Louer son visage pour payer ses dettes, ça rapporte

Pour payer leurs dettes, deux étudiants anglais ont trouvé une parade pour le moins originale : ils louent leur visage à la publicité. Depuis octobre, ils ont déjà gagné 35.000 euros. Et ont attiré l'attention du monde entier.
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Avec leurs jeans et leurs baskets, Ross Harper et Ed Moyse ressembleraient à n'importe quels jeunes Britanniques de 22 ans sans ces mots qui barrent leur figure: "Visage à vendre". Sur le trottoir d'Oxford Circus, haut lieu du shopping à Londres, leur présence ne passe pas inaperçue: les hordes de passants jettent des coups d'oeil étonnés à ces deux diplômés de la prestigieuse université de Cambridge.

"C'est combien?", lancent des touristes espagnols. "Cent livres" (120 euros), répond Ross Harper, ex-étudiant en neurosciences. Le prix de la location pour une journée de leurs deux visages transformés en espaces publicitaires. "Cent livres!", s'esclaffe le groupe. Ceux-là ne seront visiblement pas clients, mais d'autres sont sur les rangs pour louer les services de ces panneaux d'affichage d'un nouveau genre.

Prochaine étape : l'international

Harper et Moyse ont déjà réussi à empocher plus de 30.000 livres (35.000 euros) depuis qu'ils ont monté en octobre leur petite entreprise "Visage à vendre" ("Buy my face") pour parvenir à payer leurs emprunts d'étudiants. Et le duo entend même se lancer à l'international en mai. "Nous avons eu des manifestations d'intérêt à Hong Kong, aux Etats-Unis et dans toute l'Europe", explique Ross Harper.

Leur histoire a des allures de success story dans un pays qui compte 22% de chômeurs chez les jeunes et où même les diplômés des établissements les plus renommés ont du mal à trouver un emploi. "Nous avions des projets professionnels, mais nous nous sommes dits: le marché du travail est vraiment difficile en ce moment, pourquoi ne pas nous lancer dans quelque chose de créatif pendant un an?", raconte Ed Moyse, fort de sa formation d'économiste.

Un investissement de 120 euros pour une recette de 35.000 euros

Les deux amis, qui ont chacun dû emprunter 25.000 livres pour financer leurs études, ont eu l'idée l'an dernier de lancer "Buy My Face" en phosphorant autour d'un plat de nouilles sur des projets peu onéreux. "Nous avions déjà 50.000 livres de dettes, nous ne voulions pas beaucoup investir", relève Moyse. Cent livres (120 euros)ont suffi, de quoi acheter de la peinture pour peindre leur visage aux couleurs de leurs clients.

Depuis le 1er octobre, ils sont parvenus à "vendre" leur visage tous les jours, à des petites entreprises comme à des grandes, tel Ernst & Young. "Le tout premier jour, nous les avons mis en vente à une livre, pas vraiment un salaire royal pour des diplômés", se souvient Moyse.

7000 visites par jour sur leur site grâce au bouche à oreille

Mais grâce au bouche à oreille, leur site reçoit désormais quelque 7.000 visites par jour et ils ont pu augmenter leurs tarifs. On y découvre un calendrier bien rempli : leur visage est loué tous les jours à des entreprises, petites ou grandes. Ils arrivent à le louer jusqu'à 400 livres par jour à certains annonceurs pour lesquels ils réalisent des acrobaties susceptibles de faire parler d'eux, saut en parachute ou plongeon dans des rivières glacées.

"Notre but, c'est d'avoir de bonnes photos et des vidéos amusantes sur notre site qui puissent être vues chaque jour par des milliers de personnes", souligne Moyse.

Dans un monde où les campagne de pub en ligne font tache d'huile à toute vitesse via les sites sociaux, "humour et créativité sont des choses cruciales," souligne Patrick Barwise, professeur à la London Business School. Mais si Harper et Moyse sont "très entreprenants, je serais surpris que leur projet soit durable. Le marketing est quelque chose d'éphémère".

Un projet à court-terme

"C'est du gadget", reconnaît Harper. Les deux compères veulent d'ailleurs se lancer dans un autre projet à la rentrée, avec cette fois une vraie mise de fonds.

Mais leur succès mettra sans doute du baume au coeur des étudiants qui font face à un triplement des frais d'inscription. "Ceux qui commencent leurs études auront trois fois plus de dettes que nous à la fin de leur cursus", relève Moyse. "J'espère que notre histoire les inspirera".

Découvrez le blog de "Buy my face", avec des photos et des vidéos de leurs expériences.

Commentaires 2
à écrit le 29/03/2012 à 15:57
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Mhhh, pas certain que cela soit possible en France, les articles 16-1 et suivants du Code civil ne l'interdisent-ils pas ? Je ne suis pas spécialiste sur ce point mais cela m'évoque mes premières années de droit.

à écrit le 29/03/2012 à 6:29
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Ce sont vraiment mes compatriots. Je trouve que les français trouve que nos idées sont parfois "bizarre" mais ça marche. Comme GotaBackup qui s'est lancer en tant que PMD Sauvegarde en France.

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