L'Espagne pourrait pourrait être privée de son poste au directoire de la BCE

La succession de José Manuel Gonzalez Paramo au sein de l'instance dirigeante de la BCE est ouverte. Madrid pourrait se voir chiper son poste par le Luxembourgeois Yves Mersch, au nom de la "culture de la stabilité".
Avec la nomination de Mario Draghi à la présidence de la BCE et celle du Portugais Vitor Constancio à la vice-présidence, les pays du « Nord », autour de l'Allemagne, se sentent mis en minorité. Copyright Reuters

En marge de leur réunion, largement consacrée à la Grèce, les dix-sept ministres des Finances de la zone euro devront également se pencher sur un nouveau remplacement au sein du directoire de la BCE. Fin mai, prendra en effet fin le mandat de l?Espagnol José Manuel Gonzalez Paramo. En théorie, ce poste devait revenir à un sujet de Juan Carlos, selon une répartition des postes informelles mis en place lors de la fondation de la BCE en 1998. Selon cette doctrine non écrite, les quatre grands pays de la zone euro, Allemagne, France, Italie et Espagne disposaient d?un siège au directoire. Les deux autres postes étaient occupés par les « petits pays », un du « sud » et un du « nord ». Sauf que cette belle mécanique semble avoir volé en éclat. Et aujourd?hui, l?Espagne n?est pas certain de conserver son poste. Son candidat, l?actuel chef du service juridique de la BCE, Antonio Saínz de Vicuña, est en effet menacé par l?actuel patron de la banque centrale du Luxembourg, Yves Mersch.

Minorité orthodoxe

Que s?est-il passé ? Avec la nomination de Mario Draghi à la présidence de la BCE et celle du Portugais Vitor Constancio à la vice-présidence, les pays du « Nord », autour de l?Allemagne, se sentent mis en minorité. D?autant que le poste de chef économiste, détenu jusqu?ici par un Allemand, est désormais la propriété du français Benoît Coeuré. Autrement dit, l?Allemagne se sent mise « en minorité » puisque son représentant au directoire, Jörg Asmusen, est le seul issu d?un pays AAA orthodoxe sur le plan monétaire et budgétaire. L?autre « nordiste » est en effet le Belge Peter Praët, « orthodoxe » certes, mais modéré. Du coup, la nomination d?Yves Mersch, qui lui est un « pur et dur » parmi les « faucons » permettrait de renforcer ce camp. Or, en ces temps de crise de la dette où l?Allemagne a l?impression de ne pas être entendue au sein de la BCE, notamment sur le programme de rachat d?obligations souveraines, l?enjeu est loin d?être mince.

Le soutien incertain de Paris à Madrid

Berlin soutient, donc, sans surprise, le Luxembourgeois, imitée par La Haye et Helsinki. Plusieurs petits pays de la zone euro, qui y voient un moyen de renforcer leur influence soutiennent également le candidat grand-ducal. La plupart des économistes font de même. Antonio Saínz de Vicuña, lui, peut compter sur le soutien de Paris. Mais il n?est pas certain que ce soutien soit suffisant. La France a en effet obtenu beaucoup au sein des instances de la BCE, notamment le poste de chef économistes et la nomination de deux de ses « poulains », Mario Draghi et Vitor Constancio. Face aux exigences d?un gouvernement allemand devenu plus puissant que jamais après la dégradation de la note de la France, Paris ne devrait pas faire de la nomination du candidat espagnol une question de principe. Reste pourtant l?impression que laisserait la nomination d?Yves Mersch : l?Espagne, quatrième économie de la zone euro se retrouverait pour plusieurs années sans représentants au sein de la BCE. Et du coup, la France et l?Italie pourrait craindre d?être un jour pareillement « punies».

Le dernier espoir d'Yves Mersch

Le choix sera donc difficile. Mais une chose est certaine : Yves Mersch n?abandonnera pas la partie. A 62 ans, gouverneur de la banque centrale du Grand-duché depuis 1999, il est reconnu pour ses compétences techniques. Dans une récente interview à la Süddeutsche Zeitung, il a affiné encore sa position de « faucon » en se disant prêt à s?engager pour la « culture de la stabilité » chère aux Allemands. En 2010, il avait échoué contre Vitor Constancio pour la course à la vice-présidence, victime alors d?un compromis entre Paris et Berlin. Cette fois, il pourrait bien l?emporter grâce au même schéma.
 

Commentaires 6
à écrit le 08/03/2012 à 14:17
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"Punition" ? Et voilà toute la différence entre les Etats unis et l'Union européenne... Voilà qui montre bien que l'Europe n'est pas viable. Tous libéraux et fédéraux qu'ils sont, les Etats américains sont solidaires entre eux. Le mauvais élève Néva...

à écrit le 24/02/2012 à 18:01
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Pas terrible, cet article. L'économiste en chef est bien Peter Praet et non le Francais. Et la Belgique ne fait certainement pas partie de ces pays "d'Europe du Nord" (en tout cas au sens où on l'entend aujourd'hui) qui seraient des modèles de bonne...

à écrit le 20/02/2012 à 21:49
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Pour information c'est au membre belge du directoire qu'est revenu le poste de chef économiste, et non au Français. SF

à écrit le 20/02/2012 à 21:00
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Moi, je propose carrément la fin de la monarchie en Espagne en y foutant à sa tête un mec issu de Goldman Sachs.

à écrit le 20/02/2012 à 16:22
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La BCE n'est pas le lieu pour jouer des castagnettes

à écrit le 20/02/2012 à 16:03
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Nous ne serons pas très surpris. Place aux riches...

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