive avec le secteur privé, avec pour objectif de mettre au point définitivement un accord d'échange de dette mutuellement acceptable, conformément à l'accord des 26 et 27 octobre », ont prévenu Charles Dallara et Jean Lemierre vendredi.

La situation est d'autant plus urgente pour la Grèce que le 20 mars, elle devra rembourser 14,5 milliards d'euros. Une échéance que les Hellènes ne seront pas capables d'honorer si le FMI, la Banque centrale européenne et l'Union européenne ne leur versent pas les 130 milliards prévus dans le cadre du plan de sauvetage du 27 octobre.

Or, ce versement est conditionné à un accord entre la Grèce et ses créanciers privés ! Faute de quoi, « la Grèce pourrait avoir besoin d'un soutien additionnel de la part de (ses) partenaires (européens) », a prévenu jeudi le vice-ministre grec des Finances, Filippos Sachinidis.