La Bundesbank fait la leçon aux politiques européens

Le président de la banque centrale allemande réclame une réforme du système de paiement européen Target-2 et invite les politiques européens a prendre leur responsabilité.
Jens Weidmann, président de la Bundesbank. Copyright AFP

Le président de la Bundesbank veut mettre les politiques européens devant leurs responsabilités. Dans une tribune publiée ce mardi dans le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung, Jens Weidmann met le doigt sur le problème du système de compensation bancaire Target-2 de l?Eurosystème. Ce système permet de centraliser les transactions financières au sein de la zone euro. Lorsqu?un client d?une banque française, par exemple, réalise un paiement en Allemagne, la Banque de France affiche un débit dans le système target-2 centralisé par la BCE qui crédite alors d?autant la Bundesbank.

Un système de paiement européen

Jusqu?au début de la crise financière, ce système servait surtout à gérer les transactions privées et commerciales au sein de l?UEM. Mais avec la crise, son volume a doublé, passant de 460 à 1.100 milliards d?euros. Et dans ce chiffre, les deux tiers des transactions concernent les pays dits "périphériques". Que s'est-il passé ? Avec la crise de la dette, les banques de ces pays ont cessé d'avoir accès au marché interbancaire. La BCE a donné des liquidités aux banques de ces pays et les banques centrales nationales ont accordé des prêts aux agents économiques. Comme la demande et la production de ces pays est devenue de plus en plus faible, cet argent a servi à acheter des biens, des services et des actifs de pays en excédent courant, principalement d'Allemagne donc. Les agents allemands qui ont reçu cet argent l'ont obtenu de la Bundesbank qui, en retour, a inscrit un crédit dans le système Target. Autrement dit, ces achats ont été réalisés à crédit et la Buba en a la responsabilité ultime. Aujourd'hui, la Bundesbank est la seule banque centrale nationale avec celle de Finlande et d'Autrcihe à afficher un solde positif considérable de près de 500 milliards d?euros sur Target.

Pertes possibles ?

Jens Weidmann, dans sa tribune, prétend ne pas s?inquiéter de ce crédit démesuré. « Selon moi, les engagements vis-à-vis de Target-2 ne représente aucun risque en soi, parce que je tiens l?éclatement de la zone euro pour une absurdité », affirme-t-il. Autrement dit, pour que ce crédit ne soit pas payé, il faudrait que l?ensemble des pays de la zone décide de dénoncer leurs débits et donc que l?UEM disparaisse. Pour autant, le président de la Buba évoque ouvertement dans son texte le risque d?une sortie d?un des membres de la zone euro. Chacun pense évidemment à la Grèce qui n?est pas citée, mais qui dispose de 120 milliards d?euros de débit dans Target-2. Si Athènes décidait de quitter l?euro, la Buba pourrait connaître des pertes sèches. C?est du reste en grande partie pour cela que la banque centrale allemande a placé près de 3,6 milliards d?euros de provisions supplémentaires cette année pour amener ses réserves à 7,7 milliards d?euros au global.

Aide dissimulée ?

Mais là où Jens Weidmann condamne le plus le système Target-2, c?est bien dans son utilisation comme moyen de contenir la crise en offrant de la liquidité à des banques de pays en difficulté, ce qui revient aussi à aider les gouvernements potentiellement incapables d'aider leurs banques. Reprenant l?argumentation développée depuis deux ans par le président de l?institut Ifo de Munich Hans-Werner Sinn, le président de la Buba considère donc que Target a été dévoyé en une sorte de plan d?aide « caché ». Il a permis de financer les largesses de la BCE et des banques centrales nationales des pays périphériques. Or, si la BCE peut fournir des liquidités à l?occasion à certaines banques, elle sort, selon jens Weidmann, de son rôle lorsqu?elle établit durablement cette aide. « Il ne relève pas de la politique monétaire de maintenir artificiellement en vie des banques en désarroi ou d?assurer la capacité de paiement des Etats membres », écrit-il. Pour lui, ces tâches reviennent aux « gouvernement et aux parlements concernés ».

Réforme de Target-2

L?offensive de Jens Weidmann vise donc à mettre à jour un système d?aide dont ne parlent pas les gouvernements européens qui en laissent la charge à la BCE. Il réclame donc un retour du politique par une limitation dans le temps des débits et des crédits de Target-2. Une limitation qui, de plus, réduirait le risque d?inflation. Il a cependant peu de chance d?être entendu, car évidemment ce système est assez bon marché pour les gouvernements qui économisent ainsi quelques centaines de milliards d?euros d?aide supplémentaires et quelques tensions sur les marchés. En attendant, l?offensive de la Buba contre les politiques s?est poursuivie ce mercredi avec la présentation de ses résultats annuels. Comme attendu, l?augmentation des réserves a conduit à un bénéfice très faible : 643 millions d?euros. Concrètement, ceci va coûter 1,5 milliard d?euros au budget fédéral de Wolfgang Schäuble. Une autre façon de montrer concrètement son mécontentement.

 


 

Commentaires 2
à écrit le 14/03/2012 à 6:27
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Tant que les balances commerciales ne seront pas équilibrées le probleme persistera, quoi qu'en dise nôtre Allemand qui sait tout mieux que les autres!

à écrit le 13/03/2012 à 22:05
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discussion complète de TARGET2: http://www.robertmwuner.de/materialien_euro_literatur_target2.html

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