En Belgique aussi, l'austérité tue l'emploi

Philippe Defeyt, économiste belge de l'Institut pour un développement durable, annonce un pouvoir d'achat en berne pour 2012 et un chômage sous-estimé. Il se montre fort inquiet.
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L?année 2012 sera morose sur le plan économique selon une étude publié par Philippe Defeyt, qui établit des prévisions négatives pour la Belgique cette année.

D?abord, le pouvoir d?achat et les revenus vont diminuer. Philippe Defeyt calcule qu?au cours de cette année, le pouvoir d?achat par tête sera de 3% inférieur à ce qu?il était en 2009. "Par rapport à 2011, il diminue de 2%", ajoute l?économiste. En réalité, le pouvoir d?achat a atteint un maximum historique en 2009 mais depuis lors, il ne cesse de reculer. Ce sont les petits revenus qui souffrent le plus de cette baisse. En effet, ceux-ci consacrent une grande partie de leur budget à la consommation d?énergie, au loyer et à l?alimentation. Ce sont trois postes pour lesquels les augmentations de prix ont été les plus fortes.

De plus, les personnes qui ont bénéficié de la liaison de leurs allocations minimales au bien-être ne voient aucune amélioration de leur situation financière. En effet, cette augmentation de leurs revenus a juste permis de combler la hausse des prix de l?énergie, des loyers et de l?alimentation. "D?un côté, on peut se dire: heureusement que ces revenus ont augmenté sinon la situation aurait été bien pire mais, d?un autre côté, la liaison au bien-être avait pour objectif d?améliorer la qualité de vie de ces personnes. Ce n?est malheureusement pas le cas", commente le spécialiste.

Le sous-emploi est à 19%

Les perspectives en matière d?emploi ne sont guère meilleures. "Pour l?analyse, je n?ai d?ailleurs pas voulu me contenter du taux de chômage. Il faut aussi tenir compte du chômage partiel (ou taux de sous-emploi) pour avoir une vision globale de la situation." Ainsi, pour 2012, alors que le taux de chômage devrait s?élever à un peu moins de 13%, le taux de sous-emploi, lui, avoisinerait les 19%.

Les jeunes qui sont en âge de travailler sont d?ailleurs de plus en plus nombreux à s?inscrire comme demandeur d?emploi. Le taux de chômage en 2011 s?avère donc supérieur à celui enregistré avant la récession de 2009-2010. Et s?il a un peu baissé entre 2005 et 2011, c?est essentiellement dû au fait que la population active a diminué de manière plus rapide que le taux d?emploi. Ce qui s?explique notamment par le nombre croissant de jeunes qui étudient plus longtemps et que ne sont donc pas pris en compte par les chiffres du chômage.

Les emplois jeunes, un effet d'aubaine pour les entreprises

Philippe Defeyt relève également la grande proportion d?emplois subventionnés en faveur des jeunes. En 2011, ils représentent environ 8% de l?emploi salarié contre 1,2% en 2005. "Ma conviction d?économiste est qu?une bonne partie de ces contrats subventionnés sont des emplois qui auraient été créés de toute façon", juge-t-il. Il y aurait donc un effet d?aubaine pour l?employeur. Ce qui a aussi pour conséquence la discrimination d?autres candidats. "L?employeur va donner sa préférence à celui qui rapporte le plus", déplore-t-il.

En conclusion, l?économiste juge que "malgré tous les dispositifs mis en place (aide à l?embauche, etc.) accompagné du fait que de plus en plus de jeunes étudient plus longtemps, il n?y a pas d?amélioration du taux de chômage". Pourtant, on remarque qu?en 2010, il se situait à 24,9% et en 2011 à 23,5%. Il a donc bel et bien diminué. "1,4%, c?est mieux que rien, admet-il, mais on ne peut pas dire que le problème est réglé". Philippe Defeyt juge qu?il est de nature structurelle. "Au cours des dix dernières années, le chômage se situe toujours entre 500.000 et 600.000. Il n?y a donc pas d?amélioration structurelle. Je pense qu?il est temps d?intégrer la réalité qui est qu?il n?y a pas de travail pour tout le monde et se décider à trouver des alternatives pour redistribuer le travail et les revenus."

Au final, l?économiste se veut très inquiet pour l?avenir. "Je pense qu?on est en train d?aggraver la situation. À force de faire de l?austérité, on finit par détruire l?emploi".

La totalité de l'étude est disponible en cliquant ici. Plus d'information à lire sur le site de l'Echo.

Commentaires 5
à écrit le 24/02/2012 à 17:15
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Il est grand temps qu'ils comprennent tous qu'ils doivent se serrer la ceinture et vivre suivant leur moyen.PERSONNE ne paiera pour eux.LA BANQUE EST FERMEE.

à écrit le 24/02/2012 à 13:28
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Ce qui tue la Belgique, ce sont les belges eux mêmes.

à écrit le 24/02/2012 à 12:05
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Hé oui et on continue à accueillir tout le monde alors qu'il n'y a plus d'argent pour les petits belges. A force d'avoir fait trop de social, on a tue le social...... Notre politique tue les PME et ELIMINE la CLASSE MOYENNE Je suis apolitique mais je...

le 24/02/2012 à 12:34
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en france (idem) l equipe dirigente fait volte face . mais.trop tard le mal est fait.....gabgi

à écrit le 24/02/2012 à 10:15
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M. Defeyt est d'abord et avant tout un politicien important du parti Ecolo. il est également président de l'assistance sociale (CPAS) de Namur (poste politique du niveau d'un adjoint au maire en France)

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