Angela Merkel devant de nouveaux tests électoraux

La fin du gouvernement minoritaire de Rhénanie du Nord-Westphalie annonce un troisième scrutin régional important cette année. La situation est délicate pour la chancelière et pourrait influencer sa politique européenne.
Copyright AFP

Angela Merkel va devoir faire face à une série de nouveaux tests électoraux. Ce mercredi, le budget du Land de Rhénanie du Nord Westphalie, le plus peuplé de la République fédérale, a été rejeté par le parlement régional. Le gouvernement régional minoritaire de coalition entre le SPD et les Verts, qui gouvernait depuis deux ans le Land avec la tolérance de Die Linke, le parti de gauche, va vraisemblablement demander la tenue de nouvelles élections dans les mois qui viennent.

Calendrier chargé

L'année 2012, qui s'annonçait assez calme sur le plan électoral pour Angela Merkel, sera donc en réalité assez chargée. Le 25 mars, les électeurs de la Sarre seront ainsi appelés aux urnes pour renouveler leur parlement dissous après l'implosion de la première coalition « Jamaïque » regroupant la CDU (les « Noirs »), les Libéraux (les « Jaunes ») et les Verts, soit les trois couleurs du drapeau de l'île caraïbe. Le 6 mai, ce sont les citoyens du Schleswig-Holstein, dans le Nord du pays qui éliront leur Landtag lui aussi prématurément dissous. Enfin, donc, il faudra à nouveau voter en Rhénanie du Nord Westphalie. Et en janvier 2013, c'est le Land de Basse-Saxe, au nord, qui se rendra aux urnes. Ce sera alors le dernier test électoral avant les élections fédérales de septembre 2013.

Effondrement libéral

Pour le gouvernement fédéral, ces scrutins ne sont pas forcément des bonnes nouvelles. L'effondrement du parti libéral FDP risque en effet d'être à nouveau confirmé lors de ces échéances régionales. Selon les derniers sondages, le FDP n'atteindrait dans aucun des trois Länder les 5 % nécessaires pour avoir une représentation parlementaire. En Sarre, où ses querelles internes ont sapé la coalition et sa crédibilité, il n'obtiendrait que 1 % des intentions de vote. Du coup, partout, la CDU se retrouve isolée.

Alliances possibles

Son seul espoir pour rester au pouvoir réside donc dans des alliances avec un des deux partis de centre-gauche, les Verts ou le SPD. Mais pour que cette situation soit possible, il faut que l'alliance "naturelle" entre les deux partis n'obtienne pas la majorité absolue. En Rhénanie du Nord Westphalie et au Schleswig-Holstein, cette coalition en est très proche. En Sarre, où les Verts sont très faibles, tout dépendra de la volonté du SPD de s'allier ou non avec Die Linke, forte dans le land d'Oskar Lafontaine. Une inconnue réside également dans le comportement de la force montante de la politique allemande, le parti pirate, qui serait en mesure de faire son entrée dans les trois parlements régionaux et dont on ignore s'il est prêt ou non à soutenir le centre-gauche.

Les enjeux des scrutins

L'enjeu n'est pas mince : la perte de la Sarre et du Schleswig Holstein, ainsi que la confirmation du centre-gauche en Rhénanie du Nord Westphalie conduirait à donner une majorité absolue de gauche au Bundesrat. Or, cette chambre qui représente les Länder a son mot à dire sur toutes les questions budgétaires, particulièrement sensibles ces temps-ci. Les Chrétiens-démocrates sortiraient de plus considérablement affaiblis d'une nouvelle série de défaites après la désastreuse année 2011.

Conséquences

Placée dans une situation fort délicate, Angela Merkel risque donc de jouer un rôle à plusieurs facettes. Il va lui falloir séduire le centre-gauche pour amadouer le Bundesrat et ne pas se couper d'alliés éventuels tout en flattant son propre électorat afin de conserver à son parti une position dominante. Quel sera l'impact de cette situation sur sa politique européenne ? On se souvient que la campagne de la précédente élection de Rhénanie du Nord Westphalie au printemps 2010 avait pesé lourd dans sa gestion - et ses erreurs - des premiers moments de la crise grecque. Ses hésitations, sa prudence, ses déclarations électorales n'avaient pas été sans effet sur l'aggravation de la crise. Ses récentes tendances à vouloir isoler François Hollande, tout en faisant des appels du pied au centre-gauche sur la taxe Tobin montrent que la chancelière pourrait à nouveau tenter de jouer sur tous les tableaux. Au risque de l'incohérence.
 

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.