L'Autriche se met au régime sec pour retrouver son triple A

Le gouvernement autrichien a annoncé la mise en place d'un plan de réduction du déficit public de 27 milliards d'euros d'ici à 2016. Une réaction vigoureuse à la perte du triple A du pays intervenue à la mi-janvier.
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A la différence de la France, qui a comme elle perdu le 13 janvier dernier son triple A auprès de l'agence de notation Standard & Poor's, la petite Autriche a réagi vigoureusement. Ce vendredi, le gouvernement de grande coalition du chancelier fédéral Werner Faymann adoptera « le plus grand plan de rigueur de l'histoire de la république », comme l'a affirmé la ministre des Finances Maria Fekter. Pas moins de 27 milliards d'euros d'économies sont ainsi prévues d'ici à 2016, soit un peu moins de 9,5 % du PIB du pays. Le menu de la cure d'austérité promise aux Autrichiens est des plus sévères.
Gel des salaires dans la fonction publique
La fonction publique sera particulièrement mise à contribution : les salaires des fonctionnaires seront gelés en 2012 et 2013 et ne seront revalorisés que de façon « modérée » en 2014. Il n'y aura aucune embauche de fonctionnaires au cours des trois prochaines années, sauf dans la justice et l'éducation. Une réforme de la carte des tribunaux et des hôpitaux devrait également permettre de réduire les dépenses publiques. La compagnie des chemins de fer, l'ÖBB, sera sommée d'économiser 1,4 milliard d'euros, principalement sur les infrastructures, afin de ne plus demander de rallonge à l'Etat. Les Länder autrichiens devront également se serrer la ceinture et trouver 5,2 milliards d'euros d'économies sur leurs budgets d'ici à 2014. Enfin, le monde politique veut montrer l'exemple : le nombre de députés et de ministres devra être réduit.
Les retraités également touchés
Les retraités vont aussi devoir participer à l'effort. Seules les pensions les plus modestes seront assurées d'ici 2016 d'être indexées sur l'inflation. Les autres retraités devront accepter une perte de pouvoir d'achat, mais leurs pensions ne seront pas gelées. Plus généralement, les régimes de retraites seront harmonisés et le nombre d'années de cotisations nécessaires pour entrer en « préretraite » dès 62 ans sera relevé de 37,5 à 40 ans. En moyenne, la République alpine est un des pays où le départ réel à la retraite est le plus précoce en Europe (59 ans pour les hommes, 58 ans pour les femmes).

Hausse de la fiscalité

Le plan du gouvernement autrichien ne comporte cependant pas qu'un volet lié aux baisses des dépenses, son volet fiscal est important et devrait couvrir jusqu'à 40 % des économies visées. Le morceau le plus important concernera l'immobilier : toute vente de bien immobilier sera taxée à hauteur de 25 %, quelque soit la durée de la détention. Jusqu'alors, cette taxe s'appliquait uniquement durant les 10 premières années de détention du bien. Par ailleurs, un impôt sera appliqué pour toute construction neuve sur un terrain non bâti. Par ailleurs, si le gouvernement a finalement renoncé à son projet d'impôt sur les successions, il a mis en place un impôt de solidarité sur les revenus les plus élevés. Les cotisations sociales seront légèrement relevées et beaucoup de niches fiscales seront supprimées, notamment sur le carburant des véhicules agricoles ou sur l'épargne immobilière.

Critiques et satisfecits


La réaction autrichienne est donc vigoureuse et montre la volonté du gouvernement de retrouver rapidement son triple A. Il s'agit également d'effacer l'image désastreuse produite auprès des investisseurs par le refus de l'opposition d'accepter la mise en place d'une « règle d'or » début janvier. Cette fois, Werner Faymann peut être satisfait : il a réussi non seulement à trouver un accord entre son parti, le SPÖ social-démocrate, et ses alliés conservateurs de l'ÖVP, mais aussi parmi les syndicats. Celui de la fonction publique, qui avait un temps menacé de grèves le gouvernement, a finalement fait part de son accord. Le parlement pourrait adopter le texte courant mars. Du côté des économistes, on regrette que ce plan ne s'attaque pas aux vraies réformes structurelles : alignement de l'âge de la retraite des femmes (aujourd'hui à 60 ans) sur celle des hommes (65 ans) avant la date prévue de 2024, ou modification en profondeur des systèmes administratifs, scolaires et de santé. « On aurait dû utiliser ce plan de rigueur pour entamer ces réformes », a ainsi affirmé l'ancien président de la Cour des Comptes Franz Fiedler. Tous les experts saluent néanmoins le volontarisme du gouvernement. Reste à estimer l'impact de ce plan sur une croissance autrichienne actuellement à la peine. La plupart des experts n'attendent pas plus de 0,4 % de hausse du PIB en 2012 dans la République alpine.

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