Les riches britanniques épargnés par le nouveau tour de vis budgétaire

Le ministre des Finances George Osborne présentera demain un nouveau budget de rigueur, le troisième d'affilée. Si les coupes se poursuivront dans tous les budgets publics, le gouvernement conservateur a l'intention de réduire les impôts sur les hauts revenus.
Le ministre des Finances britannique, George Osborne. Copyright AFP

Le gouvernement britannique dévoile mercredi un nouveau budget de rigueur, le troisième d'affilée. Il devrait s'accompagner d'une baisse hautement symbolique et controversée du niveau d'imposition des plus riches, comme l'avait déjà annoncé le Guardian. Pour justifier la poursuite de l'austérité, le chancelier de l'Échiquier George Osborne répète qu'il n'y a pas d'alternative à sa stratégie visant à réduire à marche forcée un déficit qui devrait encore approcher 7% du produit intérieur brut (PIB) en 2012 et 2013.

La sauvegarde du "AAA", priorité de Londres

Le ministre des Finances pourra également rappeler la récente mise en garde de l'agence d'évaluation financière Fitch Ratings sur un abaissement de la note du Royaume-Uni en cas de relâchement de la politique budgétaire. Or la sauvegarde du sacro-saint "AAA" reste pour Londres une priorité absolue afin de financer sa dette au meilleur coût.

Les nouvelles prévisions officielles divulguées mercredi devraient écarter un retour en récession, mais la croissance reste en berne, autour de 0,7% pour 2012. Faute de recettes, les coupes se poursuivront donc dans tous les budgets publics. Alors que le pays est appelé à continuer à se serrer la ceinture et que le chômage bat des records, c'est la contribution des plus riches à l'effort général qui focalise l'attention.

Le taux marginal d'imposition devrait être ramené à 45% pour les hauts revenus

Selon une décision donnée comme acquise par la presse, le taux marginal d'imposition de 50%, décidé par le précédent gouvernement travailliste sur les revenus annuels supérieurs à 150.000 livres (180.000 euros), devrait être ramené à 45%. Le Premier ministre conservateur David Cameron et son ministre des Finances répondraient ainsi à une demande pressante des milieux d'affaires, quitte à conforter leur image d'"amis des riches". En baissant l'impôt, ils estiment encourager l'esprit d'entreprise, et donc la croissance, tout en ouvrant les bras aux investisseurs étrangers.

La proposition de taxe sur les "belles demeures" passe à la trappe

Cette décision pose pourtant un sérieux problème aux libéraux-démocrates, membres de la coalition au pouvoir, qui ont placé la lutte contre les inégalités en tête de leur agenda politique. A l'issue de négociations serrées, les "libdems" semblent une fois encore avoir perdu la partie face à leurs alliés, à tel point que certains députés de base auraient menacé de ne pas voter le budget lors de sa présentation au Parlement. Le vice-Premier ministre Nick Clegg, chef des libéraux-démocrates, avait demandé en échange l'instauration d'une taxe spéciale sur les "belles demeures" de plus de 2 millions de livres. Demande rejetée par les conservateurs, car elle toucherait de plein fouet leur électorat. Le gouvernement semble finalement avoir retrouvé un minimum d'unité en approuvant une série de mesures contre l'évasion fiscale. George Osborne a promis d'être "extrêmement combatif" sur les taxes immobilières auxquelles échappent rock-stars, banquiers ou joueurs de football en établissant des sociétés offshore. Mais il n'est pas certain que cela suffise à convaincre l'opinion, à l'heure où les centres sociaux et les bibliothèques publiques ferment par centaines.

52% des Britanniques opposés à la suppression de la tranche à 50%

Selon un sondage publié dimanche, 52% des Britanniques sont opposés à la suppression de la tranche d'imposition pour les plus riches, contre 29% qui l'approuvent. Un leader syndical, Bob Crow, a même prédit "le retour des émeutes" si la mesure est adoptée. De l'avis général des experts, le plan de rigueur draconien engagé par David Cameron depuis son arrivée au pouvoir n'a encore fait connaître qu'une petite partie de ses effets. Sans équivalent parmi les grands pays européens, il prévoit 81 milliards de livres (90 milliards d'euros) de coupes budgétaires entre 2011 et 2015.

Commentaires 9
à écrit le 31/03/2012 à 22:23
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Cet article est à rapprocher de celui de l'Economist qui se permet de critiquer la France alors que la G B est à la dérive. Que les conservateurs anglais soient néo-libéraux, baissent les impôts et exonèrent les riches, ce n'est pas une nouvelle. Le ...

à écrit le 31/03/2012 à 22:23
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Cet article est à rapprocher de celui de l'Economist qui se permet de critiquer la France alors que la G B est à la dérive. Que les conservateurs anglais soient néo-libéraux, baissent les impôts et exonèrent les riches, ce n'est pas une nouvelle. Le ...

à écrit le 31/03/2012 à 9:09
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Les mecs reduisent les depenses et en meme temps reduisent les recettes.... Et le jour ou il n'y aura plus rien a reduire et que la situation sera toujours dramatique,qu'est ce qu'ils feront? Ils baisseront encore l'impots sur les riches(si il yen a ...

à écrit le 20/03/2012 à 21:16
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Cela va sauter un jour ou l'autre outre-Manche comme en 2011. La famille royale continue de mener grand train, les riches sont de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres. Le fosse se creuse de plus en plus. Cameron tire trop sur l...

le 21/03/2012 à 13:13
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Si ça pète comme en 2011, on enverra la police aller les chercher jusque chez eux et pour les foutre en toles pour 6 mois même pour des petits larcins. Faut pas se laisser emm**der par les pauvres! laissez-nous nous enrichir bon sang!

à écrit le 20/03/2012 à 10:59
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c'est normal, les trois quarts des ministres anglais sont millionnaires.... Vous vous attendiez à quoi???? Millionnaires, après nous le déluge

le 20/03/2012 à 13:36
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@najbar: c'est un truc que les Français ne comprennent pas: les lois sont faites pour protéger les intérêts de ceux qui les imposent et pas le petit peuple dont personne n'a rien à faire :-)

le 20/03/2012 à 15:53
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Najbar. Là où je me marre "un petit peu", est que l'aristocratie allemande, de 1924 à 1931, soit, bien riche car millionnaire, a été obligée, pour les femmes, a se prostituer pour pouvoir survivre et "assurer son train de vie". Soit, millionnaire est...

le 20/03/2012 à 15:54
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En dehors d'être milliardaire : point de salut !!!

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