L'Italie veut une solution "européenne"

Par Robert Lavéran, à Rome  |   |  348  mots
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Le nouveau président du Conseil, Mario Monti, sort paradoxalement renforcé de la dégradation par S&P : ses dures réformes sont ainsi justifiées et son pouvoir conforté.

« Nous avons reçu une vraie gifle. » La ministre italienne du Travail, Elsa Fornero, n'a pas caché un certain désarroi au lendemain de l'annonce par Standard & Poor's (S&P) de l'abaissement de 2 crans, à BBB+, de la note de l'Italie. « Cela va ralentir notre redémarrage », a-t-elle ajouté, alors que Rome pensait avoir gagné un peu de répit après la tempête financière des derniers mois et la cure d'austérité de 30 milliards d'euros infligée au pays par Mario Monti. D'ailleurs, vendredi matin, quelques heures avant la publication du verdict de l'agence de notation, l'Italie avait réussi à placer pour 3 milliards d'euros de bons du Trésor à 3 ans, à 4,83 % contre 5,62 % en décembre.

Le président du Conseil, Mario Monti, n'a toutefois pas voulu dramatiser la situation. Il a ainsi estimé que ce n'était pas l'Italie qui était particulièrement visée mais l'Europe, et que, par conséquent, « la réponse devra être européenne, surtout pour soutenir les efforts nationaux en faveur de la croissance et de l'emploi ».

À Rome, on note notamment que S&P a reconnu que la ligne gouvernementale était « un motif de stabilité pour toute l'Europe ». Mario Monti a confirmé qu'il entendait poursuivre sur la voie des réformes, à commencer par les libéralisations. Le président du Conseil devrait également profiter de la venue à Rome vendredi prochain d'Angela Merkel et de Nicolas Sarkozy pour plaider à nouveau pour l'instauration d'une « BCE plus forte » après l'approbation de l'accord budgétaire européen.

Pression sur les partis

Mario Monti va également s'employer à faire pression sur les partis politiques pour faire adopter au plus vite ses mesures en leur rappelant que S&P a en effet jugé négativement le pays en raison du risque « d'une opposition aux réformes actuelles et ambitieuses du gouvernement ». Ce qui fait dire au journal de droite « Libero » que, politiquement, la dégradation de l'Italie pourrait paradoxalement renforcer Mario Monti : « Les partis ne prendront pas la responsabilité de gouverner un pays déclassé. Ils laisseront le Professore faire le sale boulot. »