Le sous-sol roumain attise les convoitises... et les polémiques

L'or, le cuivre, le gaz : les richesses du sous-sol roumain se sont invitées dans un débat qui divise la classe politique et la société roumaine. En plus des risques écologiques liés à leur exploitation, la population soupçonne le pouvoir de vendre les ressources aux étrangers en dépit de l'intérêt national.
Le village de Rosia Montana, en Transylvanie, regorge de ressources naturelles. Copyright AFP

Le président roumain a perdu patience. Fervent défenseur d'une exploitation des ressources d'or, de cuivre et de gaz de schiste du pays par des sociétés privées, il profite de toutes les occasions pour presser le gouvernement d'accélérer le processus de privatisation. "Depuis 1997, les autorités roumaines se rejettent la responsabilité à propos de Ro?ia Montan?. monsieur le ministre, si l'exploitation est faisable et si vous pensez que vous faites du bien à la Roumanie en créant des emplois, donnez rapidement l'avis requis", a-t-il rappelé au nouveau ministre de l'Environnement immédiatement après son investiture mardi dernier.

Trésor en Transylvanie

L'enjeu : quelque 300 tonnes d'or et 1 600 tonnes d'argent qui dorment sous le petit village de Rosia Montana au c?ur de la Transylvanie (nord-ouest). En 1999, la compagnie canadienne Gabriel Ressources a obtenu la licence d'exploitation et conçu le projet de ce qui pourrait devenir la plus grande mine d'or à ciel ouvert d'Europe. Mais depuis elle n'a toujours pas réussi à acquérir les autorisations nécessaires au début des travaux, notamment un permis du ministère de l'Environnement. L'exploitation nécessite en effet l'utilisation de 12 000 tonnes de cyanure par an en moyenne pour séparer la roche des particules d'or et prévoit de raser de la carte quasiment tout le village de Rosia Montana.

Défense de l'environnement


La question de l'environnement est aussi au c?ur d'un projet mené par le pétrolier Chevron. Le géant américain aimerait exploiter une partie des réserves en gaz de schiste que compte le pays. Mais la technologie de fracturation hydraulique qu'il utilise inquiète la population qui accuse les autorités de ne pas l'avoir informée. « Il existe un risque assez élevé que les nappes phréatiques soient polluées, explique le géologue Gabriel Ion. Or dans les villages, les habitants s'alimentent directement dans les eaux souterraines. »

Le traumatisme des privatisations 

Mais c'est la privatisation de la société Cupru Min la semaine dernière qui a mis le feu au poudre. La société considérée comme un « trou noir » pour l'économie roumaine par le Premier ministre, Mihai Razvan Ungureanu, exploite 60% des réserves en cuivre du pays, soit près d'un milliard de tonnes. Pour l'opposition, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. « C'est insupportable et inacceptable que de telles décisions qui ont une importance stratégique soient prises dans un manque total de transparence », a estimé le leader du parti libéral Crin Antonescu. Car derrière les risques écologiques, c'est bien la manière de procéder des autorités qui inquiète. « Les Roumains gardent en mémoire la privatisation de l'industrie pétrolière et gazière qui a été extrêmement dommageable pour le pays. Dans les clauses secrètes du contrat qui ont été connues quelques années plus tard, nous avons découvert qu'en plus du droit d'exploitation, les ressources elles-mêmes ont été vendues », explique le politologue Andrei Taranu.

L'ombre du FMI

A cela s'ajoute l'ombre du FMI qui rappelle aux Roumains les privatisations en masse des années 90. « Après que le mythe néolibéral prôné par l'institution financière eut disparu, nous nous sommes réveillés dans les années 2000 avec de la croissance, mais privés de notre industrie », ajoute l'analyste.Cette fois-ci encore le FMI est derrière la privatisation de Cupru Min. Imposée dans le cadre d'un accord préventif, la transaction a toutefois échoué en fin de semaine dernière. La société canadienne Roman Copper, qui a remporté l'appel d'offre pour 200 millions d'euros, a refusé au dernier moment les conditions imposées par l'Etat roumain. Les procédures de privatisation ont redémarré et cette fois-ci, le gouvernement a promis de jouer la carte de la transparence.


 

Commentaires 6
à écrit le 13/04/2012 à 16:39
Signaler
Le president Basescu agit comme un agent americain ou canadien. Il oublie que la Roumanie est partie de lÚE. Ce n'est pas par hasard que dans le structures du parti qu'il controle il y a beaucoup de neoprotestants avec des connexions de l'autre cote ...

à écrit le 13/04/2012 à 16:23
Signaler
Pour une fois que ce serait nous qui piquerions le cuivre des Roumains et pas l'inverse.

le 15/04/2012 à 22:01
Signaler
Que cette réflexion est IDIOTE

le 20/04/2012 à 15:25
Signaler
Je pense que guillaume pepille confond les Roumain avec une minorite qui habite en Roumanie mais aussi en Bulgarie, en Russie et en plein d'autres pays. Eh oui, ils piquent votre cuivre!heureusement, qu'ils restent en France, nourrisez ce peuple !et...

à écrit le 12/04/2012 à 18:54
Signaler
Que font des entreprises canadiennes et américaines d'extraction de ressources en Europe ?

à écrit le 12/04/2012 à 15:00
Signaler
Comme un peu partout ce ne sont plus des hommes et femmes d'état mais des mafieux qui gouvernent.Se servir est leur devise.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.