Comment la Finlande est revenue de l'"enfer" de la dégradation

Par Romaric Godin  |   |  451  mots
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Au début des années 1990, l'économie de ce pays nordique s'effondre. Moody's le prive de son AAA. S'ensuit une décennie de rigueur, de libéralisation forcée mais aussi de soutien à l'innovation technologique...

Parmi les pays qui ont retrouvé leur AAA, la Finlande fait souvent figure de référence. Au début des années 1990, l'économie de ce pays nordique s'est subitement effondrée. La fin de l'URSS, pour qui elle était la porte d'entrée commerciale vers l'Occident, a donné le premier coup. Puis la hausse générale des taux d'intérêt européens dans la foulée de la réunification allemande assène une économie minée par le surendettement des ménages et du secteur privé. Le gouvernement finlandais doit alors faire face à une forte baisse de ses recettes (le PIB de 1991 chute de 6,5 %) et à une explosion des dépenses sociales (le taux de chômage dépasse en 1993 les 18 %). Il lui faut de plus venir au secours d'un secteur bancaire menacé d'une faillite généralisée. Le déficit public se creuse de façon vertigineuse. Excédentaire en 1989, le budget de l'État central accuse en 1992 un déficit de 7 % du PIB. La dette passe de 10 % du PIB en 1990 à plus de 70 % en 1996. Le 20 octobre 1990, Moody's, la seule agence à noter alors le pays, le prive de son AAA accordé quatre ans plus tôt. En janvier 1992, elle réduit encore sa note d'un cran à Aa2.

Les gouvernements successifs vont alors faire de la restauration de la confiance leur priorité. Une rigoureuse austérité budgétaire basée sur la réduction des dépenses publiques est mise en place sous l'impulsion du ministre des Finances conservateur, Iiro Viinanen, qui liquide des pans entiers de l'État providence construits dans les années 1960.

Le pays retrouve les faveurs des marchés lorsque, au printemps 1995, le nouveau Premier ministre social-démocrate, Paavo Lipponen, décide de poursuivre et même d'accentuer cette politique et de conserver Iiro Viinanen. Rapidement, les taux finlandais reculent, le budget retrouve son équilibre en 1997. La Finlande est qualifiée pour l'euro et Moody's lui rend son triple A en 1998.

Réforme fiscale

Mais cette cure budgétaire est loin de tout expliquer. Dans le même temps, Helsinki a brusquement libéralisé l'économie pour doper la croissance. Inspiré par la « création destructive » de l'économiste autrichien Schumpeter, l'État va abandonner à leurs sorts les secteurs touchés par la crise. Les capitaux se sont alors dirigés vers ceux jugés à forts potentiels. Une réforme fiscale est venue favoriser les entreprises qui investissent dans la recherche. Aidée par la modération salariale, soutenue par un secteur technologique incarné dans Nokia, l'économie finlandaise affiche désormais un taux de croissance parmi les plus élevés de la zone euro. De quoi assurer le triple A du pays.