Les partenaires européens excédés par l'attitude de la Grèce

D'ici mercredi, le gouvernement de Lucas Papademos doit impérativement fournir des gages s'il veut que ses bailleurs le mettent à l'abri d'un défaut. La surveillance européenne sur Athènes sera plus étroite à l'avenir.
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Dans la partie qui se joue depuis deux ans entre Bruxelles et Athènes, la balle est plus que jamais dans le camp grec. Jeudi soir, les ministres des finances de la zone euro ont signifié à leur homologue, le vice-Premier ministre Evangelos Venizelos, qu'ils ne se payaient plus de mots. "Nous avons réexpliqué à notre collègue quel était notre niveau d'attente pour les jours à venir", a dit le président de l'eurogroupe Jean-Claude Juncker à l'issue de la réunion.

La négociation du deuxième plan d'aide à la Grèce, en cours depuis juin 2011, est entré ces derniers jours dans une phase conclusive avec la finalisation d'un programme d'ajustement budgétaire et de réformes économiques drastiques, d'un côté, et celle d'un accord d'échanges d'obligations avec les créanciers privés, de l'autre. Mis ensemble, ces deux éléments garantiraient à Athènes 230 milliards d'euros dont 130 destinés à réduire son stock de dettes et 100 à assurer l'exécution du budget.

Manque de crédibilité

Néanmoins, la plupart des partenaires européens estimaient jeudi, avant même l'ouverture de la réunion, que les engagements grecs manquaient de crédibilité et de précision. Les ministres ne disposaient ni d'un état précis de l'accord sur la participation du secteur privé, ni de l'analyse des experts de la BCE, de la Commission et du FMI sur la soutenabilité de la dette, ni d'un programme détaillé et daté de réformes. "Pour une réunion au niveau des ministres, il faut disposer de ces éléments au moins deux jours à l'avance", s'agaçait une source européenne jeudi.

Dès lors, il ne pouvait s'agir que d'augmenter la pression sur Athènes pour apporter des gages supplémentaires de sa capacité à se plier à la sévère dévaluation interne jugée incontournable par ses bailleurs de fonds. "Il n'y a rien à attendre parce qu'il n'y aura pas de décision ce soir", avait déclaré le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble à son arrivée à Bruxelles jeudi, traduisant un sentiment général d'impatience. "En dépit de quelques échanges de vue musclés, l'atmosphère (de la réunion) était excellente", a précisé Jean-Claude Juncker. Le ministre français François Baroin s'était épargné le déplacement à Bruxelles, laissant le directeur du Trésor monter en première ligne.

Triple mission

Evangelos Venizelos est rentré à Athènes avec une triple mission. Il doit obtenir un engagement du Parlement sur le plan de réforme qui comprend notamment une réduction de 20% du salaire minimum, ainsi qu'une série de réformes du marché du travail, du secteur public et du secteur bancaire. Pour boucler son plan d'économies budgétaires de 3 milliards d'euros en 2012, il doit aussi remplir le « blanc » de 325 millions d'euros correspondant à des coupes dans les retraites que les partis au gouvernement se refusent pour l'instant à faire. Le budget de la défense pourrait être mis à contribution. L'Eurogroupe exige enfin que les partis de gouvernement "s'approprient" le programme arrêté à l'aube jeudi matin entre les négociateurs grecs et ceux des bailleurs internationaux réunis dans la troïka qui rassemble la Commission européenne, la Banque centrale européenne (BCE) et le Fonds monétaire international (FMI).

Il est nécessaire que ces trois éléments soient "en place avant que l'on prenne une décision dans les prochains jours", a déclaré Jean-Claude Juncker. Une nouvelle réunion de l'Eurogroupe est programmée mercredi 15 février à cette fin.

"Pas de déboursement avant la mise en oeuvre"

Quoiqu'il en soit, le déblocage des nouveaux fonds européens et du FMI n'interviendra qu'à condition que le programme de réformes soit effectivement réalisé, ont averti les partenaires européens d'Athènes. Il n'y aura "pas de déboursement avant la mise en ?uvre" d' "actions préalables" dont la liste précise doit être approuvée mercredi prochain, a insisté Jean-Claude Juncker. La Commission européenne travaille par ailleurs à un plan de renforcement de l'assistance aux autorités grecques qui ont échoué à mettre en ?uvre la plupart des engagements pris depuis 2010.

Enfin, la voie d'un accord avec les banques en vue d'un échange massif d'obligations permettant de réduire de 100 milliards d'euros le stock de dettes du trésor grec semble, elle, dégagée. Il pourrait commencer dès que l'Eurogroupe aura donné son blanc-seing à l'ensemble du paquet. La Banque centrale européenne pourrait participer à cette restructuration de la dette, a indiqué jeudi son président Mario Draghi, en distribuant à ses actionnaires, les Etats de la zone euro, les profits réalisés sur son portefeuille d'obligations grecques achetées sur le marché avec une forte décote. Les remises de dettes des créanciers visent à ramener l'endettement grec dans les limites de 120% du PIB en 2020. Un objectif que de nombreux observateurs jugent irréalistes compte tenu de la nouvelle contraction du PIB grec attendue en 2012.

Commentaires 32
à écrit le 13/02/2012 à 9:45
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l Allemagne dominer l Europe sans invasion et les bombes les pays comme la Grèce l Espagne le Portugal et autre doivent se regrouper et sauver les peuples pas les capitalistes.première chose que tous le monde mange!

à écrit le 10/02/2012 à 18:55
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Les grecs sont en position de force car sur le fond nos artistes dont les deux principaux Merkel/Sarkozy n'ont pas pris en compte des le départ l'impossibilité pour la Grèce de faire face à son endettement. Si j'étais grecs je cesserais toute discuss...

le 11/02/2012 à 9:05
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Ce qui est surtout regrettable c'est que la dette Grèque est due en grande partie aux dépenses pour l'armement. Donc c'est surtout l'Allemagne et la France qui en ont profité, étant les pays qui ont le plus exporté de l'armement vers la Grèce.

à écrit le 10/02/2012 à 17:58
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Les Grecs excédes par l'attitude des partenaires européens serait plus juste.

à écrit le 10/02/2012 à 15:41
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Travailleurs il va falloir se serrer la ceinture encore un peu plus pour rembourser une dette sans fonds. Les Grecs sont étranglés, ils n'en peuvent plus d'être ponctionnés, salaires en baisse, impôts en hausse, coupures intempestives d'électricité, ...

à écrit le 10/02/2012 à 15:05
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Le chantage est du côté des Grecs, la tröïka finira par céder, sans quoi, on ouvre la Boite de Pandore

à écrit le 10/02/2012 à 15:03
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A quand le procès de JP Morgan, ces escrocs ont mis le pays où est né la démocratie sur la paille, ils méritent qu'ont s?intéresse a leur cas !

le 10/02/2012 à 15:37
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Chez nous aussi la démocratie est en danger ! Car l'UMPS veulent nous imposer de force le fédéralisme dont nous ne voulons pas. Peuple de France : restons souverains

le 10/02/2012 à 16:10
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populisme demagogie

à écrit le 10/02/2012 à 13:58
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le peuple n'a pas à payer pour les filouteries des puissants.

le 10/02/2012 à 15:40
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C'est pourtant bel et bien ce qui se passe. En 2012 réfléchissez avant de voter : tout sauf un parti pro européen (il n'y en a que 2 -Debout la république et le front national- et c'est fort peu). Avec tous les autres nous resterons dans la même g...

à écrit le 10/02/2012 à 13:48
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les élections prochaines empoisonnent les partis grecs et c'est du poker menteur, l'eurogroupe peut difficilement faire autrement que de louvoyer encore en attendant car la Grèce ne peut sortir de l'euro, ce serait encore pire pour ses citoyens!

le 10/02/2012 à 14:08
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Non, ça ne sera pas pire. En gros, les grecs ont le choix entre la peste et le choléra .Dans un cas comme dans l'autre, l'avenir des grecs ne sera guère joyeux. La seule différence étant qu'ils seront réellement libres de leur politique économique en...

à écrit le 10/02/2012 à 13:20
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Vous remarquerez tout comme moi que tous ceux qui ont laissé la Grèce entrer dans l'euro, sachant qu'elle avait triché, ce qui fait du monde, y compris le patron de la BCE et nos chers eurocrates, se défaussent totalement de leur irresponsabilité. E...

à écrit le 10/02/2012 à 11:59
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Quand les dirigeants grecs attaqueront les problèmes structurelles de la grèce et pas conjoncturelles? a part ponctionner les personnes qu'ils s'attaquent au vrai défi du pays et pas sur le peuple.

le 10/02/2012 à 13:17
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Vous me faites rire. ne comprenez donc vous pas que ces mesures sont voulues par l'UE et la FMI ? Je pense en toute honnêteté que vous rigolerez moins quand la "vraie" rigueur voulue par la "troïka" débarquera en France !

le 10/02/2012 à 13:59
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"la vraie rigueur voulue par la troïka" débarquera en France !" C'est envisageable dans les mois qui suivront le 7 mai 2012

à écrit le 10/02/2012 à 11:42
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Il y a des spéculateurs et des banques qui ont joué depuis 10 ans et qui ont gagné! Les banques comme Goldman-Sachs ont refilé des actifs "toxiques" comme on dit aux gouvernements grecs successifs (et d'ailleurs c'est l'ex directeur pour la Méditerra...

à écrit le 10/02/2012 à 11:37
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On nous parle du auvetage de la zone euro,,,pas vrai sauvetage des banques europeennes et US (CDS)...les actionnaires n ont qu a prendre leurs pertes et se retourner contre ceux qui se sont gaves depuis des annees.... On va payer pour DEXIA car le co...

à écrit le 10/02/2012 à 10:52
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chacun doit payer ses erreurs, y compris les banquiers qui ont prêté sciemment à un pays mal géré. Ils l'ont fait pour toucher des intérêts, ils ont perdu. Les autres états ont prêté pour éviter à leurs banquiers de faire des pertes, ils ont perdu a...

le 10/02/2012 à 15:02
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Si vous croyez que seuls les actionnaires des banques et cies d'ass paieront, c'est trop simpliste, nous tous, épargnants ou pas trinqueront. Cela a déjà commencé avec les taux des contrats d'ass vie en baisse sévère, avec le taux du livret A qui ne ...

à écrit le 10/02/2012 à 10:48
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Ils auraient mieux fait de laisser Papandréou organiser son référendum en novembre dernier. Peut être qu'à l'époque ils auraient pu faire accepter les contreparties pour conserver l'euro. Aujourd'hui c'est trop tard.

à écrit le 10/02/2012 à 10:40
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La perte totale des engagements de nos banques européennes n'est plus un problème. C'est tout simplement pea nuts, et les derniers mois ont été bien utiles pour fourguer le bébé à la BCE. C'est bien cette dernière qui est à risque, croyant très naïve...

le 10/02/2012 à 10:58
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@bili hari +1. Vu qu'on s'est déjà fait refiler le mistigri et qu'il y a plus d'autres joueurs autour de la table, le débat est clos.

à écrit le 10/02/2012 à 10:16
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A vivre pendant 20 ans des aides de l europe, tout en laissant partir a la derive les finances publiques et en ajoutant le fait que les grecs sont les champions des comptes offshore, ils ont pas fini de payer...

à écrit le 10/02/2012 à 10:09
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Maintenant et depuis un certain temps tous ces beaux messieurs tentent de rejeter la Faute -celle de quitter l'?uro- mesure inexorable tant le malade est saigné. L'Europe ne veut pas lâcher les 140 milliards qui jamais ne seront remboursés comme les ...

à écrit le 10/02/2012 à 9:44
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Bonjour, même si les dirigeants et les institutions qui prétendent parler au nom de "la zone euro" croyaient vraiment à une mauvaise foi spécifiquement grecque ( y aurait-il une race grecque?), pourquoi ne se décideraient-ils pas à geler les avoir pr...

à écrit le 10/02/2012 à 9:22
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Ils feraient mieux d'indiquer la date de retour du drachme.

à écrit le 10/02/2012 à 9:09
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S'ils pensent s'en sortir sans faire la guerre, ils se font des illusions nos Grecs.

à écrit le 10/02/2012 à 8:38
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quand les marches avaient peur de l'effet domino, les grecs pouvaient jouer leur tragedie............. je suis moins sur que c'est le cas aujourd'hui

à écrit le 10/02/2012 à 8:18
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L'important pour les Grecs est de trouver un accord pour encaisser l'aide. Il s'agit d'un marché de dupes nous savons bien que nous ne verrons l'argent en retour...

le 10/02/2012 à 11:54
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Quand vous dites "les Grecs" de quels Grecs vous parlez? Les armateurs, ou bien les petites gens qui essayent de s'en sortir?

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